Je suis dans ma période "classique" mais je n’ai pas la verve, la
plume et la mémoire encyclopédique de notre Toon national (Je fais exprès de dire ça, je sais que ça l'énerve !) qui est le seul au
monde à être capable de te donner le nombre de notes jouées dans «4’33’’» de
John Cage (Un morceau silencieux). Alors je vais faire ça à ma sauce en
espérant que la mayonnaise prenne et en m'excusant auprès des esthètes !
Le
Concerto N°5, une œuvre de jeunesse
Vous
allez vous dire, et je le comprends, qu’est ce c’est que cet enregistrement
économique qui valait une dizaine de francs de l’époque dans n’importe quel
supermarché de banlieue ? Et bien ce disque est l'un de ceux que j’ai achetés alors que je n’avais pas dix ans et que la musique commençait à titiller mes
tympans de jeune garçon pré-pubère. Je faisais donc l’achat de ce vinyle et
aussi, dans la même collection, des concertos 20 et 23 pour piano et orchestre
du même Mozart. Vous vous dites : «Mais comment pouvait-il avoir l’argent pour
s’acheter ses disques ?» Oh ! Très facilement. Non ! Je ne
volais pas dans le porte-monnaie de ma mère, mais ma grand-mère faisait les
marchés et je l’aidais le dimanche à remballer ses marchandises (Ceintures, laines et autres cotons à canevas). Elle me donnait une pièce de 5 francs pour service rendu. Dans les années 60, avec cinq francs auprès de tes copains, tu devenais crésus, certains auraient tout
dépensé à l’épicerie du coin en bonbons, d’autres (je l’ai fait quelques fois) allaient chez le quincaillier pour s’acheter
soit une voiture Dinky Toys ou Matchbox ou encore une figurine représentant un
soldat. Mais moi, je sortais des sentiers battus depuis que j’avais mis le nez
(et les oreilles) dans la discothèque
de ma grand-mère qui était une mélomane accomplie, et après avoir écouté les
albums qu’elle possédait, je décidais de faire ma propre collection. Le premier
disque que j’achetais ne fut pas ce 5ème concerto de Mozart,
mais «Les
préludes» de Franz Liszt couplé avec
les «Danses Hongroises»
de Johannes Brahms et toujours dans une
collection économique. Mais fi de ma jeunesse folle et puis beaucoup en n’ont rien à battre comme on pourrait dire d'un sadique qui n’aurait rien à se mettre sous la main.
J’en arrive à Mozart !
Donc, quand j’écris une œuvre de jeunesse, ce n’est pas celle de Mozart qui avait 19 ans quand il l’a écrit, mais, si
vous avez bien suivi, la mienne ! Mais à la différence, je n’ai jamais écrit de concerto… ni de
concert tard d’ailleurs ! Mozart n’a que 19 ans quand il décide
que les concertos pour violon... il en a fait le tour et il compose le cinquième qui
sera le dernier. (Enfin Claude Toon qui commence déjà à ergoter m'a parlé d'un 6ème K268 de 1785 orchestré l'année suivante par Frédéric Eck, voire un 7ème d'origine douteuse... Quand je dis que le Toon, il me flique de sa science autocratique ; pff j'en sors pas). On peut le comprendre quand on sait qu’à son âge, il avait
déjà composé 3 œuvres sacrées, 9 opéras, 3 symphonies. Et en cette année 1775, il va composer ses 5 concertos
pour violon à la suite. Notre ancien Claude Toon avait déjà
parlé du concerto n°3 il y a quelques années sous les doigts de Julia Fischer, et moi je vais parler du n°5 (Pas celui de Chanel).
Dès
les premiers accords du premier mouvement (Allegro aperto), on attaque dans le bois dur, pas
de détour avec Mozart, ça passe ou ça casse !
Le violon joue à cache-cache avec l’orchestre, mais on retrouve tout le charme
du troisième concerto et sa sensibilité. La particularité du second
mouvement, le traditionnel Adagio, est qu’il fût réécrit en 1776 à la demande de Brunetti violoniste de la cour de Salzbourg. Un très
beau moment mélancolique où il n’y a pas besoin d’attendre l’arrivée du violon
soliste pour vous faire chavirer et faire vibrer votre corde sensible et c’est
avec une étonnante simplicité que Mozart vous
touche droit au cœur. Enfin le troisième et dernier mouvement (Rondeau : Tempo
di Menuetto) Une suite enchaînements. Après un premier thème
toujours égal dans la qualité, léger et printanier arrive le second comme s’il
s’agissait d’un quatrième mouvement avec une force Beethovénienne. L’orchestre
donne dans le genre Allegro Vivace et
puis l’orage passe et le premier thème revient pour conclure ce concerto.
Alexandre Gauk |
Tous
les plus grands violonistes ont joué ce concerto de Mozart, que ce soit Anne-Sophie Mutter,
la préférée de Claude : Hilary Hahn et aussi les plus anciens comme Jascha Heifetz, Itzhak Perlman et David
Oïstrakh pour une des versions que je possède. Comme me disait notre
spécialiste en musique classique, Oïstrakh était
tellement doué qu’il aurait pu jouer le concerto sur un violon de chez
Toys’R’Us. L’Orchestre Philharmonique de Moscou est dirigé par Alexandre Gauk. Un chef qui dirigera la première
mondiale de la symphonie n°3 de Chostakovitch en
1931 et aussi celle du concerto pour violoncelle de Katchaturian en 1946. Il composera lui-même une symphonie, des œuvres de chambre pour cordes et des
œuvres pour piano.
David Oïstrack |
Il existe une multitude
d’enregistrements du concerto n°5, je ne conseille pas celui que je présente qui
est surannée par sa technique (1959) malgré la virtuosité du violoniste (Surement indisponible de plus) . Il existe des versions
plus récente avec Oïstrakh, celle de 1972 où le virtuose dirige du violon la philharmonie de Berlin et proposée en vidéo. Je conseillerai plutôt les noms que j’ai cités ci-dessus ou alors celle de la petite et
charmante sud-coréenne Bomsori Kim.
Au Déblocnot, je chronique la chanson
française, le rock progressif, la BD, un peu de cinoche, un peut de délire,
alors si maintenant je dois me coller le classique, soit je demande une
augmentation substantielle soit je donne ma démission ! Non mais !
A propos de John Cage, le morceau "gag"
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=JTEFKFiXSx4
John Cage n'est pas une musique gag, pourtant quand tu vois ce pianiste le bras levé sur son piano fermé, tu te dis que Victor Borge le clown et virtuose du classique en aurait fait un gag https://www.youtube.com/watch?v=YhP6K44jOtk
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