Le nom du
personnage est presque passé dans le domaine public, c’est dire la portée de
cette série dans l’univers collectif. Et on a coutume de railler cette série,
sauf que, le premier opus est tout juste excellent ! Sorti en 1982,
réalisé par l’efficace Ted Kotcheff, c’est aussi mine de rien un des premiers
films grand public à parler du Vietnam du point de vue des vétérans.
Le sujet était tabou aux Etats Unis, à peine 7 ans après le retrait de l’armée
américaine du Vietnam - les films sur la France collaborationniste ont mis du temps à se faire, et se comptent sur les doigts d'une main de lépreux . Il y avait eu VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER (Michael Cimino,
1978) qui décryptait l’avant, le pendant et l’après-guerre, ou LE RETOUR de Hal Ashby la même année (avec et sur l'impulsion de Jane Fonda). Mais ni APOCALYPSE
NOW ou PLATOON ne parlaient de cet aspect, l’action étant sur place. Il faudra
attendre le deuxième opus vietnamien d’Oliver Stone et NE UN 4 JUILLET (1989) pour
parler de ce qu’on ne pouvait pas parler. Le film RAMBO est tiré d’un roman du
canadien David Morrell, paru en 1972, édité en France qu'après le succès du film.
Dans le roman, il s’agissait de fustiger la philosophie hippie, qui sous l’étendard peace and love, rejetait ces vétérans belliqueux qui n’avaient pourtant pas demandé à partir se battre. Cet aspect n’apparait plus dans le film, c’est même parce que John Rambo a une allure de hippie, guenille et cheveux longs, qu’il est arrêté par Will Teasle.
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Dans le roman, il s’agissait de fustiger la philosophie hippie, qui sous l’étendard peace and love, rejetait ces vétérans belliqueux qui n’avaient pourtant pas demandé à partir se battre. Cet aspect n’apparait plus dans le film, c’est même parce que John Rambo a une allure de hippie, guenille et cheveux longs, qu’il est arrêté par Will Teasle.
Lors
de la dernière scène du film, le long monologue de John Rambo avant qu’il ne
se rende aux autorités est très clair. L’homme-machine gorgé de testostérone, craque en
sanglots (je cite de mémoire) : « Là-bas j’étais entouré, aimé,
admiré, on me faisait confiance, je dirigeais des hommes, on m’en a félicité, j’étais
un héros, j’étais utile. De retour chez moi, je ne suis plus rien, les portes
se ferment, on a honte de moi ». Tout est dit en deux minutes.
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J’aime
beaucoup cette réplique. Alors que les policiers subissent échecs sur échecs,
que la situation s’envenime, un officier de l’armée débarque, le colonel
Trautman, qui a formé Rambo. Le shérif Will Teasle, vexé dans son autorité, lui
lance : « vous essayez de sauver votre poulain ». L’autre
rétorque : « Je ne viens pas sauver Rambo de la police, je viens
sauver la police de Rambo ». Excellent ! La tronche de Teasle à ce
moment, qui ne comprend pas encore ce que cela signifie. John Rambo est une
machine de guerre, le reste du film en fera la démonstration.
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Immédiatement Ted Kotcheff fait monter la tension. Pas de blabla, le film fait à peine 1h30.
Droit au but et dégraissé sur l’os. La filmographie de Kotcheff ne brille pas
spécialement de chef d’oeuvre, mais on lui doit un autre film sur le Vietnam,
RETOUR VERS L’ENFER, l’année suivante, avec Gene Hackman qui monte une équipe
de barbouzes pour retrouver son fils resté prisonnier là-bas. Pour RAMBO il est certain
qu’un Cimino aurait élevé le film dans la stratosphère avec un sous-entendu politico-social plus marqué, Kotcheff s’intéresse
davantage à l’action pure, c'est ce qu'on lui demande, et il fait le job.
J’aime
beaucoup la photo du film, qui rappelle d’ailleurs celle des premières scènes
de VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER, âpre, grisâtre, pas de couleurs franches, assombrie par la nappe de plomb des nuages. Les arrière-plans montrent souvent
ces paysages de montagne perdue dans la brume (tournage au Canada, à Hope), il fait froid, humide, ça
flotte, on patauge dans la boue de neige fondue, les pires conditions qui soient. Mais c’est aussi pour sans cesse
rappeler le terrain de chasse de John Rambo, univers hostile, on ne le voit pas, mais
il est là, tapi quelque part, prêt à surgir.
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Beaucoup de
stars avaient été approchées pour le rôle, Dustin Hoffman, Steve McQueen, De
Niro, Michael Douglas… à condition d’édulcorer le scénario, peu flatteur envers
cette Amérique triomphante (nous sommes en 1981, ère Reagan). Stallone qui était déjà une star grâce au succès des premiers ROCKY a
justement dit oui à condition d’être co-auteur et pouvoir préserver l’essence du
script. C’est tout à son honneur, et question royalties, signe d’un bon
instinct, puisque la série a eu un succès considérable.
Le shérif Teasle est joué
par l’acteur Brian Dennehy**, un colosse que j’adore, on connait tous sa tête, sa
carrure, il est génial. Acteur de théâtre avant tout, il a beaucoup tourné pour le télé. Et j’adore aussi sa veste en daim doublée en
moumoute, coutures apparentes, je vous livre un secret : je rêve de vivre
au nord canadien juste pour pouvoir en porter une ! (allo, docteur ?
est-ce que c’est grave de fantasmer sur un manteau ?). Le colonel Trautman
est joué par Richard Crenna, le rôle de sa vie, mais saviez-vous qu’il joue au
côté d’Alain Delon dans le dernier film de JP Melville, UN FLIC (1972),
amoureux de Catherine Deneuve ?
Bref, tout ça pour
dire que RAMBO est un grand film, moqué à cause des suites idéologiquement
suspectes, qui pâtissent de ce que deviendra son scénariste/interprète plus tard.
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il est un de mes films de chevet, mais un film qu’on
regarde toujours épaté par son efficacité à chaque rediffusion.
**Brian Dennehy est décédé le 16/04, à 82 ans. Mince...
*********************************************
La semaine prochaine :
- DD y est filmée par son mari
- en cette période troublée, c'était bon de rigoler un coup
- les américains en ont fait un remake
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**Brian Dennehy est décédé le 16/04, à 82 ans. Mince...
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La semaine prochaine :
- DD y est filmée par son mari
- en cette période troublée, c'était bon de rigoler un coup
- les américains en ont fait un remake
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couleur - 1h30 - scope 1:2.35
Entièrement d'accord, pour moi c'est un très grand film effectivement desservi par des suites dont la différence de niveau donne le vertige. Perso j'aurai mis au moins un clap de plus, non mais des fois!!!
RépondreSupprimerOuais ouais, bon film, mais c'est devenu une caricature.
RépondreSupprimerCrenna, c'est aussi le capitaine Collins dans La Canonnière du Yang-Tsé, avec Steve McQueen. Je crois d'ailleurs que c'est le seul film dans lequel McQueen meurt à la fin.
Crenna joue aussi dans Le Solitaire de Fort Humboldt, assez flippant, avec Charles Bronson, vraiment bien!
Pour la semaine prochaine, y'aurait pas Ginger Rodgers qui jouerait dans le remake?
Y'a Ginger Rodgers dans le remake...
RépondreSupprimerPlutôt caricatural en effet. Pour la veste tu devrais en trouver dans une boutique spécialisée "rétro" (une friperie quoi LOL!)
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