Nema pédale
comme une forcenée sur son vélo d’appartement. Bel équipement qui permet de
simuler des côtes et de suivre sur un écran les efforts fournis. Sonia,
charitable, lui tend une gourde d’eau et lui dit :
- T’es
bientôt arrivée au sommet de ton fichu col ?
- Heu, heu…
non… presque… plus que 12 km…
- Mais
pourquoi cette passion soudaine pour le vélo ?
- Je… voulais
voir… si… heu, heu c’était si dur que ça, le vélo en montagne…
Sylvie Baron |
Pour me détendre, je viens en effet de terminer la
lecture d’un roman intitulé « le Cercle des
derniers libraires ». Confinés comme nous le sommes, sans librairie
d’ouverte, est-ce bien raisonnable de faire l’éloge de ces boutiques de
proximité qui assurent un lien social agréable entre gens qui se passionnent,
parfois pour des histoires à dormir debout ?
Adrien Darcy est un
sportif de haut niveau, un cycliste, qui malheureusement a eu un grave accident
de la route. Comme il est également journaliste à La
Montagne et qu’il commence à se remettre, le rédacteur en chef de ce
quotidien régional, Charles Batifol,
lui propose de faire un papier d’investigation autour de trois faits divers
pour le moins surprenants : trois libraires morts, tous les trois un 20 du mois
(août, septembre, octobre) et dans la même région (Brioude
en Haute-Loire, Aurillac dans le Cantal et Chamallières
dans le Puy de Dôme). A priori des morts accidentelles ou qui, en tout
cas, n’ont pas de liens entre elles. Adrien
n’est pas très content de ce type de mission, très loin du domaine sportif, il
rechigne un peu mais il y va. Et c’est tant mieux pour nous.
Arrivée à Saint-Flour
en voiture, en plein brouillard et pluie d’automne. Douleurs un peu partout.
Mais les clochettes qui teintent à l’ouverture de la porte de la jolie petite
librairie « Les livres penseurs », aident notre héros
endolori à pénétrer dans un monde qui n’est pas trop le sien : celui de la
lecture et de la passion pour les histoires, les romans, les guides, les bandes-dessinées…
La première prise de contact avec Emma
Pélissier, la jeune libraire au rire facile et franc, n’est pas simple.
Pourquoi ce journaliste inculte veut l’interviewer ? Au fil des pages leur
relation s’améliore nettement même s’il y a des doutes, des hauts et des bas,
car les deux ont des caractères assez forts. Ils vont partager le même but :
comprendre s’il y a ou non un lien entre les trois morts et si il pourrait y en
avoir d’autres. « A bookseller
serial killer », on dirait le
titre d’une série américaine…
Saint-Flour place de l’église |
Le Cercle des derniers libraires est une
association crée par Emma. Elle
réunit quelques dizaines de libraires de quartiers, dans la région Centre Auvergne mais pas seulement,
passionnés par leur métier et ayant des idées pour faire vivre leurs boutiques.
Mais on s’aperçoit qu’il y a peut-être bien quelqu’un qui n’est pas pour ce
genre de lieu, car les morts font tous partie de ce Cercle. Nombreuses seront les
pistes : un ardent défenseur de la vente en ligne ? Un écrivain dépité et
jaloux ? Une vengeance ?... Adrien
rend visite à ces libraires, explique sa démarche d’investigation, apprend
comment on gère une librairie et découvre un univers qui lui était totalement
étranger.
Finalement notre héros se transforme petit à petit en détective privé. Pas vraiment d’indices, des alibis qui vont qui viennent. Compliquée toute cette affaire. Par exemple, il y a la voiture d’Emma, une petite fourgonnette blanche qu’elle n’hésite pas à laisser à la disposition de quelques amis, la même fourgonnette semble-t-il que celle impliquée dans l’accident mortel d’un des libraires... Il faudra être bien attentif, le moindre détail compte, jusqu’à quelques odeurs particulières. Mais chut, il ne faut rien révéler. Il y aura donc des morts, un vol, un début d’incendie, un chien ou plutôt un chien et une chienne, une fête des libraires, une foire de terroir, des aller-et-venues entre Saint-Flour, les villes des libraires, Clermont-Ferrand où Charles attend des nouvelles.
Plein d’entrain, ce roman nous emporte allègrement
dans des paysages qui font envie et des lieux chaleureux. Et au passage, il y a
quelques petites spécialités culinaires comme truffade
et aligot qui vous feront saliver. Si Emma et Adrien ont des personnalités fortes, ce ne sont pas les seuls. Vous
découvrirez Elisabeth une libraire
aux idées bien arrêtées, Gilbert un veuf
de libraire pas si inconsolable que l’on pourrait le croire, Hubert le libraire « marchand de soupe
» et bien d’autres personnages vivants et hauts en couleur.
Sylvie Baron est née
en 1956. Après une carrière d’enseignante et de co-auteur de livres scolaires,
elle s’est orientée vers l’écriture de romans et s’est installée en Auvergne.
Plusieurs de ses œuvres ont reçu des prix. Elle aime visiblement nous concocter
des romans policiers, un peu dans le style Agatha Christie…
Bonne lecture et, dès que vous le pourrez, faites
un saut chez votre libraire de proximité…
Editions De Borée
256 pages
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