mardi 28 avril 2020

BLACK UHURU - LE REGGAE ROCK - par Pat Slade




Quand on parle de Reggae, l’image Du roi Bob Marley vient de suite à l’esprit et pourtant la Jamaïque n’a pas donné que cette légende, Burning Spear, Peter Tosh, Toots and the Mayals, Jimmy Cliff et autre U Roy ont donné les lettres de noblesses à cette musique qui fleure bon la ganja ! Mais j’ai toujours eu un petit faible pour le trio de Black Uhuru.




Black Uhuru le Reggae en liberté






En cette période troublée et troublante où la quarantaine nous oblige à rester cloîtrés telles les religieuses de l’ordre du Carmel, il faut chercher à s’occuper sans rester dans l’oisiveté et la contemplation. Alors vite : un peu de soleil jamaïcain pour égayer nos mornes journées.


Pourquoi «Le Reggae en liberté» ? Parce qu’Uhuru veut dire «Liberté» en langue Swahili. Black Uhuru est un groupe qui a maintenant beaucoup d’années d’existence puisque il fut formé en 1972 un an avant que Bob Marley ne sorte son album «Catch a Fire» avec sa fameuse pochette zippo (Que je possède !). J’ai découvert Black Uhuru un peu par hasard en 1982 après avoir acheté l’album «Reggae Sunsplash ’81 A Tribute To Bob Marley» un festival de Reggae en Jamaïque qui depuis 1978 recevra les plus grands noms du genre. Il disparaîtra en 1999 pour réapparaître en 2006. Mais Black Uhuru fait du roots reggae, un reggae militant qui traite de la vie de tous les jours.

Derrick "Duckie" Simpson
Black Uhuru ? C’est avant tout Derrick «Duckie» Simpson et son groupe. Il est militant pour la cause rasta et l’émancipation de la jeunesse noire opprimée partout dans le monde. Baptisé The Sound of Freedom il est composé de Ervin «Don Carlos» Spencer et Rudolph «Garth» Dennis et du patron Derrick «Duckie» Simpson. Mais ses deux comparses vont vite le lâcher. Le groupe, renommé Black Sounds Uhro est rejoint par Michael Rose. Un album verra le jour en 1977 : «Love Crisis» qui, avec le titre «I Love King Selassie» restera un classique dans l’histoire du roots. 


Mais la réelle alchimie du groupe et leur notoriété se fera avec l’arrivée de Sandra «Puma» Jones membre des Mama Africa pour soutenir la voix et la personnalité affirmées de rude boy de Michael Rose, mais les deux recrues de poids, si l’on peut dire, sont incontestablement Sly Dunbar et Robbie Shakespeare l'une des sections rythmiques les plus renommées. Un premier album en 1979 «Showcase», mais le second «Black Uhuru»  l’année suivante sera le déclencheur de la machine à succès avec des titres comme «Guess Who's Coming To Dinner», «Plastic Smile» et «Shine Eye Gal».

"Red"
En mai 1981 la planète reggae est endeuillée, le roi Marley est mort. Les prétendants à la couronne ne manquent pas, mais un album appelé «Red» écrit en petit avec Black Uhuru en gras va faire la différence. Look agressif, veste de cuir, casquette, bandeau, veste en jean, nous sommes loin de l’iconographie cool du rasta. Black Uhuru vient d’inventer le reggae roots rock, un reggae qui va parler autant aux babas qu’aux punks et au delà de la virtuosité des musiciens et de leurs looks, le message de leurs compositions va faire mouche. En 1982 l’album «Chill Out» va plus loin que «Red» dans la fusion du reggae avec le rock et la soul.

Rose - Robbie - Sly
L'ambiance de leurs concerts reste difficile à reproduire sur un album, «Tear It Up», enregistré la même année au  Rainbow Theater de Londres, nous donne une idée mais ne rend pas pleinement l’impact du groupe sur scène.

Le drame va intervenir en 1990 avec le décès de Puma Jones des suites d’un cancer. Ce sera la fin de la période la plus glorieuse et la plus créative du groupe. Derrick «Duckie» Simpson reforme le Black Uhuru original avec Don Carlos et Garth Dennis pour l’album «Now», mais la mayonnaise ne prend pas. En 1995, le groupe se sépare à nouveau. Les trois acolytes iront même jusqu'à se déchirer devant les tribunaux pour savoir qui aura le droit à l'utilisation du nom de Black Uhuru. Duckie Simpson ne renonce cependant pas et continue de porter Black Uhuru, il va essayer de revenir à la formule des années 80 avec deux voix masculines et une voix féminine, l’album «Unification» en 1998 sera relativement bien accueilli. Le dernier album en date «As The World turns» en 2018 passera pratiquement inaperçu. Il n’y aura jamais de retour au premier plan ; en live, ils se présenteront sous l’appellation comme Black Uhuru featuring Sly & Robbie. Michael Rose a effectué un retour scénique avec le groupe, qui s’est rebaptisé Black Uhuru featuring Michael Rose, mais la magie n’existe plus.  




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