Le classique s’est toujours acoquiné avec tous les genres de
musique… à moins que ce soit les autres genres qui aient des accointances avec
lui, et le jazz ne déroge pas à la règle.
Seiji Ozawa, Marcus Roberts, le duo gagnant.
Tous
ceux qui connaissent mes goûts en matière de musique classique savent que j’ai
beaucoup d’admiration pour le chef japonais Seiji Osawa,
le maestro qui détient le record de longévité au sein de l’Orchestre
Symphonique de Boston avec 29 années de baguettes (Il bat le chef Russe Serge Koussevitzky de 4
ans). Un chef avec du charisme,
toujours souriant, pétillant, qui sait déchaîner les foudres dans ses
interprétations, qui ne tient pas en place sur son estrade et qui s’amuse comme
un gosse au vues de certaines vidéos.
Comme chaque année, un soir
de juin 2003 dans le parc de Waldbühne,
le théâtre de verdure de Berlin, des milliers de personnes vont se déplacer
pour écouter le Berliner Philharmoniker et le Marcus
Roberts Trio dans une soirée consacrée à Georges Gershwin. Marcus Roberts est
un pianiste aveugle depuis l’âge de cinq ans. Il commencera à étudier l’instrument
à 12. Son style est enraciné dans un jazz traditionnel du passé comme Fats Waller ou Bill Evans.
Entre le ragtime, le piano stride, il aura plutôt tendance à jouer du Scott Joplin («L’Arnaque») ou du Duke
Ellington. Mais il est aussi un compositeur reconnu. En 2013 l’Orchestre Symphonique d’Atlanta
lui passera une commande et il composera son «Spirit of the Blues : Piano
Concerto en ut mineur». En 2012 il fonde The Modern Jazz Génération, il sera le directeur
artistique associé du Savannah Music Festival ainsi
que directeur du concours annuel de fanfare du lycée Swing Central. Il
fait partie de la faculté de l'État de Floride. En 2012 il va crée le Marcus Roberts Trio.
Depuis longtemps, on sait que Seiji Ozawa est
attaché à la musique américaine, n’oublions pas qu’il a fait ses classes auprès de Leonard Bernstein dans
les années soixante au New York Philharmonic et
surtout il affectionne Georges Gershwin, c’est le compositeur qu’il a choisi en 2002 pour
son concert d’adieu au Boston Symphony Orchestra et il avait également choisi
le pianiste de jazz Marcus Roberts.
Et en ce soir de 2003, Ozawa
a convié Marcus Roberts à faire le bœuf avec
lui. Nous sortirons d‘une musique classique conventionnelle pour une
interprétation jazzy de ces partitions archi-connues. «Un américain à Paris», «Rhapsody in blue»
et le «Concerto
pour piano
en fa majeur» et la combinaison insolite entre le talentueux
trio de jazz et le Berliner Philharmoniker donne un spectacle vigoureux et
bourré d’énergie. Je ne pense pas que ce mélange aille à l’encontre de l’esprit
de Gershwin même si, à l’époque, on lui avait
reproché d’être le roi du jazz blanc plutôt petit bourgeois qui aurait exploité
les racines noires de la musique héritée de l’histoire de l’esclavage et quand
un chef japonais fait entrer un trio de jazzmen survolté et black de surcroit,
il fait indiscutablement avancer le débat.
«Un américain à Paris» sera fidèlement rendu par le maestro, pour «Rhapsody in Blue» le trio entre en scène, s’approprie
et réinvente la partition. Dès la deuxième minute, le trio part dans une
improvisation délirante jusqu'à reprendre le train en marche quatre minutes
plus tard. Le batteur Jason Marsalis et le
contrebassiste Roland Guérin
assure un max derrière leur leader. Mais à ne pas mettre entre les oreilles des
puristes de Gershwin qui n’entendront qu’une
cacophonie. Il est vrai que tu as l’impression que Marcus
Roberts par carrément en free style se foutant royalement de l’orchestre
et de la partition devant un Seiji Osawa songeur
face à ce pianiste de talent alors que lui-même du abandonner cet instrument
après, étant enfant, s’être cassé le petit doigt en jouant au football.
La suite sera des pièces courtes
du compositeur américain comme «Strike up the band» et surtout un «I got Rythm» de toute beauté ou Osawa, assis sur son
estrade, s’amusera à jeter un œil sur la dextérité du contrebassiste
pendant son solo. Roberts y jouera une de ses
compositions «Cole after Midnight». La soirée se terminera par «Berliner Luft» du
compositeur Allemand Paul Lincke le père de l’opérette
berlinoise où le public pourra participer comme avec la « Marche de
Radetzky» de Johann Strauss père.
Si le
programme vous intéresse, vous pourrez le retrouver sur un DVD (ref.2053098) réalisé par Andreas Morell chez Euroarts une enseigne spécialisée
dans la réalisation de film sur la musique classique.
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