- Mais !
M'sieur Claude, Herschel n'était-il pas un astronome ? D'ailleurs vous avez mis la
photo d'une belle planète bleutée…
- Oui Sonia,
un grand savant qui a découvert Uranus et plein d'autres secrets du cosmos,
mais comme nombre de figures du siècle des lumières il était aussi compositeur…
- Il y a
vraiment des surdoués… Quelle époque et quel genre de musique… pas trop
métaphysique et sidérale j'espère, hihihi…
- Non des jolies
symphonies classiques entre autres, contemporaines de celles des jeunes Mozart
et Haydn, une musique fraîche et divertissante qui méritait une résurrection…
- Hum,
Chandos en est l'éditeur, est-ce encore disponible au catalogue ? C'est le
point faible de ce label anglais si mes souvenirs sont bons.
- Vous
commencez à en connaitre un rayon Miss Sonia… En CD, quasiment disparu même en
occasion, mais disponible en MP3…
William Herschell (1738-1822) |
Il est amusant de constater que Herschell
a débuté dans la vie comme musicien et compositeur avant de se passionner pour
la cosmologie ! Ô ce monsieur n'est pas le seul à avoir pratiqué l'art et la
science, Borodine était chimiste, Charles-Valentin Alkan, pianiste et
virtuose français du XIXème pratiquait le clavier et l'éprouvette lui aussi. Iannis Xenakis était un musicien novateur
mais aussi ingénieur et architecte proche de Le Corbusier… Bartók
et Boulez étaient mathématiciens, les exemples
sont innombrables… Cela dit, Sonia a bien réagi, chez Herschell,
l'astronome a éclipsé (c'est le cas de le dire) le compositeur. L'inverse est
plus fréquent, c'est le cas pour les artistes cités…
Pour ceux qui ont la tête dans les étoiles, Herschell a découvert Uranus – invisible à
l'œil nu – après avoir construit de ses mains des télescopes plus puissants que
les lunettes de Galilée. L'astre était connu en tant qu'étoile… La 7ème
planète, la première découverte depuis la Grèce antique, fut nommée Georgium
Sidus en honneur de son mécène, son altesse royale George III. Evidemment, ce
choix divise le monde scientifique européen ; de tergiversations en suggestions
farfelues, cette nouvelle planète encore bien mal connue à l'époque recevra le
nom du père de Saturne, lui-même fils de Jupiter. Un peu logique non ? On
apprit plus tard que, comme sur la photo, cette planète accueillante a,
contrairement à la terre et ses copines, un axe de rotation à 90°, elle
"roule" sur elle-même tout en ayant des "années" de 84 ans…
- Ô que oui,
des vents de 900 km/h, une atmosphère qui pue le pet de vache et l'œuf pourri,
- 210°, ça caille là-haut mon petit, prévoir des slips à cols roulés 😅…
- Ah oui pas
top… Mais comment vous arrivez à savoir tant de choses M'sieur Claude ?
- C'est le
propre des gens nés sous le signe du Scorpion parait-il, ils sont curieux de
tout sans forcément être très experts… Et vous c'est quoi votre signe du
zodiaque…
- Hum… Vierge
! Et par pitié, pas de commentaires débiles, je suis un peu tranquille à ce
sujet depuis le départ de M'sieur Rockin, ne reprenez pas le flambeau…
Autres découvertes et inventions : un télescope de 6m
mais, construit en bois, ses performances sont modestes. Herschell
découvre pourtant plein de choses : l'atmosphère de Mars et ses deux pôles de
glace, deux satellites d'Uranus et deux nouveaux de Saturne, des volcans sur la
Lune (un problème de réglage sans doute, l'avenir infirmant cette observation
pittoresque). Et comme si cela ne suffisait pas, grâce à un télescope géant de
12m, à partir de 1800, il pose l'hypothèse des galaxies distinctes, met en
évidence la lumière infrarouge, et enfin les étoiles multiples… En résumé et
j'arrête là, notre symphoniste pose les bases de l'astronomie moderne. D'autres
Galaxies ? Le Vatican a du faire des cauchemars😆)*. La
chronique scientifique voit le jour dans le blog !
(*) Galilée a été réhabilité par l’Église le 31
octobre 1992. Et on se plaint des lenteurs administratives en France, Jean-Paul II
prononce ce jour-là un discours devant l’Académie pontificale des sciences qui
réconcilie la position de l’Église catholique avec les découvertes de Galilée
en 1633. (11 ans d'enquête depuis 1981).
- Sonia,
arrêtez de vous marrer ! Parlons musique maintenant.
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Herschell connaît
une belle longévité pour l'époque, 83 ans. En fait, il est d'origine allemande
car né à Hanovre en 1738. Il partira
en 1756 en Angleterre pour toujours avec
son frère ainé pour fuir les sempiternelles guerres de l'ancien régime et leurs
horreurs qui l'écœurent.
Matthias Bamert |
Pendant sa jeunesse, Herschell reçoit son éducation musicale de
son père, violoniste et hautboïste militaire. Sa formation musicale lui permet
de se faire une place au Royaume-Uni : copiste musical à Londres pour débuter. Puis,
en 1758, il dirige les concerts
d'Édimbourg avant de devenir organiste à Halifax en 1766, puis à Bath l'année suivante. Mais les cieux deviennent sa
passion, la musique passe au second plan pour ne pas dire plus. Son œuvre,
sympathique mais mineure en plein âge classique où des pointures comme Mozart, Haydn,
C.P.E Bach dominent le monde musical, sera
vite oubliée et ne fera son retour qu'à la fin du siècle dernier grâce à Matthias Bamert, maestro passionné par les
petits maîtres négligés du XVIIIème siècle.
On doit à Matthias Bamert
le retour du maigre catalogue des œuvres composées entre 1759 et 1770 (date de la
naissance de Beethoven, quant à Mozart il a 14 ans). En tout et pour tout
: 24 symphonies, une douzaine de concertos (violon, alto, hautbois, orgue),
des sonates pour clavecin et de la musique religieuse (Source Wikipédia). La
comparaison des symphonies avec celles de Haydn
de cette époque est très hasardeuse voire injustifiée. Ce dernier traverse sa
période stylistique inspirée par le mouvement Sturm
und Drang ("Orage et Passion").
Les prémices du romantisme s'insinuent dans les Symphonies
N°44 "Funèbre", N°45
"Les
adieux" et N°49
"La
passione" du compositeur autrichien. (Index)
Oui hasardeux, les symphonies de Haydn
durent une vingtaine de minutes et comportent quatre mouvements. Avec seulement
trois mouvements et une douzaine de minutes, une orchestration où dominent les
cordes, nous sommes chez Herschell
plus proches des divertimentos de jeunesse de Mozart
ou des sinfonia de C.P.E Bach, en un mot : de
la musique galante de divertissement dénuée d'intention métaphysique. Le
rapprochement avec les symphonies de Johann Baptist Vanhal,
également enregistrées par les London Mozart
players, est plus pertinent, même si Vanhal
a été plus sensible au lyrisme Sturm und Drang.
(Clic)
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Londres en 1762 (William Marlow) |
Symphonie N°14
en do majeur :
Orchestration : 2 flutes, 2 hautbois, 2 cors, (timbales),
clavecin et cordes. Création : le 14 avril 1762.
1 - Allegro
assai : une introduction de forme sonate rigoureuse,
trépidante, avec un court et charmeur solo de violon répété de-ci de-là… Non,
ce n'est pas d'une folle originalité mais c'est cool, jolis solos de hautbois
puis des cors à [3:30]. Musique idéale pour se mettre en train les petits
matins grisâtres comme ces temps-ci.
2 - Andante : [5:01] Une ballade au
crépuscule à l'accent martial.
3 - Adagio -
Allegretto : [8:25] Un adagio de quelques notes précède un
virevoltant allegretto caractérisé par une fanfare des cors et un dialogue
pastoral des flûtes.
Symphonie N°12
en do majeur :
Orchestration : 2 hautbois, 2 cors, (basson), clavecin
et cordes. Création : en décembre 1761.
1 - Allegro
Assai : Très enjoué, les trilles sont omniprésents dans le
récit musical de l'allegro. [1:11] La reprise moins allègre suggère une
certaine noblesse jusqu'à l'énoncé d'un duo violon-violoncelle où les deux
instruments semblent se courtiser [2:19]. Le motif de ce duo charpente comme un
leitmotiv tout l'allegro.
2 - Andante non molto : [4:29]
L'andante propose une ligne mélodique élégiaque teintée de nostalgie. On
ressent une alternance entre amertume et méditation.
3 - Allegro
Assai : [6:45] Contrairement à celui de la 14ème symphonie, très bref,
l'allegro écouté représente à lui seul la moitié de l'ouvrage. Le tempo est plus
sage. Herschell révèle une
imagination plus marquée, une orchestration contrastée, le souci d'alterner
plaisanterie et élégance (mondanité ?) dans ce final à la construction plus originale dans le parcours du compositeur-astronome.
Pour ceux qui souhaiteraient écouter une sélection de
six symphonies, rendez-vous avec une autre vidéo YouTube qui reprend
l'intégrale de ce bien charmant CD animé sans excès volubiles ou symphoniques
de la part de Matthias Bamert (Clic).
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