vendredi 24 janvier 2020

CAPRICORN ONE de Peter Hyams (1977) par Luc B.



Hal Holbrook
Bon soyons honnête, ce n’est pas le film de l’année 1977, il y avait cette année-là comme disait Cloclo LA GUERRE DES ETOILES de George Lucas ou ANNIE HALL de Woody Allen, selon les goûts. Mais CAPRICORN ONE n’en reste pas moins un film intéressant, car à la croisée de différents genres. Il est réalisé par Peter Hyams, un solide technicien, auteur du très bon OUTLAND (1981) avec Sean Connery, dont il faut que je vous parle un jour, remake SF inavoué du TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS, ou de 2O1O qui faisait suite à vous savez quoi (car on n’est pas passé de 2OO1 à 2OO2 cela aurait été trop simple).  Une carrière moins glorieuse ensuite avec divers métrages Jean Claude Vandamesques.  
Dans mes chroniques cinéma, j’essaie toujours de remettre le film dans son contexte, sa thématique. Dans les années 70, aux USA, il y avait les thrillers à tendance complotiste, on a causé ici de MARATHON MAN de John Schlesinger, LE DOSSIER ANDERSON de Lumet (l'index des films dans le menu n'est pas fait pour les manchots). On pourrait citer LES TROIS JOURS DU CONDOR de Pollack, LES HOMMES DU PRÉSIDENT, CONVERSATION SECRETE de Coppola… On y dénonçait les magouilles du gouvernement pour mettre aux ordres les honnêtes citoyens. Arrivé sur les écrans un peu après la bataille, CAPRICORN ONE remet les pieds dans le plat ! 

A l’heure où l’on parle sans arrêt de fake news chères à Donald le Trump, le film de Peter Hyams bat tous les records. C’est aussi un film de spectacle, un divertissement bien foutu, avec quelques traces ADN du Nouvel Hollywood, la présence d’Elliott Gould n’y est pas étrangère (quand il jouait LE PRIVE sous la direction d’Altman). On pense aussi à LA PLANETE DES SINGES, avec les scènes d’astronautes en plein désert. Un bon gros mille feuilles…
Mais de quoi donc cause-t-il donc, ce film ?
La NASA est en surchauffe. Elle s’apprête à lancer le premier vol habité vers Mars. Trois astronautes dans une capsule pour 259 jours de voyage, une paille comparée au trajet Alésia-Chatelet pour les parisiens, avec option travaux/grève. Images classiques de la salle de commandement, les experts, les journalistes, les familles des héros. Mais à deux minutes de la mise à feu, les trois astronautes sont priés de descendre de leur capsule et sont confinés au secret. Y’a eu un bug. Annuler le lancement serait un revers technologique et politique dont personne ne veut. La capsule partira vide, et pour la retransmission des premiers pas de l’homme sur Mars, une reconstitution en studio fera l’affaire… Sauf qu’un technicien NASA a un sérieux doute… « Quand ils parlent depuis l’espace, la fréquence est bizarre, on a l’impression qu’ils sont tout près » se confie-t-il à son pote Robert Caulfield, journaliste.  
S. Waterson, J. Brolin, OJ Simpson
Ce film renvoie à un excellent et jubilatoire vrai-faux documentaire de William Karel, OPERATION LUNE (2002) qui explique avec moult détails et entretiens de spécialistes que l’Homme n’a jamais marché sur la Lune, les images de juillet 69 ayant été tournées en studio par Stanley Kubrick, à la demande du gouvernement. Pourquoi Kubrick ? Parce que 2OO1 était très réaliste dans ses effets spéciaux, il était l’homme de la situation. Pour son silence, la NASA lui aurait promis de lui refiler un objectif photo ultra-sensible capable de filmer à la seule lueur de bougies, dont il se servira pour BARRY LYNDON. Ce qui est vrai, pour l’objectif de la NASA, mais pas pour ces raisons-là !
Combien de gens aujourd'hui remettent en cause l'alunissage du 21 juillet 69 ? On apprendra bientôt que l'Homme n'a jamais vécu sur Terre...
Elliott Gould
CAPROCORN ONE illustre donc la puissance de la communication gouvernementale, détaille points par points un mensonge d’état, ou comment faire croire à une nation entière un fait qui ce n’est jamais passé. La scène clé réside dans cette retransmission en direct des astronautes, de retour dans l’atmosphère terrestre. Leurs femmes sont invitées à leur parler. Le commandant Charles Brubaker menace de cracher la vérité sur les ondes. Le chef de la mission, James Kelloway a le doigt sur l’interrupteur. A la moindre incartade, il coupe de signal radio. Brubaker, hésitant, dit à sa femme qu’à son retour il aimerait emmener son fils visiter de nouveau un décor de cinéma, une promesse faite au gamin. On voit clairement sa femme dubitative. Détail qui n’échappe pas à Robert Caulfield, qui se repassera la séquence en boucle. Quel message l’astronaute voulait-il faire passer ?
Comme on est dans un thriller, Robert Caulfield va donc enquêter. Complot, paranoïa, tentative de meurtre, il échappe à tout. Son ami et indic de la NASA a disparu, semble ne jamais avoir existé. Excellente scène où Caulfield se rend à son domicile où une femme prétend y habiter depuis des lustres, le registre du proprio faisant foi. Là où le scénario est diabolique, c’est que la capsule (vide) prend feu dès l’entrée dans l’atmosphère. Le bouclier thermique était naze. Officiellement les trois héros de la nation sont donc morts. Sauf qu’ils sont bien vivants…

Ca rappelle cette autre fake-new complotiste, aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre. Soit, mais les 120 passagers qui avaient acheté un billet, étaient montés dans l'avion... ben ils sont passés où ?   
Peter Hyams est très habile lorsqu’il filme l’évasion des astronautes, il a le sens du cadrage, le sens de l’espace dans les plans larges, pour filmer les trois hommes dans le désert du Nevada pourchassés par des hélicos, qu’il filme comme de gros insectes prédateurs, comme ce plan de Peter Willis gravissant une montage, escalade harassante sous un soleil de plomb, conclue par un travelling arrière-toute oppressant. Les poursuites aériennes possèdent le bon dosage d’adrénaline.
En parallèle Peter Hyams marque à la culotte le journaliste détective Robert Caulfield dans ses investigations, qui s’intéresse particulièrement à la femme de Brubaker, (Brenda Vaccaro) et cette sortie en famille promise à leur fils. Il y avait effectivement un message caché dans l’intervention du commandant…
Servie par une distribution fameuse, Eliott Gould en tête, la moue insolente, clope vissée au bec, une ribambelle de seconds couteaux habitués de ces productions (Hal Holbrook) mais aussi Telly Kojak Savalas, Sam Waterson, O.J. Simpson, Karen Black, Brenda Vaccaro vue dans MACADAM COWBOY.
CAPRICORN ONE aurait sans doute gagné à être signé par un réalisateur plus pointu, mais c’est du bon boulot, efficace, très marqué 70’s esthétiquement, ce qui ne gâte rien.
couleur  -  2h00  -  scope 1 :2.35  

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