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Qu’en
reste-il sur grand écran ? Hélas pas grand-chose. Mais il fallait s’y
attendre. Ceux qui connaissaient les personnages n’en ont retrouvé que de
vagues esquisses. Ceux qui les découvraient n’ont vu que des coquilles
vides. Forcément. Plus de 2600 minutes à la télé, 120 au cinéma. Si vous chaussez
du 44, vous n’achetez pas du 38. Dans la série, les personnages évoluent avec le temps, c'est tout l'intérêt. Sur grand écran, ils sont figés, monochromes.
Les maîtres des lieux, Robert Crowley, comte de Grantham, et sa femme Cora passent par hasard sur l’écran, tout juste des seconds rôles. Leur fille Edith Crowley, femme de conviction, célibataire malgré elle, qui se bat pour la cause des femmes en travaillant (ce qui ne se faisait pas dans son monde) écrivant dans un journal... Elle est résumée à une bonne épouse, dépendante de la carrière de son époux, transparente. #Edith ! Chez les domestiques, il y avait Thomas Barrow, odieux et arriviste, personnage complexe, torturé par son homosexualité qu’il refoulait à coup de martinet. Et qui nous revient danser la gigue dans un dancing homo clandestin.
Les maîtres des lieux, Robert Crowley, comte de Grantham, et sa femme Cora passent par hasard sur l’écran, tout juste des seconds rôles. Leur fille Edith Crowley, femme de conviction, célibataire malgré elle, qui se bat pour la cause des femmes en travaillant (ce qui ne se faisait pas dans son monde) écrivant dans un journal... Elle est résumée à une bonne épouse, dépendante de la carrière de son époux, transparente. #Edith ! Chez les domestiques, il y avait Thomas Barrow, odieux et arriviste, personnage complexe, torturé par son homosexualité qu’il refoulait à coup de martinet. Et qui nous revient danser la gigue dans un dancing homo clandestin.
Et
Tom Branson. Ancien chauffeur, devenu un des gendres, irlandais, républicain,
socialiste. De quoi mettre un peu de piment dans cette royauté. Si son origine
est rappelée, son coup d’éclat dans le film est de sauver in extremis le roi George
V d’un attentat. Hop, ripoliné le socialo ! Il n'est pas insensible aux charmes d'une servante... qui rassurez-vous est en réalité de sang noble ! L'intrigue du film tient en cela : 1927,
George V et la queen Freddy, euh non Mary, sont attendus à Downton Abbey, pour y passer la nuit.
Grande effervescence du petit personnel, alors que la famille royale débarque
avec ses propres majordomes et cuisinier (un français caricatural à souhait). Pas
d’intrigues réelles, juste un cadre permettant de faire évoluer les nombreux
personnages.
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Exemple avec le pauvre Molesley, personnage attachant, sensible, premier valet de pieds contraint de revoir sa condition dans la série, est ici réduit à un numéro de clown. Et où sont passées toutes les recettes de cuisines appétissantes de la truculente Miss Patmore, la cuisinière en chef, dont les élaborations culinaires étaient filmées avec gourmandise ?
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Les
violons majestueux de John Lunn résonnent toujours, mais quid de la mise en
scène ? Plans de drone sur le magnifique domaine, on est passé au format
scope, mais la réalisation ne dépasse pas le niveau de la série télé. Décors,
costumes, accessoires, tout est nickel. Encore fallait-il les transcender à l’image.
C’est joli, mais c’est plat. J’imaginais d’amples mouvements de caméra, plans
séquences embrassant la distribution. Peau d’zob ! Michael Engler, qui avait
déjà réalisé quelques épisodes, comme certains de DREAM ON, SIX FEET
UNDER, SEX AND THE CITY n’est pas Robert Altman, ni Renoir ou Ophuls. Tout est très académique, l'argenterie brille, parfaitement alignée sur la nappe. Mais aucune
prise de risque.
On
en revient à mes premier propos. Comment réussir une adaptation cinéma d’un feuilleton télé. Comment contenter les adeptes et les nouveaux venus ? C’est
presque impossible. Ce n’est pas pour rien qu’il y a la télé d’un côté, et le
cinéma de l’autre. Et ce, sans aucun jugement de valeur. Juste que ce sont deux
formats incompatibles.
Vous
imaginez un film LES SOPRANOS ? Un film GAME OF THRONES ? Un film DALLAS ou DYNASTIE, pour ne prendre que des feuilletons, où les épisodes et saisons se suivent ? Car en termes de séries "unitaires", c'est plus simple : CHAPEAU MELON, AGENTS TRÈS SPÉCIAUX, STAR TREK, SEX AND
THE CITY, ABSOLUTY FABULOUS, LES MYSTÈRES DE L’OUEST, STARKY ET HUTCH... sont passés du petit au grand écran avec plus ou moins de bonheur. DEUX
FLICS A MIAMI et LE FUGITIF étaient particulièrement réussis. Sans oublier BOB L'EPONGE !
Parfois
dans les séries télés, les producteurs nous offrent des épisodes spéciaux, rallongés,
à l’occasion de Noël. Ce film n’offre finalement pas grand-chose de plus, on a
plaisir à revoir les lieux, les protagonistes, mais les caractères sont tout
juste effleurés, comme le splendide Carson, majordome dont on adorait les tonitruants « yes my
Lord » qui n’est plus que l’ombre de lui-même.
DOWNTON ABBEY est une jolie carte postale. Une belle image technicolor au recto, mais pas beaucoup de place pour écrire au verso.
DOWNTON ABBEY est une jolie carte postale. Une belle image technicolor au recto, mais pas beaucoup de place pour écrire au verso.
couleur - 2h00 - scope 1:2.35
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