samedi 24 août 2019

LISZT – Orpheus (poème symphonique de 1854) - Kurt MASUR (1977) - par Claude Toon




Waouh, je ne sais pas quel sera l'état de la planète quand vous lirez en plein mois d'août ce petit billet ? Là, 26 juin, merci la canicule. Je suis face à mon clavier à chercher mes mots pour ce mini papier consacré à l'un des meilleurs poèmes symphoniques de Liszt, ou l'un des moins mauvais suivant l'avis des mélomanes au sujet du genre inventé par le compositeur, genre trèèès caractéristique du romantisme.
Peut-être qu'après avoir publié ces lignes, la chaleur m'aura transformé en une bouillie infâme de chair fondue comme le docteur fou dans Air froid, une nouvelle glaçante du romancier et auteur de contes horrifiques H.P. Lovecraft… Bon, j'ai encore la force d'écrire des âneries et des jeux de mots, tout espoir est permis.
Venons-en au sujet, sinon Sonia va encore me dire que j'abuse du remplissage et Nema me reprocher de plonger dans le verbeux. Pas tendres les filles avec papi Toon…

Un article assez complet avait été dédié au premier poème symphonique écrit par Liszt, "ce que l'on entend sur la montagne" inspiré par un poème de Victor Hugo. (Clic) Un autre papier avait en son temps permis d'écouter Les préludes, (Clic) le 3ème dans l'ordre de composition des 13 poèmes et une mise en musique d'un texte de Lamartine. Dans les deux cas, je soulignais que hormis quelques pages un peu allégées, ces œuvres ne sont pas de la dentelle symphonique, notamment l’inexplicablement populaire Les Préludes, une instrumentation à donner le tournis au percussionniste chargé des cymbales. Et il y a encore plus fanfaronnant comme Héroïde Funèbre ou La bataille des Huns

Orpheus est le 4ème opus de la série. Il n'est pas inspiré par un poème mais Liszt le proposait comme ouverture alternative de l'opéra de Gluck éponyme : Orphée et Eurydice daté de 1762 pour la version italienne et 1774 pour la version française.

danse des esprits (Pina Bausch)
Tout le monde connaît la légende mythologique qui servit de livret à Gluck : Orphée est follement amoureux d'Eurydice mais la jeune fille meurt et descend aux enfers. Désespéré, Orphée pense aller la rejoindre en se suicidant… l'Amour (une déesse ?) s'apitoie et lui suggère de se rendre en enfer pour retrouver sa belle en implorant les gardiens des lieux avec sa lyre et son chant mélodieux. (Pendant que j'y pense, la fameuse danse des esprits "ballet des Ombres heureuses" n'existe que dans la version francophone.) Une condition à respecter : Orphée ne devra pas se retourner lors du retour de l'enfer. Orphée craquera et Eurydice mourra de nouveau. Vraiment cool, l'Amour lui rendra une seconde fois, happy end !!
Gluck avait déjà composé sa propre ouverture très exaltée, mais seulement quatre minutes… Est-ce que cette durée ne correspondait plus au standard du milieu du XIXème siècle ? La question est posée. Liszt imagine sa pièce orchestrale comme un nouveau prologue pour cet opéra. L'histoire ne dit pas si l’ouverture a été utilisée en tant que telle. On ne gâche pas, et voici un poème symphonique prêt à l'emploi…
Liszt ne pouvait envisager une orchestration apocalyptique comme dans la Dante Symphonie ou Les Préludes. Exit grosse caisse et cymbales. L'orchestre est similaire à celui prévu au siècle des Lumières par Gluck.
Picolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba, timbales, 2 harpes et les cordes. Classique, du costaud comme effectif mais pas du cyclopéen pour ce drame mythologique de l'amour fou.
Les gravures des poèmes symphoniques de Liszt ne sont pas légions, deux intégrales des années 70 dominent la discographie, celle de Bernard Haitink et celle-ci de Kurt Masur. Donc, pas trop de choix, nous retrouvons une interprétation captée avec l'orchestre du Gewandhaus de Leipzig dirigé par son chef de l'époque, Kurt Masur.

Kurt Masur
Analyse brève : un cor se fait entendre, accompagné par des arpèges de harpes, tristesse et lyre d'Orphée. Une belle mélodie aux cordes expose une première idée mêlant passion et espoir. [1:49] les bois font leur entrée. Liszt continue d'offrir aux harpes un premier rôle. Ah là, si on ne sait pas qu'il s'agit de l'instrument favori et magique d'Orphée… [2:50] Un tendre et lascif solo du violon exprime à coup sûr les sentiments amoureux des deux héros. [3:51] Oui deux héros comme ce duo sensuel violon-violoncelle (Gerhard Bosse et Jürnjacob Timm). Des fâcheux pourraient trouver ce style affecté et empreint d'effets hollywoodiens. Il est vrai que le crescendo qui poursuit ce poème peut justifier cette opinion. La partie centrale fait gronder les contrebasses ; n'oublions pas que nous sommes chez les damnées… Le dernier développement prend des accents épiques et dramatiques. Le poème se termine en douceur, la coda étant introduite par un chant serein du hautbois [8:15]. (Partition)

Vidéos. Successivement : 1 -  Orpheus. 2- L'ouverture de Gluck dans la version en français de 1956 avec Leopold Simoneau dans le rôle-titre et Hans Rosbaud au pupitre. (Inégalée dans cette édition francophone à mon sens, simple avis). 3 - danse des esprits ou "ballet des Ombres heureuses" toujours par Hans Rosbaud. Seigneur, que l'illustration de la vidéo est débile !!!
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