C’est
un sous-genre du film de guerre : le film de sous-marin. On pense à des
réalisations comme DAS BOOT, U571, A LA RECHERCHE D’OCTOBRE ROUGE, USS ALABAMA…
Le cinéma français aborde peu le film de guerre/politique, et le projet est d’autant
plus original, que c’est un premier film, d’un autodidacte, Antonin Baudry,
diplomate de profession et scénariste de bédé. Un parcours peu commun…
Ce
type de film ne peut se faire sans la collaboration de l’armée. On y voit des
hélicos, des frégates, des sous-marins, tout étant très documenté, et j’imagine
que la moindre ligne du scénario a été relue par les galonnés. Le but avoué est
de faire un cinéma réaliste, qui techniquement ne peut pas être pris en défaut…
Et pourtant… C’est là que le bât blesse, parce qu’on a l’impression que tout
est improbable dans ce film. Quand c’est Stallone qui abat un hélico au lance-roquettes
dans RAMBO II ou III, bon ben c’est Stallone, on ne se pose pas de question. Quand
c’est Reda Kateb, commandant d’un sous-marin, qui sort lui-même sur le massif
pour dézinguer l’hélicoptère ennemi, on tique un peu… Mais quand en plus son
engin s’enraye, on se marre ! Ainsi, l’Armée française aurait cautionné un
film avec du matos défectueux ? La honte… Bon, le truc s’enraye, et il
fait quoi le commandant ? Il ordonne à un matelot de tirer à bout portant
avec son fusil automatique sur le lance-roquettes (toujours tenu en main par
Kateb) histoire de remettre le bastringue en état de marche… Pas sûr que Stallone
aurait osé.
Pourtant,
la première séquence est joliment troussée. On ne comprend pas tout des dialogues,
des trucs techniques, mais c’est pas grave, ça fait même sérieux. Ce sous-marin
au large des côtes syriennes qui tente de récupérer un commando, nous met
aussitôt en immersion (sic). Mais la mission est entachée par une erreur de l’opérateur
sonar, Chanteraide, surnommé Oreille d’Or. Il pense entendre un sous-marin
russe, mais comme le modèle ne semble pas exister (2 pales, 4 pales ?)
il déclassifie l’alerte. La boulette ! Revenu à terre, Chanteraide est mis à pieds, mais
poursuit son enquête, persuadé que sa première impression était la bonne.
L’affaire
se gâte, tendance DOCTEUR FOLAMOUR. L’état-major s’affole : un missile nucléaire soviétique est détecté, et il nous arrive en plein dans le mille. Le Président ordonne la riposte, sauf que... mais, ménageons le suspens... Et voilà que Chanteraide s'invite au coeur
du dispositif militaire. Je ne pensais pas qu’on pouvait entrer comme ça, hop,
dans le bunker du commandement général, apparemment si. Et puis plus tard, le
même Chanteraide, de nouveau en odeur de sainteté, et carrément hélitreuillé à
bord d’un sous-marin français en compagnie d’un amiral (Matthieu Kassovitz) qui
est rien d’autre que le commandant de la force océanique stratégique !
Pourquoi pas le ministre, aussi ?!!
La
dernière partie est de la pure action, du pur suspens, circonscrite à l’intérieur
du sous-marin (intérieur fermé reconstruit à l’échelle 1, donc la mise en scène
est au plus près des protagonistes). Bonne tension dramatique, pas de blabla
psychologique. Mais encore des actions qui me semblent improbables, comme cette
sortie 500 mètres de profondeur, ou ce sacrifice final assez
ridicule, et pour le moins surréaliste. Encore une fois, si c’est Bruce Willis
dans un DIE HARD, ça passe, c’est rigolo, mais là tout est très sérieux. Si
Antonin Baudry veut la jouer réaliste, hyper documenté, reconstitution ad-hoc,
okay, mais il aurait fallu que le scénario fût de la même veine.
Et
puis il y a aussi un autre souci, est de taille. Z’avez vu le casting ? Et
bien ils sont tous aussi mauvais les uns que les autres, Kassovitz et Kated
(pourtant excellents d’ordinaire) ne semblent pas croire une seconde à leurs
personnages (et donc le spectateur non plus), Kateb n’a rien à jouer, il reste
assis, spectateur, et subit la situation. Son seul moment de bravoure est le fameux coup du lance-roquettes. La palme (et le tuba) revient à Omar Sy, commandant de navire qui n’irradie
aucune autorité, peine à rentrer dans le costume (l’uniforme en l’occurrence), on
a toujours l’impression qu’il va débouler dans les couloirs du sous-marin en
poussant le fauteuil de François Cluzet, et se mettre à danser sur Earth Wind
and Fire. Et un détail : il fait un salut militaire paume vers le sol. Donc, à l'américaine ?
Projet
ambitieux, plutôt gonflé, surtout pour un premier film, les images sous-marines
sont superbes, le rythme est bon. L’amourette entre Oreille d’Or est sa
bibliothécaire est tout de même longuette, et n’est là que pour justifier une
scène, celle du joint, j’en dis pas plus… Mais ça ne colle pas, c’est bancal, boiteux,
on reste le cul entre deux fauteuils de cinéma. Il est surprenant qu’Alain
Attal, producteur, avec ce budget conséquent, n’ait pas resserré davantage les
boulons.
Et puis franchement, choisir l'acteur François Civil pour jouer un militaire... ça partait déjà mal !
J'ai passé 3 jours dans un SNLE (Sous-Marin Nucléaire Lanceur d'Engins) et ai travaillé sur le SYDEREC (Système de Dernier Recours), bref l'apocalypse à la Terminator. Chut ! Top Secret…
RépondreSupprimerBel article Luc sur une montagne d'invraisemblances… La marine doit bien se marrer… Tout est bidon dans la B.O. à part les matelots qui court dans une coursive étroite (on ne peut pas mettre un pied devant l'autre tellement tout est exiguë et sans se fracasser le crâne tellement les portes étanches sont basses (casques obligatoires).
Quant à la phrase "Le président de la république me commande de lancer une frappe…" prononcée par Reda Kateb, c'est à hurler de rire… L'ordre arrive en VLF cryptée, sur quoi ? Combien ? Personne n'en sait rien à bord pas même le commandant. Les coordonnées sont exploitées par le bateau (on ne parle jamais de vaisseau ou de navire) pour lancer le missile. L'équipage n'a la responsabilité que du fonctionnement correct pour le tir au moment x. On dirait que Reda Kateb vient d'avoir Macron sur son portable et sous l'eau où la UHF ne passe pas :o) En plus, il dit cela comme si c'était pour une soirée Mac Do !
En général, plus ce genre de film essaye de faire réaliste (genre documentaire sur la guerre nucléaire) moins c'est crédible. Exception "Le bateau" de Wolfgang Petersen que tu cites.
Par contre, en jouant la carte de la fiction dans un sous-marin qui possède autant d'espace qu'un rafiot de croisière MCS, on se fiche de tout cela et le film devient un thriller sympa. Exemple : Octobre rouge avec James Bond portant une belle barbe :o)
Je verrai ça sur le câble…
Tss Tss, pas la B.O., la bande annonce. J'ai le cerveau qui prend l'eau ce matin...
SupprimerSans avoir ton expérience de terrain, il me semblait aussi qu'on nous prenait parfois pour des cons... Si c'est vendu comme un pur divertissement d'aventure, pourquoi pas, mais ce n'est pas le cas... Je ne peux pas spolier, mais sur la fin y'a une scène avec Omar Sy à mourir de rire !
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