mardi 19 février 2019

THIS IS SPINAL TAP de Rob Reiner (1984) - par Pat Slade




Rocker de tous poils, accrochez vous à votre fauteuil, voici Spinal Tap, la véritable fausse histoire d’un groupe hors du commun. Un rockumentaire tourné par Rob Reiner qui faisait ses débuts dans la réalisation.





Si Spinal Tap n’existait pas, il faudrait l’inventer !





Nous sommes en 1984, le hard rock commençait à percer et beaucoup de groupes plus ou moins bons pointaient le bout de leurs nez et Spinal Tap fera partie de ceux-là, sauf que Spinal Tap n’existe pas, c’est un vrai-faux groupe. Mais comment peut-on être réel tout en étant faux ? Vous allez vous demandez ? Hé bien, grâce à l’idée d’un homme et à la magie du cinéma. «Spinal Tap» c’est un Rockumentaire sur un groupe sans grand talent à qui il arrive toutes les guignes impossibles et inimaginables. Un rockumentaire qui n’a rien à voir avec ceux comme «Lemmy» en 2010, «End of Century» sur les Ramones en 2003 ou encore «God Bless Ozzy osbourne» en 2011. Pourquoi ils n’ont rien à voir ? Parce que tout ce qui y est raconté est vrai, alors que pour Spinal Tap le groupe, tout est faussement vrai et non véritablement faux ! J’espère que vous me suivez parce que je ne répéterai pas ! Pour faire  plus simple, c’est l’histoire d’un groupe qui n’existe pas et à qui il arrive des choses qui ont existé (Ou presque !).

Rob Reiner
Once upon a time Spinal Tap (Que l’on peut traduire par Robinet Rachidien), un groupe de métal composé du blond guitariste David St Hubbins, du lead guitar Nigel Tufnel, du bassiste Dereck Smalls et leur parcours dans le rock’n’roll raconté par le journaliste Marty DeBergi (Rob Reiner lui-même). Après une mise en bouche sur un concert à New York ou le pantalon «moule-burne» en satin brillant est de rigueur et fait penser à Quiet Riot ou à Scorpions dans les années 80, commence l’interview proprement dite. Les débuts avec The New Original avec des images de 1965 et le début de leurs problèmes avec les batteurs qui vont tomber comme des mouches dans d’étranges circonstance l’un d’entre eux dans une combustion humaine spontané, un autre dans un accident de jardinage bizarre et un autre qui mourra étouffer dans du vomi, mais pas le sien préciseront les musiciens. 
Dans la réalité, malheureusement, plusieurs rock stars se sont étouffés dans leurs vomi comme Bon Scott d’AC/DC, Jimi Hendrix voire même John Bonham de Led Zeppelin pour rester  chez les batteurs. On les suis en promo chez Polymer Records ou le PDG n’est d’autre que Patrick Mcnee (Chapeau Melon). Coté musique, l’humour est au top ! Avec «Big Bottom» Dereck Smalls joue sur une basse double manche parfaitement identique. On se demande à quoi cela peut bien servir alors ? Les puristes vont me dire qu’il doit être accordé de deux manières différente, mais alors pourquoi ses deux acolytes jouent-ils aussi de la basse ? Surtout qu’il ne se sert que d’un manche.

On suit le groupe pendant sa tournée américaine avec les problèmes de gathering et quand le rocker à des exigences comme le guitariste Nigel Tufnel qui essaye de plier du pain de mie autour d’une tranche de salami et que la chose est impossible, la réalité dépasse la fiction, Van Halen avait pris pour habitude de fournir une liste interminable d’exigences aux organisateurs de concerts. L’histoire des M&M’s (Repris aussi dans le film «Wayne’s World 2») Le groupe en exigeait en grande quantité et tout ceux de couleur marron seraient éliminés et si un seul était trouvés, David Lee Roth et ses potes foutaient un incroyable souk. Arrive la fameuse scène des guitares et des amplificateurs de Nigel. Il passe en revue sa collection de guitares, celle qui a un sustain qui dure éternellement jusqu’à celle qu’il faut regarder sans jamais la toucher, ensuite tout bascule dans un dialogue de sourd et dans un délire quand il tente d’expliquer pourquoi un ampli a un volume qui monte jusqu’à  onze : 
Nigel : ça c’est un ampli. On s’en sert sur scène, mais c’est très spécial, car comme tu peux le voir, tous les potards sont gradués jusqu’à onze…vRegarde, onze, onze, onze.
– Les amplis vont à dix en général ?
Nigel : exactement !
- Et ça veut dire qu’il est plus puissant ?
Nigel : et bien, c’est plus fort d’un cran, oui… la plupart des mecs, ils jouent jusqu’à 10.

Un peut plus tard dans la conversation
- Pourquoi ne pas mettre le dix plus fort et en faire le maximum…que le son soit plus fort à dix ? 
Long silence…
Nigel : Cet ampli là va jusqu’à onze…

Autre scène mémorable : quand le trio chantent à trois voix «Heartbreak hotel» devant la tombe d’Elvis Presley (le lieu de la tombe était une maquette et pourquoi cette chanson ? parce que c’est la seule chanson d’Elvis pour laquelle la productrice pouvait obtenir les droits). Et puis arrive la copine blonde de David St Hubbins, qui rejoindra le groupe en tournée, va prendre peu à peu le contrôle sur le groupe et provoquera le départ de Nigel. La réalité, comment ne pas penser à Yoko Ono souvent accusée d’avoir provoqué la fin des Beatles. Mais j’ai poussé un peu plus loin mes investigations et j’ai lu que Rick Parfitt (Il y a d’ailleurs une certaine ressemblance avec David St Hubbins) fut aussi vampirisé par ce genre de groupie (Une certaine Patty Beeden) qui aurait pu mettre fin au meilleur groupe de boogie rock de la planète. 

Spinal Tap sera aussi frappé par la censure avec l’album «Smell the Glove». Cette dernière trouvant que les photos de leurs albums étaient trop machistes et représentaient l’image de la femme plutôt comme un objet sexuel. Une femme nue enduite de graisse, à quatre pattes avec un collier de chien autour du cou, une laisse et un bras d’homme au bout, il terminera entièrement noir brillant, un peu comme le «Black Album» de Mettalica ou «Back in Black» d’AC/DC. Dans la réalité, Scorpions seront les champions du genre avec trois pochettes très controversées avec «Virgin Killer», «Loverdrive» et «Animal Magnetism». Le groupe Whitesnake avec «Lovehunter» aura aussi quelques petits soucis. 

Un concert ou les trois musiciens s’extraient tous de cocons géants sauf le bassiste Dereck Small qui reste bloqué dans le sien. Dans la réalité, cela arrivera au batteur de Yes Alan White sur la tournée de 1974, un gars installé dans un coquillage géant qui refusera de s’ouvrir. Autre concert où le groupe sort de sa loge pour rejoindre la scène, mais se perd dans un dédale de couloirs et tourne en rond. La réalité s’inspire de deux histoires authentiques, la première : ce sera Bob Dylan qui se paumera dans les coulisses après un concert et la seconde concernera Tom Petty et son groupe qui eux aussi ce perdirent après leurs show en revenant à chaque fois en backstage et atterrirent sur un court de tennis intérieur.

Ce film est vraiment bourré de gags et de clichés rock’n’rollesques, Le solo de guitare de Nigel qui joue de la guitare avec un violon, un clin d’œil à Jimmy Page qui jouait avec un archet. Le public commençant à bouder le groupe, pour le morceau «Stonehenge» la mise en scène sera revue et corrigée avec l’apparition d’une gigantesque reproduction des menhirs du site. Mais un malentendu sur les dimensions fait que le groupe se retrouve avec une version ridiculement petite avec deux nains déguisés en lutins. La réalité est arrivée au groupe d’Ozzy Osborne : Black Sabbath sauf qu’a l’inverse, le décor était grandeur nature et trop imposant pour tenir sur n’importe quelle scène.

La vie du groupe est chaotique, il survit tant bien que mal et commet des concerts plus ou moins intéressants. Ils iront jusqu’à ce produire sur une base de l’armée de l’air avec un public complètement hermétique à leur musique. De plus les amplis sont parasités par les annonces du speaker de la base. La réalité arrivera au groupe Huriah Heep et à Jimi Hendrix. Ce sera suite a ce concert extra-nul que Nigel sortira de scène en fracassant sa guitare comme le faisait Pete Townsend des Who et quittera le groupe.

The Spinal Tap Mark II, la nouvelle étiquette du groupe qui joue devant un public très clairsemé et pas du tout réceptif à la musique du groupe qui donne maintenant dans un mauvais free-jazz. Mais pour leurs derniers concerts de la tournée à Los Angeles, ils reprennent leur ancien répertoire avec le retour de Nigel comme lead guitar en plein set. Le film ce termine par une tournée au Japon. Keep Rolling Spinal Tap !!!

Les Monty Python n’auraient pas renié cette image tragi-comique de Spinal Tap. Les trois acteurs principaux étant eux-mêmes musiciens, ils n’ont eu aucun mal à se glisser dans les rôles de ces rockers aussi sympathiques que nuls. Même si un scénario avait été établi, pratiquement tous les dialogues ont été improvisés. Suite à la sortie du film, beaucoup de rockers ce sont reconnus comme Jimmy Page, Robert Plant, Dee Snider et Ozzy Osbourne qui ont tous déclarés s’être perdus dans les couloirs pour pouvoir atteindre la scène. Kurt Cobain déclarera «Il n’y a jamais vraiment eu de bon documentaire sur les groupes de rock and roll» et Dave Grohl interviendra «A l’exception de Spinal Tap», le chanteur de Nirvana approuvera.

La fiction deviendra réalité quand, à la demande pressente de beaucoup de fans, le groupe enregistrera un véritable disque en 1992 «Break Like The Wind» dans lequel une multitude de guest apparaîtront comme Jeff Beck, Cher, Joe Satriani, Steve Lukather, Slash, Dweezil ZappaSpinal Tap aura même le luxe de rentrer sur scène dans le stade de Wembley pour le concert hommage à Freddy Mercury.

Spinal Tap, une image cheap, attitude grotesque en scène, tenues provocantes. Trois rockers complètement barrés tout comme l’univers dans lequel ils évoluent. Spinal Tap est une énorme farce, une succession de gag super cons, très drôle et de dialogues de sourds. Un film tourné il y a trente cinq ans mais qui, à ce jour, a toujours autant d'impertinence.   




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