- Coucou
M'sieur Claude… Ben ! Pas au travail, mais devant un film en sirotant votre
café postprandial… C'est quoi ? Un documentaire sur les cabines téléphoniques ?
- Postprandial
?! Vous apprenez le petit Larousse par cœur, c'est bien. Non, Phone Game, un
film à suspense de Joel Schumacher et curieusement pas un nanar absolu !
- Oui je
vois, vous pensez faire un papier dessus ? tendez' je jette un œil rapidement…
Je me prends un petit café sur votre cafetière…
(30 minutes
plus tard)
- Ça me fiche
les chocottes ce film, il fallait y penser côté scénario. J'attends votre
papier si vous en faites un… Bye…
- Heu oui
Sonia, j'espère que je ne vous ai pas retardée dans votre travail ? Juste comme
ça…
- Non non,
pas de lézard, mais je n'entrerai plus jamais dans une cabine téléphonique…
De toute façon, il n'y en a plus, les gens piquent les combinés…
- Oui oui
Sonia… Je crois que M'sieur Luc attend une publication, il va s'impatienter…
Joel Schumacher, sans grande
méchanceté, rime souvent avec film ni fait ni à faire. Ce cinéaste concocte des
films plutôt grand public qui ne risquent pas de concourir pour des oscars ou
une palme d'or. Rappelons-nous les deux suites données aux deux Batman surréalistes
de Tim Burton. Certes un budget colossal et un casting d'enfer : Nicole Kidman,
Jim Carrey,
Schwarzi,
Tommee lee Jones,
George Clooney
et Uma Turman,
tout ce beau monde jouant des "méchants" complètement en roue libre.
Même Schwarzi
avec ses grimaces n'est en rien réfrigérant (ceux qui ont vu ce naufrage comprendront).
Curieusement
pour Phone Game, Joel Schumacher ne bénéficie que d'un budget squelettique de 10
millions de dollars et de 12 jours pour réaliser ce thriller improbable. Il
tourne à Los Angeles ce huis clos (en extérieur !) sensé se dérouler à New-York dans la 8e
Avenue… Et bien, avec peu de moyen et un sacré culot, le cinéaste réussit à bien
nous stresser…
Unité de lieu, Unité de temps, Unité d'action… Les
trois règles d'un drame classique appliquées à un thriller ?! Pour le moins,
puisque Schumacher nous plante
sans bouger (ou presque) sur un bout de trottoir pendant 1H30 moins le
générique. Sur le trottoir, une cabine téléphonique un peu délabrée (comme
partout) et un téléphone… Le seul qui marche dans cette avenue. De chaque côté de l'avenue, des buildings avec des milliers de fenêtres (important).
Deuxième
principe gonflé : un unique plan séquence pour raconter une confrontation flippante par téléphone interposé. Stuart "Stu" Shepard
(Colin Farell)
passe un simple coup de fil à sa délicieuse maîtresse Pamela "Pam" McFadden (Katie Holmes), maîtresse et jeune actrice
pleine d'espoir d'un coup de pouce de Stuart … Tu parles. On comprend vite que Stuart est l'archétype du
petit agent connard et suffisant pour artistes en panne de carrière, plutôt des apprenties starlettes.
Ça dégénère dans la cabine. Sympa la veste |
Nous,
témoins du duel téléphonique, flippons aussi… Et puis la cabine téléphonique
c'est comme les chiottes Decaux, Stuart
n'a pas l'exclusivité. Il y a du monde qui attend. Ça commence par un brave
gars qui lui amène une pizza que Stuart
n'a jamais commandée, bizarre, ça
craint encore plus. Certains sont faciles à virer à grands coups de gueule voire de latte.
Le problème se corse quand les dames de petite vertu commencent à s'énerver
(euphémisme) face à ce squatter un peu longuet dans l'usage de leur outil de communication avec
les michetons. Elles ont la dragée haute les filles… En effet, c'est LEUR cabine
! Il faut dire que sur l'autre trottoir siège une boite de striptease option sexshop
et bagatelle tarifée dans les étages. Manque de bol, le proxénète
de ses dames (John
Enos III) s'en mêle ; un baraqué avec une veste dorée grotesque
qui va gagner la timbale à force de contrecarrer le plan du sniper en tabassant Stuart qui a pour mission de tenir la
position (comme disent les militaires)… Par timbale, comprendre une balle qui
lui cloue le bec et le cloue également au sol ad divinis ! Buter le
maquereau ne pose aucun état d'âme au sniper, à l'évidence. C'est la
débandade, les filles hurlent comme si elles avaient perdu tonton George…
Ed Ramey et Kelly |
Ed Ramey est un malin et même si Stuart est le prototype de la
tête à claques du Showbiz de la grande pomme, il va se poser la question
évidente : "mais bordel qui est au bout du fil"
?
J'évite le spoiler au niveau de l'intrigue. Il y aura bien
des rebondissements, l'arrivée de Kelly (Radha Mitchell), la
femme légitime de Stuart, une
lunette de visée qui passe de tête en tête via la caméra. A qui le tour ?
Une évidence : Stuart va
sauver sa peau mais quid du Sniper (Kiefer Sutherland prête sa
voix). Pas que la voix, son visage un instant, mais dans quelles circonstances
? Abattu par un commando, blessé ou pas les menottes aux poignets, prenant la
tangente en pleine rue. Non Sonia, je ne parlerai pas.
Colin Farrell est l'un des
acteurs fétiches de Joel Schumacher avec Kiefer
Sutherland.
Un film court, bien monté, un Colin Farrell crédible
en petite fripouille paniquée. Pas de montage épileptique. Le scénario de Larry Cohen laisse un peu trop la part belle à la bonne morale yankee. Mais attend-on un film philosophique de ce qui n'est qu'un produit de divertissement épicé ? Bon ok, les
ficelles sont un peu grosses, les effets assez attendus, mais pour une somme
ridicule Joel Schumacher a su nous
mener sans temps mort à la fin.
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