Introduction facultative (du charabia) :
Au sujet du Hard-Rock (terme qui s’avère malheureusement trop réducteur, voire même parfois mal-approprié, qui, encore aujourd’hui, peut être une barrière, une source d’a priori pour ceux qui ne s’y sont jamais vraiment intéressés de près), on a principalement parlé des nouveautés de ces dernières années (actualité oblige) et de ceux de la décennie des années 70 (probablement la plus intéressante pour ce style). Mais peut être pas suffisamment de ceux de la décennie suivante, celle des années 80. Soit celle qui correspond à son apogée, tant médiatique, qu’en terme de vente et de succès. C’est la décennie de son explosion avec notamment la conquête de la New Wave Of British Heavy-Metal, puis de l’émergence de diverses branches. C’est également la décennie qui marque une certaine radicalisation de cette musique. Les racines Blues sont ignorées, (parfois moquées même, bien qu'elles reviennent forcément à travers nombre de compositions), la nouvelle source d’inspiration étant alors les pionniers de cette musique. On passe au niveau supérieur dans la lourdeur, dans la rapidité d’exécution, dans l’agressivité déployée (souvent artificiellement). La saturation naturelle des amplis à lampes ne suffit plus, et les Fuzz et autres Overdrives (généralement plutôt de puissants boosters), considérées par les nouveaux barbares comme trop légères, sont mises au placard (ou carrément bazardées) et remplacées par des pédales de distorsions (« distortion ») nettement plus charnues (remember les potards à onze ?). C’est parfois une stérile surenchère. C’est aussi une plongée dans une forme d’uniformisation avec une majorité de groupes qui se cantonnent à un style, ou bien n’osent pas s’écarter de temps à autres de leur terrain de prédilection, de crainte de s’attirer les foudres de leur public, (ou/et) de leur label, et même de la presse. Une rétrogradation des esprits ? C’est probable, d’autant plus que l’on peut aussi retrouver ce cloisonnement dans les autres styles de musique.
Difficile dorénavant de retrouver la richesse et la versatilité d’un Bad Company, d’un Humble Pie, d’un Led Zeppelin ou d’un Thin Lizzy.Au sujet du Hard-Rock (terme qui s’avère malheureusement trop réducteur, voire même parfois mal-approprié, qui, encore aujourd’hui, peut être une barrière, une source d’a priori pour ceux qui ne s’y sont jamais vraiment intéressés de près), on a principalement parlé des nouveautés de ces dernières années (actualité oblige) et de ceux de la décennie des années 70 (probablement la plus intéressante pour ce style). Mais peut être pas suffisamment de ceux de la décennie suivante, celle des années 80. Soit celle qui correspond à son apogée, tant médiatique, qu’en terme de vente et de succès. C’est la décennie de son explosion avec notamment la conquête de la New Wave Of British Heavy-Metal, puis de l’émergence de diverses branches. C’est également la décennie qui marque une certaine radicalisation de cette musique. Les racines Blues sont ignorées, (parfois moquées même, bien qu'elles reviennent forcément à travers nombre de compositions), la nouvelle source d’inspiration étant alors les pionniers de cette musique. On passe au niveau supérieur dans la lourdeur, dans la rapidité d’exécution, dans l’agressivité déployée (souvent artificiellement). La saturation naturelle des amplis à lampes ne suffit plus, et les Fuzz et autres Overdrives (généralement plutôt de puissants boosters), considérées par les nouveaux barbares comme trop légères, sont mises au placard (ou carrément bazardées) et remplacées par des pédales de distorsions (« distortion ») nettement plus charnues (remember les potards à onze ?). C’est parfois une stérile surenchère. C’est aussi une plongée dans une forme d’uniformisation avec une majorité de groupes qui se cantonnent à un style, ou bien n’osent pas s’écarter de temps à autres de leur terrain de prédilection, de crainte de s’attirer les foudres de leur public, (ou/et) de leur label, et même de la presse. Une rétrogradation des esprits ? C’est probable, d’autant plus que l’on peut aussi retrouver ce cloisonnement dans les autres styles de musique.
Cependant, dans cette énorme bousculade de combos de chevelus hirsutes, parés de cuir, de clous et de jeans, se proclamant plus puissants – tantôt plus sales aussi - et voulant jouer plus fort que son voisin, il y en a quelques uns qui sont parvenus à s’extirper de la masse. (à savoir que derrière leurs allures de pseudo-guerriers post-apocalyptique croisées entre les Warriors de Walter Hill, le Mad Max de George Miller et autres accoutrements sado-maso agrémentés de résidus punk, il y avait de simple gamins, ou "grands-zenfants", faisant généralement preuve d'une franche camaraderie entre musiciens, comme s’ils faisaient partie d’une grande famille – bien plus en Europe qu’aux USA où l’esprit de compétition est souvent souhaité et encouragé, et plus généralement dans la première moitié de cette décennie -).
Rien de mieux que cette emblématique galette qui va marquer à jamais le monde des petits métalleux.
Un album "coup de poing" conçu, justement, en novembre. Mois que quelques illuminés considèrent comme propice aux rituels envers diverses entités démoniaques fantasmées.
Dire que les enregistrements ont été effectués il y a ... trente-neuf ans (!).
Déjà, avant toute chose, avant de sortir la galette et d'y poser délicatement le bras de la platine pour découvrir ce qu'elle décele, il y a cette pochette qui va rester à jamais dans les mémoires. Si elle n'est pas la première à surgir de l'imaginaire de l'épouvante cinématographique de série B et de la bande-dessinée underground (de "Tales from the Crypt" à "Creepshow"), elle demeure une des plus célèbres et surtout c'est une borne. (pour une raison inconnue, l'illustration de l'édition CD a été retravaillée - avec notamment un détail gênant : dans la poubelle fixée au lampadaire, c'est désormais une canette de coca-cola qui a pris place ... -).
Après elle, une majorité de jeunes groupes de Heavy-Metal à tendance gothique ou amateur de cinéma d'épouvante vont rivaliser pour offrir la pochette la plus ridicule qui soit et/ou de plus mauvais goût.
Son succès est tel que le zombie punkoïde devient rapidement la mascotte du groupe, et son omniprésence conduit à lui donner un nom. Ce sera Eddie the Head. Il devient immédiatement un signe distinctif auquel la formation sera désormais soudée pour l'éternité. Ce qui va faire, pour un temps, le bonheur du concepteur Derek Riggs qui, lié par contrat, va réaliser toutes les pochettes de disques, des 33 tours aux 45 tours, ainsi que tous les dessins pour le marketing et les décors jusqu'en 1991.
Au désespoir de leurs parents, la tête hideuse va faire la joie de tous les ados de la planète "métôl", squattant leur quotidien en s'affichant sur les tee-shirts, les vestes en jean et les treillis (c'est alors la folie des patchs à coudre), les badges (dont un modèle en relief) et bien sûr les posters ; il y aura même un masque souple à son effigie.
Jamais jusqu'alors une mascotte n'avait pris autant d'importance dans la vie d'un groupe de musiciens. A une seule exception : celle du Snaggletooth de Motörhead. Toutefois, cette dernière est moins humanisée, si l'on peut dire. Bien d'autres essayeront de suivre l'exemple, mais s'y casseront les dents. Murray ? Vic Rattlehead qui essaye de faire une fusion détournée d'Eddie et du Snaggletooth ? Jack O'Lantern ? Crystar ? Chaly ? The Guy ? En comparaison, des comiques de carton pâte sortis des pires nanards.
Il y a aussi le logo-patronyme, en caractère bien large, d'un rouge pétant accrochant la rétine et prenant toute la place du haut de la pochette. Et le lettrage également, si caractéristique que même en changeant de lettres, la référence au groupe est irrémédiable. Et bien sûr, la nature même du patronyme : la vierge de fer, tristement célèbre instrument de torture médiéval (a).
Et la musique ? Une vague d'énergie, de sueur, d'électricité, de fureur canalisée qui saisit l'auditeur imprudent. Pourtant mis en garde par le contenant. Avec cet opus éponyme, Iron Maiden semblait répondre à une attente inconsciente. D'un côté, ça débordait d'énergie, d'une fougue que l'on peut rapprocher de celle de la vague punk (bien que le compositeur principal, Steve Harris, s'en soit souvent défendu, déclarant parfois son aversion envers cette musique), ainsi que celle de Motörhead (qui était alors à son apogée), d'un autre, il y avait quelque chose insondable faisant le lien avec le Heavy-rock classique de la décennie précédente. Notamment, celui du Deep-Purple mark II, mais aussi celui de Thin-Lizzy et de Wishbone Ash, ne serait-ce que dans l'approche des twins guitars. Avec en plus la lourdeur (relative) et l'imagerie propre à Black Sabbath. Wishbone Ash encore pour une fibre néo-médiévale telle qu'on la trouve sur leurs trois premiers albums. Cependant, il faudrait aussi mentionner Budgie, groupe maudit et totalement occulté, et même vilipendé dans les années 80. Une injustice, car à bien des égards, ce trio est un précurseur de la NWOBHM. Sans surprise, il se révélera même comme une influence. Il conviendrait de rajouter Rush, cependant c'est sur les prochains albums que l'ombre du trio canadien apparaît.
"Prowler". Bien que pas vraiment représentatif de la musique du quintet londonien, pendant un temps cette chanson (soit jusqu'aux productions post-Di'Anno - et encore aujourd'hui, il arrive que de jeunes convertis le reprennent) fut une de leurs plus connues. La raison incombant principalement à ce gimmick, bien marqué par une wah-wah franche et binaire. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque où cet effet n'était plus très en vogue. Usité en de très rares occasions, généralement par la vieille garde, à l'exception de Fast Eddie Clarke, ces miaulements de Smilodon blessé marquèrent les esprits. La surprise était d'autant plus grande et délicieuse pour ceux qui découvraient alors l'univers musical de la guitare saturée.
"Sanctuary" est un pur assaut de punk-metal qui a été curieusement sélectionné comme second single. Choix étonnant, car c'est indubitablement le titre le moins intéressant ; d'apparence brouillonne, il est surtout célèbre pour la pochette polémique qui montre la dame de fer aka Margareth Tatcher, allongée sur le flanc, morte ou gravement blessée, avec un Eddie la surplombant, l'arme ensanglantée du crime à la main, et prêt à frapper à nouveau ; visiblement, il l'a surprise en train d'arracher les affiches d'un prochain concert du groupe, et n'a pas vraiment apprécié le geste.
"Remember Tomorrow" renverse la vapeur, faisant passer l'auditeur d'un titre effréné à une ballade désenchantée, imprégnée d'humidité comme les quais de la Tamise à la tombée de la nuit, à marée basse.
"Running Free" est le premier 45 tours et l'un des premiers grands classiques du combo. Probablement leur premier hymne. Pensant qu'il n'avait pas eu le succès légitime, souffrant encore d'un manque de notoriété et de promo (il sort deux mois avant l'album), il ressortira en single en 1985. Fait assez rare dans ce milieu. (Sur la pochette, écrit sur le mur du fond, on peut lire les patronymes de Scorpions, Led Zeppelin, AC/DC, Judas Priest). Le morceau est porté à bout de bras par la batterie boogie (?!) de Clive Burr, et la basse galopante d'Harris, et Di Anno scande des refrains propres à faire chanter les plus timides. Du Heavy-metal-boogie pour stades.
Le fameux "Phantom of the Opera" conclut la première face dans un élan épique mêlant le Metal gothique et cinématographique d'un Black Sabbath, avec l'élan "chevaleresque" d'un Wishbone Ash ("Argus"), l'"héroïsme-Heroïc Fantasy Heavy-rock" des premiers Rainbow (ère R.J. Dio) et le Heavy-progressif d'un Budgie tel qu'il aimait le développer pour ces morceaux étirés, jouant de changements brusques sans sortir des rails. Les films de la Hammer mis en musique en version Heavy-Metal. Un réel morceau de bravoure, plein de rebondissements.
La seconde face s'ouvre sur l'instrumental "Transylvania" avec ses calvacades de guitares donnant le tournis. Une pièce qui avait fait à l'époque son effet, mais qui peut paraître aujourd'hui assez naïve. "Strange World" permet de reprendre son souffle, et ses esprits. Ballade fantomatique, nimbée d'une brume épaisse, moite, et étouffante. Décor propice à un "Double assassinat dans la rue Morgue".
La bête noctambule a repris son souffle et crache sa rage, sans retenue, la déception d'un amour brisé. Elle éructe, et déblatère sur la jeune fille dont elle s'était éprise avant de découvrir son tempérament de dévergondée. "Charlotte The Harlot" sonne plus comme une furieuse charge d'Attila que comme la colère d'un homme déçu. Quelques centaines de paires de sabots piétinant le sol ("Là où passe mon cheval l'herbe ne repousse plus"). A ce jour, c'est le seul titre intégralement composé par Dave Murray. Le sujet aurait-il été inspiré par une regrettable expérience personnelle ?
Ce premier chapitre se referme sur le titre éponyme, le furieux "Iron Maiden" irradiant d'une débauche d'énergie à faire pâlir de jalousie les derniers groupes punks. Steve Harris se brûle le bout des doigts sur ses cordes à fort tirant - Heavy (1) -, les guitares sont en survoltage et Clive Burr en ressort avec les épaules fracassées à force d'avoir tapé comme un autiste sourd. Le morceau adéquat pour les fins de set, pour achever le public. Qui en ressort exsangue, vidé. Mais satisfait.
Paul Di'Anno cumulait à lui seul la rage d'un Ian Gillan des temps héroïque et la suavité d'un Phil Mogg, alternant un ton foncièrement et naturellement hargneux et sauvage à un ton plus mesuré, presque désenchanté. Di'Anno ne joue pas un personnage ; il est bien cette personne irradiant de colère et de frustration qui se sert du chant comme d'un exutoire vital. Un écorché vif, capable de se montrer sensible et avenant comme d'exploser et de réagir avec agressivité.
Et en dépit des indéniables qualités de son successeur, il est peu probable que la Vierge-de-Fer aurait eu un succès aussi spontané. A savoir qu'encore aujourd'hui, il est parfois considéré comme le meilleur chanteur de Maiden.
Et puis, il y a Steve Harris, leader charismatique qui allait réconcilier tous les bassistes en remettant l'instrument en avant, se plaçant alors comme l'équivalent d'un robuste socle soutenant à lui seul l'édifice d'une architecture alambiquée. Et pour cause, Steve Harris, leader incontesté, est le compositeur principal, frôlant parfois le despotisme.
Sans oublié, le duo Dave Murray - Dennis Stratton irradiant et crépitant d'électricité. Soudé comme d'authentiques jumeaux - les twins guitars -, avec une différence ténue : l'un déployant un peu plus d'harmoniques et de brillant, l'autre plus mat, bavant bien légèrement. Fender Stratocaster gonflée aux humbuckers et Gibson Les Paul (occasionnellement Gibson Firebird).
En dépit d'une production que l'on peut qualifier de sale, - certains l'ont désigné de "punk", Bruce Dickinson, lui, l'a qualifiée de "sac de merde" -, Iron Maiden fracasse tout sur son passage avec ce premier opus. Il commence rapidement à prendre la tête du peloton de la horde constituant cette NWOBHM. Dans les années 80, dans le petit monde du Métôl, il y eut un avant et un après "Iron Maiden". Malgré l'indéniable agressivité de la musique, il y a une fraîcheur et une certaine innocence que l'on aura bien du mal à retrouver sur les productions prochaines.
Avec seulement deux galettes, celle-ci et la suivante, "Killers", le quintet allait prendre la tête de cette vague métallique Anglaise. En deux galettes, le quintet londonien allait conquérir l'Europe et devenir un groupe de Heavy-Metal emblématique que même les profanes, voire même les réfractaires, connaissaient. En aurait-il été de même sans l'apport de Paul Di'Anno, et donc des albums et autres 45 tours sur lesquels il a imposé sa marque ?
Avec Motörhead, ce sera le groupe qui résistera le mieux au temps.
Side one | |||
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No. | Titre | auteur(s) | |
1. | "Prowler" | Steve Harris | 3:55 |
2. | "Remember Tomorrow" | Harris, Paul Di'Anno | 5:27 |
3. | "Running Free" | Harris, Di'Anno | 3:16 |
4. | "Phantom of the Opera" | Harris | 7:20 |
Side two | |||
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No. | Titre | auteur(s) | |
5. | "Transylvania" | Harris | 4:05 |
6. | "Strange World" | Harris | 5:45 |
7. | "Charlotte the Harlot" | D. Murray | 4:12 |
8. | "Iron Maiden" | S. Harris | 3:35 |
Total : | 37:35 |
(a) A savoir que sa réalité historique est mise en doute. Généralement attribuée à l'inquisition (voir le musée de Carcassonne), certains attribuent les premiers modèles au XVIII ème siècle en se basant sur des récits souvent proches du mythe. Toutefois, il aurait existé à Carthage un instrument semblable, d'une forme plus basique (une simple boîte), de même qu'à Sparte.
(1) Steve Harris joue réellement sur un fort tirant. Le fabricant Rotosound lui consacrera un jeu à son nom : le SH77 Steve Harris 50-110. Un tirant de réputation difficile à jouer sur toute la durée d'un set. D'autant plus si l'on est proche du registre énergique et soutenu d'Harris.
🎶♩😈☣
♰
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