Rock in the Casbah
Toujours
mal rasé et les cheveux en pétard, Rachid Taha était une image du raï et de
chaâbi. Une grande gueule comme on en fait plus, qui continuait à conspuer
toutes les formes de racisme et d’exclusion, le tout enveloppé dans une musique
métissée qui lui donnait un goût incomparable au autres.
Cet
Oranais né en 1958 arrivera en
France dix ans plus tard en Alsace puis dans les Vosges où il a découvert
l’hiver et le racisme. A vingt et un ans, il quitte le cocon familial pour
rentrer dans la vie active comme VRP (Il
vendra des ouvrages de littératures française). Il retournera chez ses
parents installés dans la banlieue de Lyon. Après avoir fait des petits boulots,
il entre à l’usine où il va rencontrer Mohammed
et Moktar, respectivement guitariste et bassiste
avec lesquels il va commencer à chanter, Carte de
Séjour était né.
Un
premier album «Rhoromanie»
en 1984 enregistré par Steve Hillage ex-membre de Gong.
Puis en 1986 ce sera «Deux et Demi» avec la reprise de la chanson de Charles Trenet «Douce France»
réorchestrée avec des sonorités orientales, une reprise pour dénoncer la xénophobie. Même si
le titre prête à sourire, il y aura aussi des grincements de dents et un gros
tapage médiatique. Carte de Séjour se sépare en 1989 et Rachid Taha commence une
carrière solo. Son premier album «Barbès» sera boudé des radios puisque sortie
au moment de la guerre du Golfe. Il faudra attendre «Rachid Taha», son second album, qui
aura son petit succès avec «Voila voila» que les DJ anglais propulseront
dans les charts spécialisés et surtout «Ya Rayah» qui deviendra un tube.
Rachid
Taha était
surtout un homme de scène, je l’avais vu à la fête des potes (SOS racisme) dans la nuit du 15 juin 1985 à la Concorde avec Carte de Séjour.
En 1998 ce sera à Bercy le 26 septembre
avec Faudel et Khaled
pour le show «1
2 3 Soleil» et un Rachid Taha déchainé. Il donne des concerts en Égypte et au Liban. En 2000 «Made in Medina»
est encensé. Il continue à tourner en Afrique, il participera aux grands festivals
comme les Francofolies, le Paléo et le Solidays. Il fera aussi une tournée en
Asie jusqu’en Australie via la Nouvelle Calédonie. Le succès est là, il
parvient à emballer des publics de cultures diverses.
Rachid
Taha était un
rocker et l’album «Tékitoi» en est la preuve. Toujours produit
par
Steve Hillage, Brian
Eno fait une apparition. La chanson «Rock el Casbah» est une reprise de «Rock the Casbah»
du groupe Clash, Mick
Jones le guitariste du groupe déclarera préférer la version de Rachid.
Avec Mick Jones |
Toujours
par mont et par vaux, entre studio et scène, il n’arrête pas. Il enregistrera 10
albums solos et composera 7 bandes originales.
Rachid
Taha était un
artiste engagé, il a toujours dénoncé le sectarisme et la xénophobie, il était
le «Rebeu qu’on invite à la télé».
«En
trente ans, je n'ai jamais loupé un avion ou un train. C'est pour ça qu'on
m'appelle 'le Suisse', je suis toujours à l'heure ! Biolay, quand il est en
retard, on dit que c'est un dandy. Un étranger, on dit que c'est un
casse-couilles !
Quand un artiste arabe tape sa femme, c'est l'ignominie sur terre. Quand un
artiste français tue la sienne, on lui trouve des circonstances atténuantes.
C'est de la xénophobie».
Il a eu aussi la
dent dure avec ses anciens «collègues»
de scène : «Faudel et Khaled ont un peu
disparu. Il ne reste que la légende…».
On aurait
préféré que la légende reste vivante au lieu de rejoindre la longue liste de
légendes décédées.
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