C’est long, c’est court
C’est
peu dire que Véronique
Sanson s’économise en matière de sorties d’albums ces dernières
années. Voyez plutôt : Son excellent 13ième album, Longue Distance, date déjà de 2004, et Plusieurs Lunes lui de 2008.
Ce
15ème album arrive donc 8 ans plus tard, et, de l’avis de
tous (compte-tenu de sa longue gestation) il aurait mérité d’être un peu plus
fourni qu’il ne l’est au final. 10 titres pour seulement 33 minutes de musique…
Avouez qu’il y a de quoi se sentir un tantinet floué sur la marchandise.
Finalement,
lors des divers entrevues promotionnelles qu’elle avait accordées aux médias
télés et radios, la presque septuagénaire qu’est désormais Véronique Sanson avouait à demi-mot
que sortir un nouvel album aujourd’hui était surtout et avant tout prétexte à
repartir en tournée (domaine dans lequel elle s’épanouit et se révèle à chaque
fois comme personne).
Quand
on sait également à quel point les ventes de disques continuent,
inexorablement, de dégringoler, on peut comprendre que nombres d’artistes rechignent
à enregistrer quoi que ce soit de nouveau. Aujourd’hui plus qu’hier. D’autant
qu’en ce qui concerne une artiste comme elle, le nombre conséquent de ses
classiques étant ce qu’il est, il pourrait être tout à fait légitime que la grande artiste qu’elle est ne se sente plus tenue
de publier quoi que ce soit de nouveau aujourd’hui. Le succès de sa dernière
tournée, sur le thème de « ses années américaines », en attestait par
ailleurs encore récemment (voir article).
Ben dit donc !
Dignes, Dingues, Donc… est-il un
disque digne d’intérêt ? J’aurais aimé vous répondre par l’affirmatif.
Ce
n’est pourtant pas faute d’avoir eu de très bons échos ici et là. Pourtant,
écoutes après écoutes, rien n’y fait ! Ce Dignes, Dingues, Donc…, malgré
sa courte durée, semble d’abord constamment se chercher d’un titre à l’autre.
Rock FM, Latino, Jazz, Blues,… Si Sanson et ses musiciens maitrisent leurs
sujets à chaque fois à la perfection, l’auditeur mélomane éclectique que je
suis a bien du mal à parvenir à s’installer une bonne fois pour toute dans ce
disque.
Pour
exemple, l’album s’ouvre sur le titre éponyme qui nous met de suite dans
d’assez bonnes dispositions. Sauf que dès le titre suivant, le tempo du très
Blues « Docteur
Jedi Et Mr Kill » fait instantanément retomber la sauce. Son
thème ressassant en plus, une nouvelle fois, les déboires que Véronique
avait eu dans sa relation avec le guitariste/chanteur Stephen Stills (40 ans au moins se sont écoulés depuis, mais bon…).
Si
musicalement le titre est tout à fait réussi, le texte lui semble en revanche avoir
été écrit à la hache en plus de se finir, je trouve, assez prématurément.
Curieuse sensation ici d’une fin presque avortée. Là aussi, Véronique avouait en
promotion qu’elle n’avait plus le même plaisir à enregistrer en studio qu’auparavant.
Ceci pourrait alors expliquer en partie cette sensation de morceaux un peu
expédiés/enregistrés à la « va vite ». Ainsi 8 morceaux sur 10 ne
dépassent pas ici les 3’30. Du rarement, voire jamais vu, chez Véronique
Sanson.
Le
titre qui suit est un joli hommage que rend l’artiste à sa mère décédée
quelques années plus tôt. Poignant et solennel comme il l’est, piano et cordes sont
nécessairement aux avant-postes ici.
L’album
redécolle avec un titre taillé pour la scène comme on dit. Ecrit par l’ami de
longue date Bernard Swell, «Ces Moments-là »
fonctionne très bien et aurait pu être un joli succès radio comme en son temps (1992)
« Rien Que de
L’eau » de l’album Sans Regrets.
Bon ben bof !
A
ce stade de ma chronique, inutile de vous détailler plus encore chaque titre de
cet album, mais une chose m’aura particulièrement chagriné sur ce dernier. En
effet, jamais l’écriture de cette musicienne, que j’admire tant, ne m’était apparue
aussi pauvre, ou en tout cas « tirée par les cheveux » selon
l’expression. Et puis au niveau des thèmes abordés ici, trop souvent Véronique
ressasse les mêmes histoires d’amour. Ces histoires d’amour contrariées, celles
qui continuent de faire mal à l’âme.
Heureusement
sur cet album il y a aussi parfois un peu de lumière. Le duo avec Zaz sur « Zéro de Conduite »
s’avère d’ailleurs tout à fait réussi avec cette jolie dose de dérision sur
l’incapacité qu’ont les deux femmes (de deux générations différentes) à ne
toujours pas trouver chaussure à leur pied… En l’occurrence le bon Bonhomme.
Dans
un esprit proche de « Bahia »,
« Et
s’il était une fois » est une Bossa Nova pleine de soleil qui
contraste là aussi avec la teneur souvent grise des thèmes abordés.
Le
disque se clôt avec ce drôle de titre « La Loi des Poules ». Pour ce morceau, on sent que Véronique
Sanson a voulu offrir quelque chose d’original et de frais. Là
encore, la chanson est malheureusement un peu boiteuse dans le sens où les
rimes employées par Véronique pour
nous compter cette histoire abracadabrante de poule, ne volent pas très haut.
« La
morale c’était pas le loup, ni les p’tits lapins, parlons pas des pingouins qui
sont rentrés dans leur sapin. c’qui est vraiment cool, c’est la loi des poules
qui font le tapin. ».
A
travers ce court extrait, je ne peux me résoudre à accepter qu’une artiste
aussi exigeante qu’elle ose écrire un truc aussi simpliste et surtout aussi
idiot. On dirait du Maé au meilleur
de sa forme. C’est en plus assez mal écrit, difficilement compréhensible, mais
surtout, et je le redis, complètement crétin.
Cet
album un peu boursoufflé aux entournures (principalement dans ses textes) reste
néanmoins tout à fait écoutable puisque joué par d’excellents musiciens (ceux
de Monsieur Eddy le plus souvent).
Mais Dignes,
Dingues, Donc… est d’après moi surtout un disque à réserver aux plus
assidus des fans de ce monument de la chanson française, dites de qualité, que
demeure tout de même Véronique Sanson.
Clip
1 : « Et je l’appelle encore » - Clip 2 : « Zéro de conduite » :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire