lundi 7 mai 2018

VÉRONIQUE SANSON - Dignes, Dingues, Donc… (CD 2016) – par Vincent le Chaméléon



C’est long, c’est court

C’est peu dire que Véronique Sanson s’économise en matière de sorties d’albums ces dernières années. Voyez plutôt : Son excellent 13ième album, Longue Distance, date déjà de 2004, et Plusieurs Lunes lui de 2008.
Ce 15ème album arrive donc 8 ans plus tard, et, de l’avis de tous (compte-tenu de sa longue gestation) il aurait mérité d’être un peu plus fourni qu’il ne l’est au final. 10 titres pour seulement 33 minutes de musique… Avouez qu’il y a de quoi se sentir un tantinet floué sur la marchandise.
Finalement, lors des divers entrevues promotionnelles qu’elle avait accordées aux médias télés et radios, la presque septuagénaire qu’est désormais Véronique Sanson avouait à demi-mot que sortir un nouvel album aujourd’hui était surtout et avant tout prétexte à repartir en tournée (domaine dans lequel elle s’épanouit et se révèle à chaque fois comme personne).
Quand on sait également à quel point les ventes de disques continuent, inexorablement, de dégringoler, on peut comprendre que nombres d’artistes rechignent à enregistrer quoi que ce soit de nouveau. Aujourd’hui plus qu’hier. D’autant qu’en ce qui concerne une artiste comme elle, le nombre conséquent de ses classiques étant ce qu’il est, il pourrait être tout à fait légitime que la grande artiste qu’elle est ne se sente plus tenue de publier quoi que ce soit de nouveau aujourd’hui. Le succès de sa dernière tournée, sur le thème de « ses années américaines », en attestait par ailleurs encore récemment  (voir article).

Ben dit donc !

Dignes, Dingues, Donc… est-il un disque digne d’intérêt ? J’aurais aimé vous répondre par l’affirmatif.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir eu de très bons échos ici et là. Pourtant, écoutes après écoutes, rien n’y fait ! Ce Dignes, Dingues, Donc…, malgré sa courte durée, semble d’abord constamment se chercher d’un titre à l’autre. Rock FM, Latino, Jazz, Blues,… Si Sanson et ses musiciens maitrisent leurs sujets à chaque fois à la perfection, l’auditeur mélomane éclectique que je suis a bien du mal à parvenir à s’installer une bonne fois pour toute dans ce disque.
Pour exemple, l’album s’ouvre sur le titre éponyme qui nous met de suite dans d’assez bonnes dispositions. Sauf que dès le titre suivant, le tempo du très Blues « Docteur Jedi Et Mr Kill » fait instantanément retomber la sauce. Son thème ressassant en plus, une nouvelle fois, les déboires que Véronique avait eu dans sa relation avec le guitariste/chanteur Stephen Stills (40 ans au moins se sont écoulés depuis, mais bon…).
Si musicalement le titre est tout à fait réussi, le texte lui semble en revanche avoir été écrit à la hache en plus de se finir, je trouve, assez prématurément. Curieuse sensation ici d’une fin presque avortée. Là aussi, Véronique avouait en promotion qu’elle n’avait plus le même plaisir à enregistrer en studio qu’auparavant. Ceci pourrait alors expliquer en partie cette sensation de morceaux un peu expédiés/enregistrés à la « va vite ». Ainsi 8 morceaux sur 10 ne dépassent pas ici les 3’30. Du rarement, voire jamais vu, chez Véronique Sanson.   
Le titre qui suit est un joli hommage que rend l’artiste à sa mère décédée quelques années plus tôt. Poignant et solennel comme il l’est, piano et cordes sont nécessairement aux avant-postes ici.
L’album redécolle avec un titre taillé pour la scène comme on dit. Ecrit par l’ami de longue date Bernard Swell, «Ces Moments-là » fonctionne très bien et aurait pu être un joli succès radio comme en son temps (1992) « Rien Que de L’eau » de l’album Sans Regrets.

Bon ben bof !

A ce stade de ma chronique, inutile de vous détailler plus encore chaque titre de cet album, mais une chose m’aura particulièrement chagriné sur ce dernier. En effet, jamais l’écriture de cette musicienne, que j’admire tant, ne m’était apparue aussi pauvre, ou en tout cas « tirée par les cheveux » selon l’expression. Et puis au niveau des thèmes abordés ici, trop souvent Véronique ressasse les mêmes histoires d’amour. Ces histoires d’amour contrariées, celles qui continuent de faire mal à l’âme.
Heureusement sur cet album il y a aussi parfois un peu de lumière. Le duo avec Zaz sur « Zéro de Conduite » s’avère d’ailleurs tout à fait réussi avec cette jolie dose de dérision sur l’incapacité qu’ont les deux femmes (de deux générations différentes) à ne toujours pas trouver chaussure à leur pied… En l’occurrence le bon Bonhomme.
Dans un esprit proche de « Bahia », « Et s’il était une fois » est une Bossa Nova pleine de soleil qui contraste là aussi avec la teneur souvent grise des thèmes abordés.
Le disque se clôt avec ce drôle de titre « La Loi des Poules ». Pour ce morceau, on sent que Véronique Sanson a voulu offrir quelque chose d’original et de frais. Là encore, la chanson est malheureusement un peu boiteuse dans le sens où les rimes employées par Véronique pour nous compter cette histoire abracadabrante de poule, ne volent pas très haut. « La morale c’était pas le loup, ni les p’tits lapins, parlons pas des pingouins qui sont rentrés dans leur sapin. c’qui est vraiment cool, c’est la loi des poules qui font le tapin. ».
A travers ce court extrait, je ne peux me résoudre à accepter qu’une artiste aussi exigeante qu’elle ose écrire un truc aussi simpliste et surtout aussi idiot. On dirait du Maé au meilleur de sa forme. C’est en plus assez mal écrit, difficilement compréhensible, mais surtout, et je le redis, complètement crétin.

Cet album un peu boursoufflé aux entournures (principalement dans ses textes) reste néanmoins tout à fait écoutable puisque joué par d’excellents musiciens (ceux de Monsieur Eddy le plus souvent). Mais Dignes, Dingues, Donc… est d’après moi surtout un disque à réserver aux plus assidus des fans de ce monument de la chanson française, dites de qualité, que demeure tout de même Véronique Sanson.

Clip 1 : « Et je l’appelle encore » - Clip 2 : « Zéro de conduite »  :



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