Voilà du bon gros pavé pour les
amateurs du genre, 950 pages qui vous tiendront la durée de vos
prochains congés payés (on y a encore droit, profitons-en). On est
sur du roman à multiples entrées, axé sur plusieurs personnages, et deux
époques.
Luca Di Fulvio |
Manhattan, le Lower East Side |
Pendant 15 ans, on va suivre la
vie de Cetta Luminata, ses logeurs, ses clients, son maquereau qui la dorlote, les truands qui gravitent
autour, son goût du théâtre et sa coupe garçonne. Joli personnage, elle est résignée, courageuse, subit son sort, n'ayant comme seule pensée l'éducation de son fils.
En parallèle, on va suivre une seconde histoire, centrée sur Christmas Luminata, le fils. On prend sa vie au même âge que sa mère lorsqu’elle a débarqué en Amérique. Le lecteur à un œil sur le présent (point de vue de la mère), et un œil vers le futur (point de vue du fils). Sans qu’aucun récit ne nuise à l’autre, au contraire, ils se complètent.
En parallèle, on va suivre une seconde histoire, centrée sur Christmas Luminata, le fils. On prend sa vie au même âge que sa mère lorsqu’elle a débarqué en Amérique. Le lecteur à un œil sur le présent (point de vue de la mère), et un œil vers le futur (point de vue du fils). Sans qu’aucun récit ne nuise à l’autre, au contraire, ils se complètent.
Christmas Luminata s’intègre
difficilement, frappé du sceau du fils de la putain. Faute d’appartenir à une
bande, il va s’en créer une : les Diamonds Dogs. Christmas est malin, il a du bagout, s’il raconte un truc, on y croit. Il s’invente
une légende, et très vite, le quartier
entier sera épaté par l’ascension du jeune Christmas dans la pègre. Ce qui ne sera pas sans conséquence, les "vrais" gangsters s'intéresseront de près à son cas. S’il a de l’imagination, il a aussi de la chance. Sa vie est faite
de hasard, comme la rencontre avec la famille Isaacsson, dont le grand père a
fait fortune dans le commerce. Savoir qu’il côtoie des gens riches, importants,
c’est bien pour son image…
Adèle et Fred Astaire |
Il est quasiment impossible de
lâcher ce bouquin pendant 600 pages. Luca Di Fulvio use d'un style simple, direct, plus
cinématographique que littéraire. C’est un conteur. Certains passages sont un peu rudes. Mais on est happé immédiatement par
l’histoire et le destin de Cetta, comme des personnages qui feront leur
apparition plus tard, Santo le bon ami, Joey le voyou, Ruth Isaacsson l’héritière,
Bill le psychopathe. Les évènements s’enchainent vite, les années passent,
bientôt les deux époques n’en font qu’une. Mais l’auteur continuera à ramifier
son récit, autour de trois personnages : Bill, Ruth, et Christmas.
La seconde partie abandonne en
chemin, hélas, Cetta et Sal le maquereau (personnage très attachant), qui
passent du statut de personnages secondaires à simples figurants. Un reproche,
car avec le nombre de pages qu’il reste, l’auteur avait largement le temps de
les maintenir à flot. Il privilégie les nouveaux venus. Le caïd de la pègre,
Rothstein (et ses sbires) pas insensible à l’insolence et l’intelligence de Christmas, Cyril le magasinier noir, voisin de Sister Bessie (Smith ?), et Karl,
directeur des programmes d’une radio. Les parents Isaacsson sont encore là,
glissent sur la mauvaise pente, aux prises avec les dettes, l'alcool et les remords. Leur fille Ruth après bien des souffrances, rencontrera son
bienfaiteur, M. Bailey, éditeur, joli personnage aussi. Bill, lui, va découvrir la face cachée de la toute nouvelle Cité des Anges...
Ce livre fait miroiter une
Amérique fantasmée. Cetta n’a qu’une idée en arrivant, que son fils soit
américain. Libre. Qu’il puisse jouir de ce qu’on lui a refusé, à elle. Tous les
personnages rêvent de gloire, d’argent, de vie facile. Fascination qui
fonctionne d’autant plus que l’action se déplace de Manhattan vers Los Angeles,
Hollywood. On croise d’ailleurs quelques célébrités comme Fred Astaire, Duke
Ellington ou John Barrymore. Le roman part des bas-fonds de Lower East Side,
ses luttes syndicales, ses règlements entre voyous, trahisons, exécutions, jusqu'au au
faste des résidences d’Hollywood Boulevard, et des parvenus cocaïnés. Luca Di
Flavio évoque un pays en construction, les communautés noir, juive, italienne, irlandaise, les Ford T. les médias, la domination
par l’image, le glamour, et glisse bien sûr de l’autre côté du décor.
Si les 200 dernières pages (une
paille !) auraient pu être réduites largement de moitié - l’auteur semble
en panne de carburant, peine à se renouveler et ressasse trop à mon goût - LE GANG DES RÊVES reste un très bon plaisir de
lecture, foisonnant, romanesque, prenant. La narration en triptyque rappelle le film
LES AFFRANCHIS de Scorsese, ce n’est sans doute pas un hasard. Il ne serait pas étonnant de voir Cetta et Christmas revivre sur grand écran.
Editions Pocket - 956 pages
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