mardi 24 avril 2018

JOAN BAEZ - "FAREWELL ANGELINA" (1965) - par Pat Slade




Sixième album et quatrième album studio pour «La plus jolie des bonnes sœurs» comme la surnommait Bob Dylan. 




Entre Dylan et Luther King





Avec Bob Gibson, Newport Festival 1959
Celle qui vient de fêter ses 77 ans en janvier, celle qui est l'une des rares survivantes de Woodstock, celle qui a eu déjà deux chroniques dans le Déblocnot’, celle qui se fera connaître à la première édition du festival folk de Newport en juillet 1959, celle qui continue à porter son étendard de la paix sous le bras et sa guitare en bandoulière, est l’une des dernières icônes vivantes de la musique folk et de la country. Qui n’a jamais entendu sa voix pure et limpide ? Qui n’a jamais entendu son  nom ? Beaucoup de personne qui ne connaissent pas son impressionnante discographie, pensent que «Farewell Angelina» fait partie des premiers albums qu’elle a sorti. Pourtant c’est avec le tout premier en 1960 qu’elle aura ses premiers succès comme «East Virginia», la ballade folk «House of the Rising Sun» où l’identité de l’auteur reste incertaine (Je suis désolé pour les fans des Animals, mais ce n’est pas un de leurs morceaux) et le très connu et très doux «Donna Donna». Son second album, en studio lui aussi aura ses hits : «Lily of the West» qu’elle reprendra sur scène en 1995 pendant la tournée «Ring Them Bells» avec sa sœur Mimi Fariña, «Lonesome Road» et «Plaisir D’amour» qui sera, évidemment, chanté en français. Ensuite, elle fera deux albums en concert, un album de demo sorti en 1958 qui sera réédité et en 1964 un album de reprises avant d’arriver à 1965 avec «Farewell Angelina» et sa pochette en noir et blanc avec une Joan Baez les cheveux au vent et vêtue d’un imperméable.  

Avec Martin Luther King
Joan Baez a toujours été une « emmerdeuse civique». Déjà à 16 ans, elle a refusé de quitter la classe de son école pour effectuer un exercice d’évacuation dans les abris anti-bombes en plein guerre froide, ce qui lui vaudra auprès de la population locale le qualificatif de «Communiste infiltrée». Au début des années 60 en tant que pacifiste pure et dure, elle adhère au Mouvement des Droits Civiques, elle participera en 1963 à la marche vers Washington pour le travail et la liberté où elle y chantera «We Shall Overcome», une chanson qui deviendra l’hymne du mouvement. Elle fera beaucoup d’actions de protestation jusqu’en 1965, année de l’enregistrement de «Farewell Angelina», et où elle rejoint Martin Luther King lors des marches de Selma à Montgomery en Alabama.

«Farewell Angelina» : un album ou pas un morceau n’a été écrit par Joan Baez, le titre éponyme est de Bob Dylan qui aurait dû apparaître sur son album «Bringing It All Back Home» mais ce dernier voulant l’enregistrer en une seule fois renoncera. Il ne sera publié qu’en 1991. «Daddy, You Been on My Mind» : Encore un titre de son ancien boyfriend qui subira le même sort que le premier, le titre original «Mama, You Been on my Mind» sera adapté pour Joan.

Avec le Zimm
 «It's All Over Now, Baby Blue» encore une chanson de Dylan qui sera énormément reprise, de Joni Mitchell à Brian Ferry en passant par le Grateful Dead, Marianne Faithfull et Dylan lui-même bien sûr, mais la version de Joan Baez reste la plus belle. «Wild Mountain Thyme» Un titre noté comme un traditionnel alors que c’est juste une chanson folk qui fut enregistrée la première fois en 1957. Mais c’est sûrement dans cette chanson où Joan nous fait entendre la puissance et la pureté de sa voix.

 «Ranger’s Command»  une véritable ballade CowBoys de Woody Guthrie que ce dernier avait enregistré en 1947. «Colours» : Un morceau du folkeux écossais Donovan, elle chantera le titre avec lui en duo au festival folk de Newport en 1965. «A Satisfied Mind» un morceau de Joe «Red» Hayes et Jack Rhodes, beaucoup de reprises aussi pour ce titre, les versions de Johnny Cash et de Jeff Buckley valent toutes les autres.

Avec Donovan
 «The River in the Pines» Encore une chanson recensée comme un traditionnel, mais cette belle ballade mélancolique aurait pu venir de l’ancien continent par son style d’écriture, mais les références à l’Etat du Wisconsin et au fleuve Chippewa montrent indiscutablement qu’elle est bien américaine. Joan Baez aime la France et chante en français au moins une fois dans ses albums. Ses reprises de «Parachutiste» de Maxime le Forestier, «Prendre un enfant par la main» d’Yves Duteil, «Le Déserteur» de Boris Vian et aussi «A tous les enfants» du même auteur, sûrement la plus belle chanson de Boris Vian, encore plus que la première. Elle va aussi reprendre le grand Léo Ferre et «Pauvre Rutebeuf» que l’on retrouve sur cet album.

Après le français, elle va chanter en Allemand : «Sagt Mir Wo Die Blumen Sind», plus connu en anglais : «Where Have all the Flowers Gone», un hymne pacifiste de son idole Pete Seeger. «A Hard Rain’s a Gonna Fall» Encore Bob Dylan pour finir, un morceau inspiré d’une chanson traditionnelle écossaise, plus tard sur scène, dans les années 80, Joan Baez chantera le dernier couplet en imitant Bob Dylan.

«Farewell Angelina» : un classique dans la carrière de Joan, avec elle, le guitariste et percussionniste Bruce Langhorne plus connu pour avoir inspiré Bob Dylan avec le titre «Mr Tambourine Man». 35 albums sans compter les compilations, 60 ans de carrière cette années, des générations charmées par sa voix, fait actuellement sa dernière tournée, elle a annoncée qu’elle arrêtait, Joan Baez fera une halte à l’Olympia pendant 13 jours au mois de juin de cette année.  




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