Voilà
une comédie rondement menée, et en costumes, comme on pouvait en voir dans les
années 60, inspirée des films de Jean Paul Rappeneau ou Philippe De Broca. Ce
dernier ayant souvent dirigé Jean Paul Belmondo, entre autre dans CARTOUCHE ou LES
MARIES DE L’AN II. Et à qui compare-t-on souvent Jean Dujardin, le héros qui
fait son retour ? à Bébel… Sauf que… Le Dujardin, la quarantaine passée,
est physiquement moins svelte, moins virevoltant, plus empâté, mais
l’esprit est là.
Laurent
Tirard se pose en descendant de ces auteurs de comédies, dites de qualité
française (LE PETIT NICOLAS, UN HOMME A LA HAUTEUR, déjà avec Dujardin),
qualificatif qui faisaient hurler les jeunes loups de la Nouvelle Vague. Il
n’empêche, qu’en choisissant le film en costume, le rythme et la construction
du vaudeville, les dialogues débités à la mitraillette, et l’opposition entre
personnages masculin / féminin, Tirard verse dans un cinéma codifié, dont il
réussit souvent, à retrouver le charme.
L’idée
de départ est excellente. Le capitaine Charles-Grégoire Neuville, fiancé à
Pauline Beaugrand, est appelé au front. Il lui promet un amour éternel, et de
lui écrire tous les jours. Il n’en fait rien. Pauline sombre dans la
dépression. Sa grande sœur Elisabeth se substitue au beau
capitaine, et comme dans CYRANO DE BERGERAC, crée de toute pièce une
correspondance, dans laquelle Neuville a le beau rôle, celui du héros. Elle lui
invente des exploits qui redonnent foi et santé à sa jeune sœur. Un peu trop…
Elisabeth se résout à faire mourir son héros épistolaire… Mais Neuville
revient, et compte reprendre sa place…
L’exposition pose la situation avec des scènes courtes, visuelles, une fois les
pièces sur l’échiquier, c’est la suite qui va être intéressante... On tient un vrai ressort de comédie : comment Neuville, le couard, le lâche, le
profiteur, le déserteur (excellente scène de repas avec le général
Mortier-Duplessis) va pouvoir reprendre son rôle de héros, ne sachant rien de
ses exploits, inventés de toutes pièces par Elisabeth ?
En
en faisant des tonnes. En grossissant encore plus le trait. Et dans ce
registre, Jean Dujardin excelle, charmeur et faux-cul comme pas deux, se
complaisant dans le mensonge, prêt à tout pour combler de ses récits la famille
Beaugrand (ah, la mère, excellente Evelyne Buyle, géniale, dévorée
d’admiration !) allant jusqu’à se prétendre propriétaire d’un gisement de
diamants. Ce qui va lui amener quelques investisseurs, dont il va profiter,
inventant à l’occasion le concept de pyramide de Ponzi (modèle d’escroquerie de Stavinski, Madoff…). D'où cet échange entre Neuville et Elisabeth qui souhaite sa part du
gâteau : « je veux 50% » « impossible ! vous êtes une
femme, vous ne pouvez pas gagner autant qu’un homme » ! « Oh ça va, on n’est plus au moyen âge, mais en 1812 ! Il serait temps que ça
change !! » « Bon, 49%... ».
Tirard
aurait sans doute pu aller encore plus loin dans les quiproquos, faire en sorte
que son héros soit menacé d’être démasqué, le pousser dans ses retranchements.
Il invente une intrigue secondaire amusante entre Pauline et son nouveau mari
Nicolas, un type palot, transparent, qu’Elisabeth va aussi manipuler pour la
bonne cause. Le rôle de Pauline réserve aussi quelques surprises, un
tempérament volcanique derrière un minois de jeune vierge.
Le
rythme est soutenu, l’affaire est réglée en 1h30, Tirard se fait plaisir à
filmer décors et costumes, mais sans ostentation, glissant ça et là quelques clins d'oeil (l'ouverture de LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT...). On pourrait reprocher une mise
en scène plutôt académique, mais n'est-ce pas le but de cet
exercice ? Côté casting, tout le monde est
impeccable. Le scénario est joliment troussé, avec quelques allusions
contemporaines bien trouvées (« car c’est notre combat ! vive
l’Empire ! » hurle un Dujardin d'une voix saturée et macronienne...) et la pirouette finale est excellente.
On
sent qu’avoir donné le rôle d’Elisabeth à Mélanie Laurent avait pour but de la
faire sortir de sa sphère « cinéma d’auteur », lui redonner un lustre
populaire. Elle s’en sort pas mal, mais j’aurais tout de même préféré voir une
Sandrine Kiberlain, qui aurait enlevé le tout avec davantage de naturel et
d’insolence.
Une comédie drôle, rythmée et sympathique. Que demande le peuple ?
Une comédie drôle, rythmée et sympathique. Que demande le peuple ?
LE RETOUR DU HÉROS
couleur - 1h30 - format scope
couleur - 1h30 - format scope
Kiberlain ou Laurent ça se discute... Moi perso j'ai adoré le jeu de Mélanie. Et je la trouve en plus bien plus craquante que Sandrine Kiberlain.
RépondreSupprimerLe film est vraiment bien quoi qu'il en soit. Même si un poil trop court.
Moi qui râle d'habitude sur la longueur excessive des films, je te rejoins sur ce point. Dans celui-ci, on aurait pu avoir 10 minutes de rabe pour étoffer les choses !
RépondreSupprimerChaque décennie a les Belmondo qu'elle mérite ... voir que pour celle-ci Belmondo c'est Dujardin (et Delon Danny Boum ?), me fait penser que ...
RépondreSupprimerEuh ... Rien en fait ...
Dans ce cas, ne pense pas. Apprécie, juste. C'est tout... C'est joliment fait, c'est ce qui compte, même si ce n'est pas parfait.
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