Règlement de compte à OK Cervelles !
"Je vais te la booster cette centrale moi... He he" |
Pourquoi
vous parler de ce navet qui nous a bien fait marrer Maggy et moi ? Deux
raisons. D'abord, il est l'archétype de ces films horrifiques des années 50
avec ses règles scénaristiques intangibles : le rôle mineur dévolu à la femme, la
peur de la guerre froide et des bombes A et H, les effets spéciaux anémiques, le charabia pseudo-scientifique*, les militaires
héroïques. (Merci au régiment qui prête les Jeeps.) Et par ailleurs, voici un prototype de presque tous les téléfilms
souvent cons et fauchés, distribués directement en DVD et piliers des
programmes des chaînes du câble comme SyFy et Ciné Fx. (Une spécialité
canadienne savoureuse pour les amateurs friands de série Z. Production The Azylum,
ça ne s'invente pas les "faux amis".)
(*) Toujours vrai, y compris dans des films ambitieux et superbes comme Interstellar du grand Christopher Nolan. On lui pardonne bien volontiers 😇.
Les
producteurs ont dû commencer par dessiner l'affiche qui, à elle seule, résume la quasi
intégralité du scénario du film qui, contrairement aux apparences, a été tourné
en Angleterre, donc :
L'US
Army a installé dans la province canadienne de Manitoba (la région habitable
de l'Amérique du nord la plus proche de la Russie soviétique) une base de surveillance
sol-air des faits et gestes des popofs. Un complexe de puissants radars analyse
les données envoyées par un B52 stratosphérique. (Enfin B52 au décollage et en
l'air, car à l'atterrissage, il manque la moitié des réacteurs – raccords foireux
à partir d'images de propagande de l'US Air Force 😁.) Bref, ces
radars nécessitent pas moins qu'une centrale nucléaire pour fonctionner. Peu
importe que les villageois prennent la dose, les bidasses de la base cherchent
à monter toujours plus loin en puissance… Warning Warning… Quelque chose ou quelqu'un floute
régulièrement les images venues de Sibérie, bigre…
Messieurs, j'ai des nouvelles graves... |
Allo j'écoute... Hiiiiiiiiiiiii |
Seul le
dernier quart d'heure a curieusement permis à cette daube molasse et bavarde de
se hisser au rang de film culte. Héros et personnages secondaires se sont retranchés
dans la maison du Professeur Walgate et de Barbara.
Ils vont survivre à un siège en règle des cerveaux démoniaques. Les cortex belliqueux explosent en gelée de mûre sous les balles, coupent le téléphone, défoncent à
coup de marteaux les planches qui protègent les fenêtres. Quelques victimes par
lâcheté ou excès de courage, mais bordel ça gicle… Règlement de compte à OK Cervelles !
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De Assaut à La nuit des morts vivants |
Ce
film aura des héritiers grâce à quelques idées innovantes :
George Romero aurait-il vu la scène finale de
l'attaque des créatures ? On peut se poser la question en revoyant le siège de
la maison champêtre par ses zombies réanimés par des radiations dans la Nuit des morts
vivants ; le film de 1968 qui
connaîtra un tel succès que les zombies sont devenus un demi-siècle plus tard un
sujet inépuisable de films et de séries. On peut aussi penser à Assaut de John Carpenter.
Les
éclairages lors du compte-rendu d'autopsie avec un inquiétant légiste se
réfèrent à l’expressionnisme allemand d'un Fritz Lang (toute proportion gardée).
Arthur Crabtree était avant tout un directeur
de la photographie, rare point fort de ce long métrage tourné à la va-vite et sans
doute avec un budget misérable.
Le
seul personnage féminin ne décide rien, il parfume l'histoire. Il protège comme une mère son vieux
professeur. Pauvre Barbara ; sur
l'affiche, elle apparait à peine drapée dans une serviette de bain. Il faut bien
attirer le chaland dans ces années pudibondes. Pourquoi ce détail sexy ? Une
scène érotique torride comme dans Game of Thrones ? Une séance piscine
qui dégénère ? Non, tout simplement il y a dans le film un plan de 2 secondes où
la demoiselle sort ainsi de sa salle de bain à l'arrivée du major. Ils
s'embrasseront goulument (habillés) lors de l'affichage de THE
END. Hi hi…
Même
si de nos jours les déplacements reptiliens des encéphales font rigoler, il
faut penser que pour l'époque, l'équipe technique a plutôt bien travailler,
utilisant les méthodes de Ray
Harryhausen, le spécialiste de l'animation
de créatures en pâte à modeler, image par image. Une galère quand les délais
sont courts.
En
un mot ce film est-il sauvable ? Pas vraiment, mais il est le témoignage de
cette époque où les écrans des drive-in yankee amusaient les ados boutonneux
dont les petites copines hurlantes s'agrippaient à tout ce qui pouvait les
rassurer (pas de détails). De là à comparer comme certains ces cervelles en celluloïds
à la créature imaginée par le sculpteur Hans Giger
pour Alien,
heuu… n'exagérons rien…
- Soniaaa, mon petit, vous savez ce qu'il y a à manger
ce midi au self ?
- De la cervelle aux câpres… Bof, pas
terrible…
- Ah heu oui, ok… Je vais aller m'acheter un sandwich jambon-beurre…
- Ma foi M'sieur Claude, après les horreurs sur lesquelles vous me faites bosser, j'en veux bien un aussi…
Le film en vidéo et VO. Vous pouvez aller directement à [1H00:00] pour la séquence la
plus rigolote… Enfin, une dernière photo : l'unique plan "coquin" (et inutile) du film : Barbara sortant de sa douche 😍, surprise par le Major
Cummings !!
Marshall Thompson (Le Major Cumming) plus connu dans son rôle du Docteur Marsh Tracy dans la série Daktari en 1966. Sinon "Fiend without a face" n'est pas un film prise de tête !
RépondreSupprimerDieu du ciel ! Quand j'en entend encore dire que "le cinéma d'aujourd'hui, c'est plus comme avant...", il y a des fois ou l'on se dit que c'est tant mieux. Quelle crétinerie ! Il faut le voir pour le croire un truc pareil.
RépondreSupprimerPat faisais-tu ici même référence au film "Les yeux sans visages" (Eyes Without a Face) ou pas du tout ?
Hi hi Vincent...
SupprimerBon ta remarque ne concerne que ce genre de nanar SF je suppose, pas Fellini ou De Sica et le cinéma noir US avec Bogart... Car de nos jours il y a par exemple "les castors zombies" tourné bien récemment, un truc insensé que je garde pour une autre occasion :o)
Les yeux sans visages : un film génial de Franju avec Edith Scob et Pierre Brasseur. Glaçant car réaliste (sorti en effet avec le titre "Eyes Without a Face" en Angleterre. Le titre d'une chanson de Billy Idol aussi, mais ça tu connais sans doute...
On ne peut rien te cacher Claude. J'ai d'ailleurs vu ce film très récemment ("Les yeux sans visages"). A l'origine, ma curiosité avait été piqué justement parce que Billy Idol avait fait état de ce film qui, plus tard, lui avait inspiré ce titre très connu de son répertoire. Le chanteur et son producteur étaient même allez jusqu'à inclure volontairement les chœurs féminins en français dans le refrain de ce morceau. Et oui M'sieur !
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