- Un peu de thé Nema ? De
la tarte aux noisettes du Piémont ?
- Merci Sonia. Quelle
délicieuse idée ce mariage thé anglais et gâteau italien ! J’apporte justement
une chronique sur un roman qui se passe
à Londres, mais dont l’auteur, Alessandro Baricco, est Turinois.
- Et c’est quel genre, ce
roman ? Tueur en série dans les brumes londoniennes ?
- Mais pas du tout Sonia.
C’est l’histoire d’un écrivain, Mr Gwyn, qui décide d’arrêter d’écrire mais qui
va écrire quand même…
Alessandro Baricco |
Deux
personnages dans ce roman suivent ce pauvre Jasper dans les méandres de sa recherche d’un nouveau métier.
Difficile à comprendre ce métier bizarre de copiste des gens, d’écriture de
portraits. Tom Bruce Shepperd, l’agent et ami de Jasper, a du mal à admettre la décision initiale d’arrêter
d’écrire. Pour lui un écrivain a ça dans la peau et tôt ou tard Jasper va
retourner au clavier (sous-entendu d’ordinateur, mais on ne dit plus retourner
à sa plume, ça fait ringard). Cet ami fidèle ne peut pas ne pas garder contact
avec Jasper. Et c’est lui, Tom, qui introduit ce deuxième
personnage très important dans cette histoire : Rebecca. Tout d’abord agent
de liaison ente Tom et Jasper, elle devient ensuite le
révélateur ! Vous savez, ce produit qui permettait, lorsqu’on développait sur
papier une photo issue d’une pellicule argentique en noir et blanc, de voir
apparaître petit à petit, dans la chambre obscure baignée d’une sombre lumière
rouge, l’image tant attendue. Pour poursuivre ce parallèle avec la chambre
noire, l’atelier de Jasper Gwyn est
baigné d’une lumière spéciale, très spéciale. Rebecca va être le révélateur du premier portrait écrit. Mais chut
! Je n’en dirai pas plus.
Mr Gwyn est un roman
qui nous promène dans différents lieux. Un petit hôtel en Espagne (juste pour
quelques jours de vacances). Et surtout des laveries (ambiance tambours qui
tournent et magazines feuilletés pour passer le temps), une galerie de tableaux
(juste pour une petite visite et un temps de réflexion sur quelques peintures),
la boutique d’un artisan d’un genre très particulier et un atelier pour
recevoir les modèles : l’atelier de Jasper
Gwyn, avec tout un aménagement original.
Côté
musique, que trouvons-nous dans ce livre ? Alessandro
Baricco est musicologue en plus d’être écrivain, alors il
s’amuse un peu. Jasper Gwyn contacte
un ami compositeur David Barber
(clin d’œil à Samuel Barber ?). Ce
musicien original a, entre autres, un griffon vendéen appelé Martha Argerich (donner à un chien le nom
de cette fougueuse pianiste, un hommage ?). Et il va composer une œuvre d’une
très très grande durée (60 heures) et d’un genre très très novateur sur la
commande de Jasper. Pas une
succession de bruits, plutôt des sons, pas de mélodie, non plutôt une ambiance
sonore. A vous de l’entendre en lisant.
Alessandro Baricco est un écrivain italien, contemporain
(né en 1958), auteur de nombreux romans, d’essais, de pièces de théâtre. Je
trouve son style fluide et plaisant (merci à la traductrice Lise Caillat). Beaucoup d’idées originales
dans chacune de ses œuvres.
Bonne
lecture !
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