Chassez le naturel…
En 2012, après avoir publié Psalms
for the Dead, Leif Edling, bassiste
fondateur et grand ordonnateur de Candlemass, décidait de mettre un
terme définitif à sa formation. Rincé, usé et lessivé comme il l'avait alors
révélé dans la presse, l'homme, victime du mal de notre triste siècle (le Burn
Out), y affirmait sa volonté de relever durablement le pied avant un possible
crash en devenir.
Pourtant, et contre toute
attente, Leif Edling crée assez
rapidement un nouveau projet peu de temps après ses dernières et tonitruantes
révélations ; projet qu'il compte initialement mener en compagnie du leader de Opeth,
Mickael Akerfeld. Finalement, bien trop pris (lui aussi) par ses propres engagements, le
chanteur d'Opeth préférera
abandonner l'idée avant la réalisation du premier album. C'est alors que, sur
proposition du guitariste Marcus Jidell (ex Evergrey), ce dernier proposera a Leif d'auditionner une parfaite inconnue en
la personne de Jennie-Anne Smith (compagne du guitariste).
Il est important de souligner que la
Dame n'avait alors jamais œuvré dans aucunes formations dites de Metal
jusqu'alors. D'ailleurs son chant n'est en rien rageur, agressif ou vindicatif.
C'est même tout le contraire. Il nous conte et il nous caresse comme pour mieux
contrebalancer avec cette musique lourde, pesante et oppressante. Car il faut
bien avouer aussi que de ce côté-là, que ce soit sur l'album éponyme ou sur le
suivant (le tout aussi réussi The Girl with the Raven Mask de 2015), AVATARIUM reprendrait finalement là où Candlemass
s'était lui interrompu quelques temps plus tôt : Guitares aux riffs écrasants,
orgue Hammond discret mais omniprésent, etc. Si ce n'est la présence d'une
chanteuse (si jolie soit-elle) en son sein, Leif Edling ne virait aucunement de bord côté partitions.
Démons et merveilles
En 2017, c'est sans crier gare que le
quintette suédois sort son troisième album en à peine 5 années
d'existence. Pour un groupe que l'on aurait pu croire éphémère, avouez qu'il y
a de quoi être cueilli !
Cette fois-ci on ne pourra pas taxer le groupe de continuer à vivre sur ses acquis. En effet, il ne faudra pas longtemps à l'auditeur pour s'apercevoir que Hurricanes and Halos est un disque qui se démarque fortement de ses deux frères jumeaux, dans la mesure où son Doom Sabbathien s'estompe souvent au profit d'une musique plus enlevée et vivifiante qu'auparavant ; à l'instar de ses deux excellents premiers morceaux d'introduction, dont les tempi se font nettement plus virils que ce à quoi la formation scandinave nous avait jusque-là habitués (voir le clip "The Starless Sleep").
Du coup, il en résulte un album d'une
très grande diversité, et un disque ou l'hypnotique Jennie-Anne Smith laisse aussi davantage de place aux
musiciens qui l'entourent. Il n'est alors pas rare que de longues et belles
plages instrumentales, à grands coups d'orgue et de guitares torturées et/ou
pleines de feeling, nous embarquent en territoires Psyché/Prog aux forts
relents de Hard Rock typé 70'.
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Couleurs Blues sur un titre, pulsation
rythmique d'inspiration Jazz sur un autre, chœurs d'enfants sur le
labyrinthique "Medusa Child" et ses 9 minutes de vertiges ascensionnels, ambiance
folk sur la première moitié de "Road to
Jerusalem"ou instrumental éthéré sur le
vaporeux titre éponyme, bref vous l'aurez compris, "variations"
est le maître mot pour qualifier ce Hurrricanes
and Halos particulièrement goûteux.
Désireux de
nous offrir un disque de qualité constante à chaque fois, les musiciens ne cherchent jamais à "produire pour le plaisir produire".
7 morceaux sur leur premier album, 8 sur le suivant et de nouveaux 8 titres sur
celui-ci pour tout juste 45 minutes de musique sans remplissage ni choses
superflues, voilà aussi ce qui fait la force d'un tel disque. Du travail comme
on n'en fait (presque) plus finalement !
Je veux enfin faire remarquer qu'en n'hésitant pas à délaisser souvent l'univers sombre et Doom de son proche cousin Candlemass, tout en ayant le désir de se débarrasser aussi de la table des lois du grand Black Sabbath (si chère à Leif Edling), AVATARIUM n'avait encore jamais sonné de façon aussi sincère et personnelle. Sans doute désireux d'être seulement et avant tout lui-même. Mission pleinement réussie !
Il est à souhaiter qu'avec un disque
comme celui-là, de nouveaux adeptes de la formation scandinave se manifestent
en plus grand nombre dans un futur très proche. Ce qui ne serait que justice.
C'est là tout le mal que je leur souhaite.
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