lundi 29 janvier 2018

AVATARIUM - Hurricanes and Halos (CD 2017) – par Vincent le Chaméléon



Chassez le naturel…

En 2012, après avoir publié Psalms for the Dead, Leif Edling, bassiste fondateur et grand ordonnateur de Candlemass, décidait de mettre un terme définitif à sa formation. Rincé, usé et lessivé comme il l'avait alors révélé dans la presse, l'homme, victime du mal de notre triste siècle (le Burn Out), y affirmait sa volonté de relever durablement le pied avant un possible crash en devenir. 
Pourtant, et contre toute attente,  Leif Edling crée assez rapidement un nouveau projet peu de temps après ses dernières et tonitruantes révélations ; projet qu'il compte initialement mener en compagnie du leader de Opeth, Mickael Akerfeld. Finalement, bien trop pris (lui aussi) par ses propres engagements, le chanteur d'Opeth préférera abandonner l'idée avant la réalisation du premier album. C'est alors que, sur proposition du guitariste Marcus Jidell (ex Evergrey), ce dernier proposera a Leif d'auditionner une parfaite inconnue en la personne de Jennie-Anne Smith (compagne du guitariste). 
Il est important de souligner que la Dame n'avait alors jamais œuvré dans aucunes formations dites de Metal jusqu'alors. D'ailleurs son chant n'est en rien rageur, agressif ou vindicatif. C'est même tout le contraire. Il nous conte et il nous caresse comme pour mieux contrebalancer avec cette musique lourde, pesante et oppressante. Car il faut bien avouer aussi que de ce côté-là, que ce soit sur l'album éponyme ou sur le suivant (le tout aussi réussi The Girl with the Raven Mask de 2015), AVATARIUM reprendrait finalement là où Candlemass s'était lui interrompu quelques temps plus tôt : Guitares aux riffs écrasants, orgue Hammond discret mais omniprésent, etc. Si ce n'est la présence d'une chanteuse (si jolie soit-elle) en son sein, Leif Edling ne virait aucunement de bord côté partitions.   

Démons et merveilles

En 2017, c'est sans crier gare que le quintette suédois sort son troisième album en à peine 5 années d'existence. Pour un groupe que l'on aurait pu croire éphémère, avouez qu'il y a de quoi être cueilli !

Cette fois-ci on ne pourra pas taxer le groupe de continuer à vivre sur ses acquis. En effet, il ne faudra pas longtemps à l'auditeur pour s'apercevoir que  Hurricanes and Halos est un disque qui se démarque fortement de ses deux frères jumeaux, dans la mesure où son Doom Sabbathien s'estompe souvent au profit d'une musique plus enlevée et vivifiante qu'auparavant ; à l'instar de ses deux excellents premiers morceaux d'introduction, dont les tempi se font nettement plus virils que ce à quoi la formation scandinave nous avait jusque-là habitués (voir le clip "The Starless Sleep"). 
Du coup, il en résulte un album d'une très grande diversité, et un disque ou l'hypnotique Jennie-Anne Smith laisse aussi davantage de place aux musiciens qui l'entourent. Il n'est alors pas rare que de longues et belles plages instrumentales, à grands coups d'orgue et de guitares torturées et/ou pleines de feeling, nous embarquent en territoires Psyché/Prog aux forts relents de Hard Rock typé 70'. 

Ajouter une légende
Disons-le tout net, sur ce disque les musiciens d'AVATARIUM auront osé comme jamais auparavant en s'autorisant à passer d'un registre à un autre avec une ingéniosité qui ne peut que forcer l'admiration. 

Couleurs Blues sur un titre, pulsation rythmique d'inspiration Jazz sur un autre, chœurs d'enfants sur le labyrinthique "Medusa Child" et ses 9 minutes de vertiges ascensionnels, ambiance folk sur la première moitié de "Road to Jerusalem"ou  instrumental éthéré sur le vaporeux titre éponyme, bref vous l'aurez compris, "variations" est le maître mot pour qualifier ce Hurrricanes and Halos particulièrement goûteux.

Désireux de nous offrir un disque de qualité constante à chaque fois, les musiciens ne cherchent jamais à "produire pour le plaisir produire". 7 morceaux sur leur premier album, 8 sur le suivant et de nouveaux 8 titres sur celui-ci pour tout juste 45 minutes de musique sans remplissage ni choses superflues, voilà aussi ce qui fait la force d'un tel disque. Du travail comme on n'en fait (presque) plus finalement !

Je veux enfin faire remarquer qu'en n'hésitant pas à délaisser souvent l'univers sombre et Doom de son proche cousin Candlemass, tout en ayant le désir de se débarrasser aussi de la table des lois du grand Black Sabbath (si chère à
Leif Edling), AVATARIUM n'avait encore jamais sonné de façon aussi sincère et personnelle. Sans doute désireux d'être seulement et avant tout lui-même. Mission pleinement réussie !

Il est à souhaiter qu'avec un disque comme celui-là, de nouveaux adeptes de la formation scandinave se manifestent en plus grand nombre dans un futur très proche. Ce qui ne serait que justice. C'est là tout le mal que je leur souhaite.






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