IT’S
TOO LATE TO STOP NOW est la dernière phrase
prononcée par Van Morrison à la fin de ce double album, que d’aucuns considèrent
comme le meilleur enregistrement live du bouillant irlandais. J'abonde - comme disait James. L’enregistrement
est issu de trois shows donnés en Californie et à Londres à l'été 1973. Rien n’a
été retouché au mixage, c’est un live brut. Les meilleures prises ont été
sélectionnées, comme cela se faisait à l’époque, pour créer un double album. L’histoire
veut que la chanson « Moondance » pourtant très populaire, ait été écartée car le guitariste
avait commis une fausse note ! Il ne transige pas le Van. Depuis, les
trois concerts, complets, sont ressortis en coffret. Je n’ai pas choisi cette
formule, mais l’album que Morrison avait supervisé à l’époque.
En
1973, Van Morrison a déjà une belle carrière derrière lui, avec le groupe THEM
(1964-66) puis son départ aux USA, à Woodstock, il est voisin de Bob Dylan, et côtoie donc The Band... Morrison n’est
jamais là où on l’attend, au grand dam de ses maisons de disques, alternant des
disques radicaux ou plus commerciaux, et parvenant a glissé quelques tubes dans
les charts. Il est connu pour deux choses : sa grande gueule, et sa grande
gueule. Une voix de stentor, et un caractère de cochon. Le genre à saboter un
disque juste pour faire chier, par caprice. Parler de Van Morisson comme d’un
chanteur de rock serait très réducteur. On avait évoqué Tom Jones sur ce blog,
Morrison boxe dans la même catégorie vocale, mais c’est aussi et surtout un musicien et un
compositeur.
Depuis
le début des années 70, il a réuni autour de lui un groupe qui ne ressemble pas
aux autres. Ou alors à The Band ? Y'a le guitariste John Platania, le
bassiste David Hayes, le pianiste et saxophoniste Jeff Labes, le batteur David
Shaw. Très actifs sur les enregistrements studios (ça improvise énormément pour
créer des atmosphères) ce sont ces mêmes musiciens qu’on retrouve sur ce live,
avec un quatuor à cordes.
Un
départ rhythm’n’blues bien cuivré avec « Ain’t nothin’ you can do »
et un Van Morrison déjà très en voix. C’est sur la très belle « Into the
mystic » (de l’album MOONDANCE) que la petite section de violons
intervient pour la première fois, comme un petit courant d’air frais, qui vient
souligner la chanson. Toujours puisé dans MOONDANCE la géniale « These
dreams of you » avec son groove shuffle, et les chorus croisés de sax et
trompette. Et puisqu’il cite Ray Charles dans son texte, en voilà une reprise
du grand Ray, le blues « I believe to my soul » et encore cette
trompette qui s’envole sur un lit de violons.
On
passe au funk avec « I’ve been working » dont on connaissait
la version de Bob Seeger sur son live de 1976. Jack Schoer y brille au
saxophone. A peine terminée que le pianiste lance le riff de « Help me »
le classique blues de Sonny Boy Williamson, dont le nombre de versions est à
peu près égal au nombre de conquêtes de Warren Beatty. « Wild Children »
radoucit l’ambiance, chanson tirée de son album sorti 6 mois plus tôt HARD NOSE
THE HIGHWAY, une ballade qui va verser vers le jazz, trompette bouchée, piano virevoltant.
Encore un tube avec « Domino » tiré de HIS BAND AND THE STREET CHOIR
(1970) un disque que son auteur déteste, renie, pressé par sa maison de disque
de donner un successeur à MOONDANCE. Ce fut un bide, mais le titre « Domino »
va bien marcher à la radio. Autre reprise d’un classique, le blues « I
just want to make love to you » écrit par Willie Dixon, que Muddy Waters
va rendre célèbre, et repris par une pléiade de gens, d’Etta James au groupe
Foghat, dans une version poisseuse dont notre camarade Bruno ne s’est toujours pas remis.
Avec le deuxième disque, les titres vont se rallonger, offrant une plus grande diversité de styles. Ca commence avec le classique de Sam Cooke « Bring it on home to me », que Van Morrison interprètera souvent. Comme souvent il casse souvent les morceaux, fait redescendre l’orchestre, une machine parfaitement huilée qui obéit au moindre geste, la moindre intonation du chanteur. Des musiciens pour certains venus du jazz (on dit que sur ASTRAL WEEK il les avait castés parce qu’ils étaient moins chers que les musiciens pop !), rompus aux fulgurances de leur leader, qui improvise beaucoup. Sur ce disque, et c’est le seul regret qu’on pourrait avoir, Morrison se contente du micro, mais je ne joue ni de guitare, d’harmonica ou de saxophone. « Saint Dominic’s preview » tiré de l’album du même nom, se développe sur 6 minutes, richement orné de violons et de cuivres, et Morrison enchaine avec un délicieux blues lent swinguant à souhait « Take your hand of my pocket » de Sonny Boy Williamson. On s'amusera l’imitation d’une sirène de police par le guitariste.
Avec le deuxième disque, les titres vont se rallonger, offrant une plus grande diversité de styles. Ca commence avec le classique de Sam Cooke « Bring it on home to me », que Van Morrison interprètera souvent. Comme souvent il casse souvent les morceaux, fait redescendre l’orchestre, une machine parfaitement huilée qui obéit au moindre geste, la moindre intonation du chanteur. Des musiciens pour certains venus du jazz (on dit que sur ASTRAL WEEK il les avait castés parce qu’ils étaient moins chers que les musiciens pop !), rompus aux fulgurances de leur leader, qui improvise beaucoup. Sur ce disque, et c’est le seul regret qu’on pourrait avoir, Morrison se contente du micro, mais je ne joue ni de guitare, d’harmonica ou de saxophone. « Saint Dominic’s preview » tiré de l’album du même nom, se développe sur 6 minutes, richement orné de violons et de cuivres, et Morrison enchaine avec un délicieux blues lent swinguant à souhait « Take your hand of my pocket » de Sonny Boy Williamson. On s'amusera l’imitation d’une sirène de police par le guitariste.
De
l’album pré-cité, on a l’immense « Listen to the lion », une longue
plainte de 9 minutes, comme Morrison en avait composées sur ASTRAL WEEKS (1968)
son deuxième disque solo après la période THEM. On appelle ça un morceau de
bravoure, tout en feelin’, hurlements douloureux, au final impressionnant. Un
titre que le jeune Springsteen a dû écouter en boucle, on y retrouve des
éléments dans des titres comme « New York City Serenade ». « Here’s
comes the night » est plus court, pop, rythmé, écrit par Bert Berns, l’auteur
du fameux « Twist and shout » repris par les Beatles. Ovation pour le
tube « Gloria » « I’m talking about my baby, G... L... O... R... I... A... » qui fera les beaux jours de Patty Smith et de l'autre Morrison, le Jim (les Doors avaient fait la première partie de Van Morrison lors de la tournée américaine de THEM en 66, y'a pas de hasard...). On
n’en compose pas beaucoup dans sa carrière des tueries pareilles ! Van
Morrison la chante à la manière d’un James Brown, reprenant les intonations et
tics du godfather of soul, ça vire à la jam funky, c’est juste énorme !
« Caravan »
s’étire sur 9 minutes, le quatuor à cordes y fait des merveilles, Van Morrison
présente ses musiciens, et on peut vraiment apprécier le boulot hallucinant du
pianiste Jeff Labes qui fait courir ses doigts sur le clavier. Pour le final,
encore un long titre, les incroyables 10 minutes de « Cyprus Avenue »
(une avenue de Belfast où Morrison aimait errer au calme) une chanson d’ASTRAL
WEEK, sans doute un disque aussi important que SERGENT PEPPER dans la manière
de casser les codes des disques pop, où on ouvre toutes grandes portes et fenêtres vers les transes vaporeuses. Le terme est galvaudé,
mais sur cette version on sent la réelle communion entre le chanteur, son
public et son orchestre. Et donc, ce « It’s too late to stop now ! »
hurlé avant le déchainement du final.
Mais
ce n’est jamais too late pour écouter ce disque fabuleux, qui traverse la musique soul,
funk, jazz, blues, pop, qui donne un parfait reflet de la musique de Van Morrison, au
mieux de sa forme.
On écoute "Caravan" et un de ses titres célèbres "Brown eyed girl" joué sur la tournée, mais absent de la sélection.
Content de voir que tu as retrouvé la télécommande de la chaîne hifi ...
RépondreSupprimerSinon, ce Morrison là, y'a pas grand chose à jeter de ses dix premières années. Ça tombe bien, elles s'achèvent en 74 avec ce live grandiose.
Après, c'est plus compliqué, un à écouter et cinq à jeter ...
D'après les journaleux, une des plus belles têtes de lard du music business, mais quelle voix ... et quelle présence incandescente sur scène à cette époque-là ...
"... au groupe Foghat" , aahhh ... ça fait du bien. C'est rien, mais ça fait du bien quand même. (il faut savoir se contenter de peu ...).
RépondreSupprimerSinon, ce Van, il aurait pas un peu pompé sur Springsteen ? [ :-))]