mardi 14 novembre 2017

GENS DE LA LUNE - UN ASTRE AU SOLEIL - par Pat Slade









Francis Decamps un Ange sur orbite





Francis Decamps surnommé «Didou» à été le maillon musical d’Ange à la grande époque où les deux frangins étaient ensemble. Il a même mis sa voix sur quelques titres comme «Le chien, la poubelle et la rose», «Le nain de Stanislas». Tout en continuant avec le groupe, il commencera en 1979 sa carrière solo avec «Histoire de Fou» suivi de trois autres albums avant d’abandonner les claviers d’Ange au soir du concert d’adieu du groupe le 6 décembre 1995 au Zénith de Paris. Ce sera son neveu Tristan qui prendra la place désormais vacante. De son coté, Francis prendra une année sabbatique, comme un tigre, il va rejoindre la jungle pour se reposer et se ressourcer, et puis petit à petit il va sortir de sa retraite en composant pour certains et mettre son savoir-faire au service de jeunes groupes en soif de carrière. A partir de 2005, il fera un partenariat avec Jean-Philippe Suzan, il composera et produira son premier album «Couleur Métis». L’entente entre les deux hommes est si parfaite qu’ils décident de partir pour une aventure qu’ils baptiseront Gens de la Lune.

Jean-Philippe Suzan
Il faut d’abord réunir un groupe solide et après une valse de musiciens où même Gérard Jelsch, le batteur de l’Ange historique, fera un rapide passage, Gens de la Lune se stabilisera définitivement en 2013, ce qui ne les empêchera pas de rester les deux pieds dans le même sabot. En 2008 sortira le premier album du groupe appelé simplement «Gens de la Lune» et c’est à l’écoute du disque que l’on se rend compte que Francis n’a rien perdu de son talent et on prend un réel plaisir à l’écoute de cet album qui est digne de la tradition du rock progressif français. On y retrouve du Ange première époque avec des titres comme «Satanas» ou «Amours Impudiques». Trois années plus tard et beaucoup de concerts à la clé, sort «Alors joue ?» la seconde galette du groupe qui remet le couvert avec «Quel Désastre», «Le Meilleur pour la Fin» ou «Pianoforte», la magie prend toujours.

Sur scène, le spectacle est présent. Gens de la Lune et Francis Decamps sont leader-dealer de phrases musicales en donnent pour votre argent (Mais le coté monétaire n’est que secondaire !), des musiciens de première classe, entre la guitare de Damien Chopard, la basse de Mathieu Desbarats, la batterie de Cédric Mells et pour compléter le tout, la voix puissante et énergique de Jean-Philippe Suzan. Francis, lui, ne reste plus derrière ses claviers, il se plante au milieu de la scène avec une guitare et, chose que je ne savais pas, ce dernier est gaucher. Mais l’artiste depuis ses débuts en 1969 est toujours aussi «Fou» et est un show man accompli. Toujours aussi mouvant, les cheveux tombant sur les épaules mais qui ont disparu sur le crâne (Mon seul point commun avec lui), maquillé comme Peter Gabriel à l’époque de son «Plays Live» en 1983, il n’a rien perdu de son talent. 

Léon Deubel
Gens de la Lune est un groupe qui tourne énormément et qui participe à beaucoup de festivals de prog ; ils étaient encore au PEB cette année avec la promotion de leur opéra rock «Épitaphe (hommage à Léon Deubel)». Mais qui est Léon Deubel ? Léon Deubel était un poète qui ne connaitra pratiquement que la misère tout au long de sa vie et qui se suicidera à 34 ans en plongeant dans la Marne, un des derniers poètes maudits. Et donc Francis Decamps va rendre hommage à cet écrivain Belfortain dans un opéra rock en douze tableaux. 

Avec la longue l’introduction de «Brillant Embryon» le ton est donné et nous sommes dans le bain où la touche des claviers de Francis vous disent déjà ce que sera la suite des évènements. Un titre qui se terminera par la lecture d’un poème de Léon Deubel. Tout les titres sont un subtil mélange d’histoires qui ne sont pas sans me rappeler «La gare de Troyes» d’Ange, et «Mon Axiome Bleu Indigo» fait partie de ceux-la avec un très beau final. «Le Baume Érotique» Sept minutes de battle d’instruments où on peut y retrouver du King Crimson. «Quelques Détresses» De l’Ange de la grande époque, du grand Francis Décamps ! «Sous Off Horreur» : Entre la correspondance de Léon Deubel à son ami Eugène Chabot qui nous fait voir comment l’armée voyait les poètes à cette époque «Détourne-toi des rêvasseries, toi l’élégant rimailleur. Une autre philosophie, viendra te rendre meilleur».

«Cueillir Les Secrets de l’Aube» où le son de l’accordéon se fait entendre. «Les Arts» : Un morceau plus rythmé, qui représente l’époque ou Léon Deubel sera en Italie et y vivra peut être les meilleurs moments de sa courte vie. Je n’ai pas distillé tout les titres, mais ils sont excellents tous autant les uns que les autres. Un coffret de deux CD accompagné d’un très beau livret illustré par Ellen Van Werkhoven, le tout enveloppé avec une reliure façon vieux livre en cuir.

Jusqu’au dernier titre de ce double disque, les claviers de Francis sortent leurs lignes mélodiques et mélodieuses dont lui seul en a le secret, un sorcier du clavier, un enchanteur du progressif made in France. J’ai toujours été un inconditionnel du son Ange, mais depuis que les frères Decamps se sont séparés, je trouve que les arpèges de Gens de la Lune son plus proches de ce que faisait Ange avant. Un seul petit reproche… Rééditez les deux premiers albums !

 «Épitaphe» un album droit dans la lignée de «Sève qui peut» d’Ange, «Hommage à Roger Comte» de Francis Decamps ou plus éloigné «Portrait» de Try Yann qui parlait de plusieurs personnages de la culture bretonne et surtout un long passage sur l’affaire Guillaume Seznec. «Épitaphe», une pâtisserie trois étoiles ou l’indigestion ne sera pas au menu. 

Avec Gens de la Lune et Francis Decamps, un Ange est revenu ! Avec Gens de la Lune l'éclipse n'est pas pour demain

P.S : Merci à Cathy pour le Teeshirt et l’album «Épitaphe» qu’elle m’a offert après avoir vu le groupe en live au Festival Prog en Beauce 2017.




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