Francis Decamps un Ange sur orbite
Francis Decamps
surnommé «Didou»
à été le maillon musical d’Ange à la grande
époque où les deux frangins étaient ensemble. Il a même mis sa voix sur quelques
titres comme «Le
chien, la poubelle et la rose», «Le nain de Stanislas». Tout en continuant avec
le groupe, il commencera en 1979 sa
carrière solo avec «Histoire de Fou» suivi de trois autres albums
avant d’abandonner les claviers d’Ange au soir
du concert d’adieu du groupe le 6 décembre 1995
au Zénith de Paris. Ce sera son neveu Tristan
qui prendra la place désormais vacante. De son coté, Francis prendra
une année sabbatique, comme un tigre, il va rejoindre la jungle pour se reposer
et se ressourcer, et puis petit à petit il va sortir de sa retraite en
composant pour certains et mettre son savoir-faire au service de jeunes groupes en
soif de carrière. A partir de 2005,
il fera un partenariat avec Jean-Philippe Suzan,
il composera et produira son premier album «Couleur Métis». L’entente entre les deux
hommes est si parfaite qu’ils décident de partir pour une aventure qu’ils
baptiseront Gens
de la Lune.
Jean-Philippe Suzan |
Il
faut d’abord réunir un groupe solide et après une valse de musiciens où
même Gérard Jelsch, le batteur de l’Ange historique, fera un rapide
passage, Gens
de la Lune se stabilisera définitivement en 2013, ce qui ne les empêchera pas de rester les deux pieds dans le
même sabot. En 2008 sortira le
premier album du groupe appelé simplement «Gens de la Lune» et c’est à l’écoute du disque
que l’on se rend compte que Francis n’a rien
perdu de son talent et on prend un réel plaisir à l’écoute de cet album
qui est digne de la tradition du rock progressif français. On y retrouve du Ange première époque avec des titres comme «Satanas»
ou «Amours
Impudiques». Trois années plus tard et beaucoup de concerts à la
clé, sort «Alors
joue ?» la seconde galette du groupe qui remet le couvert avec
«Quel
Désastre», «Le Meilleur pour la Fin» ou «Pianoforte»,
la magie prend toujours.
Sur
scène, le spectacle est présent. Gens de la Lune et Francis
Decamps sont leader-dealer de phrases musicales en donnent pour votre
argent (Mais le coté monétaire n’est que
secondaire !), des musiciens de première classe, entre la guitare de Damien Chopard, la basse de Mathieu
Desbarats, la batterie de Cédric Mells et
pour compléter le tout, la voix puissante et énergique de Jean-Philippe Suzan. Francis, lui, ne reste plus derrière ses claviers, il se plante au milieu de la scène
avec une guitare et, chose que je ne savais pas, ce dernier est gaucher. Mais l’artiste
depuis ses débuts en 1969 est
toujours aussi «Fou» et est un show man
accompli. Toujours aussi mouvant, les cheveux tombant sur les épaules mais qui
ont disparu sur le crâne (Mon seul point
commun avec lui), maquillé comme Peter Gabriel
à l’époque de son «Plays Live» en 1983, il n’a rien perdu de son talent.
Léon Deubel |
Gens de la Lune est un groupe qui tourne énormément
et qui participe à beaucoup de festivals de prog ; ils étaient encore au PEB
cette année avec la promotion de leur opéra rock «Épitaphe (hommage à Léon Deubel)».
Mais qui est Léon Deubel ? Léon Deubel était un poète qui ne connaitra
pratiquement que la misère tout au long de sa vie et qui se suicidera à 34 ans
en plongeant dans la Marne, un des derniers poètes maudits. Et donc Francis Decamps va rendre hommage à cet écrivain
Belfortain dans un opéra rock en douze tableaux.
Avec
la longue l’introduction de «Brillant Embryon» le ton est donné et nous
sommes dans le bain où la touche des claviers de Francis
vous disent déjà ce que sera la suite des évènements. Un titre qui se terminera
par la lecture d’un poème de Léon Deubel. Tout les
titres sont un subtil mélange d’histoires qui ne sont pas sans me rappeler «La gare de
Troyes»
d’Ange, et «Mon Axiome Bleu Indigo» fait partie de ceux-la
avec un très beau final. «Le Baume Érotique» Sept minutes de battle
d’instruments où on peut y retrouver du King Crimson.
«Quelques
Détresses» De l’Ange de la grande époque, du grand Francis Décamps ! «Sous Off Horreur»
: Entre la correspondance de Léon Deubel à son ami
Eugène Chabot qui
nous fait voir comment l’armée voyait les poètes à cette époque «Détourne-toi des rêvasseries, toi l’élégant
rimailleur. Une autre philosophie, viendra te rendre meilleur».
«Cueillir Les
Secrets de l’Aube» où le son de l’accordéon se fait entendre. «Les Arts»
: Un morceau plus rythmé, qui représente l’époque ou Léon
Deubel sera en Italie et y vivra peut être les meilleurs moments de sa
courte vie. Je n’ai pas distillé tout les titres, mais ils sont excellents tous autant
les uns que les autres. Un coffret de deux CD accompagné d’un très beau livret
illustré par Ellen Van Werkhoven, le tout enveloppé
avec une reliure façon vieux livre en cuir.
Jusqu’au
dernier titre de ce double disque, les claviers de Francis
sortent leurs lignes mélodiques et mélodieuses dont lui seul en a le secret, un
sorcier du clavier, un enchanteur du progressif made in France. J’ai toujours
été un inconditionnel du son Ange, mais depuis que
les frères Decamps se sont séparés, je trouve
que les arpèges de Gens de la Lune son plus proches de ce que faisait
Ange avant. Un seul petit reproche… Rééditez les
deux premiers albums !
Avec Gens de la Lune
et Francis Decamps, un Ange est revenu ! Avec Gens de la Lune l'éclipse n'est pas pour demain
P.S : Merci à Cathy
pour le Teeshirt et l’album «Épitaphe» qu’elle m’a offert après avoir vu le
groupe en live au Festival Prog en Beauce 2017.
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