Les B.O.F et le cinéma
C’est
après avoir revu «Le fabuleux destin d’Amélie Poulain» et sa bande originale écrite
par Yann Tiersen que l’idée m’est venue d’écrire
sur les B.O.F. Qu’est ce que veut dire B.O.F ? Non, pas Beurre Œuf Fromage, mais Bande
Original de Film, tous les musiciens qui ont pu écrire pour le cinéma restent
les plus méconnus du grand public. On retient leurs musiques mais rarement
leurs noms.
Depuis
l’invention du cinéma et la première représentation de «La sortie de l’usine Lumière à Lyon»,
les films étant muets, la musique fut toujours présente et en ce jour du 28
décembre 1895 un pianiste du nom d’Emile Malaval viendra jouer pour tenter de couvrir le
bruit de l’appareil de projection. La première musique écrite pour un film fera
son apparition en 1908 le jour de la
sortie de «L’Assassinat
du Duc de Guise» réalisé par André Calmettes
et Charles Le Bargy,
la musique fut composée par Camille Saint-Saëns,
ce qui fait de lui le premier compositeur de musique de film.
charlie Chaplin |
Que ce
soit Harold Lloyd, Buster
Keaton ou Max Linder, la musique était
toujours un accompagnement improvisé au piano qui sonnait très ragtime. Charlie Chaplin, lui, sélectionnait les musiques qui
seraient interprétées pendant les projections. Avec l’avènement du parlant, lui
qui jouait du violon, du piano et du violoncelle en autodidacte, commencera à
composer lui-même (Souvent en improvisant).
Il a toujours été intéressé par la musique et il fréquentait Rachmaninov, Schoenberg
et Stravinsky. Il lui est même arrivé
d’improviser des duos au piano avec Germaine Taillefer.
Chaplin qui pendant toute sa carrière d’acteur
réalisateur ne recevra aucun oscar, le seul qu’il gagnera sera en 1973 pour la musique de son film «Limelight»
ressorti 23 ans plus tard. A l’époque les salles de cinéma ayant refusé de le
projeter en raison des soit disant sympathies communistes de Chaplin.
Abel Gance et Arthur Honegger |
Arrive
le temps des longs métrages où la musique prend beaucoup plus d’importance et
joue un rôle essentiel dans l’intrigue des films. Des compositeurs inconnus et
d’autres ayant une notoriété vont composer pour le 7ème art. Arthur Honegger composera la musique du «Napoléon»
d’Abel Gance en 1927, Luis Buñuel
pour «le
Chien Andalou» en 1928 se
servira de la partition de «Tristan et Iseult» de Richard
Wagner. Dans «Naissance d’une nation» de D.W
Griffith en 1915, le
réalisateur mettra la main à la patte avec un certain Joseph
Carl Breil pour mettre en musique son film et pour «L’Arroseur arrosé» de Louis Lumière en 1895,
je n’ai pas eu de tuyau concernant la musique 😊. En 1927
«Le chanteur
de jazz»
que l’on considère comme le premier film parlant, bien que celui-ci soit avant
tout un film sonore, fera sa petite révolution dans l’univers de la musique
dite de film. Shirley Temples, la première enfant star, fera beaucoup de
films ou la musique aura une place prédominante et c’est ce qui fera son succès
que ce soit dans «The little colonel» ou «The littlest rebel» tout les deux de 1935.
Quand les B.O.F sortent
de l’ombre
Les
cinéphiles connaissent tout, savent tout, ce sont des esthètes dans leurs
domaine, ils pourraient citer la fiche complète d’un film, du réalisateur
jusqu’au cuistot qui nourrit l’équipe
sur le tournage. Le Public lambda des salles obscures allait voir les films
pour le genre, l’intrigue et les acteurs, il pouvait à la rigueur citer le
réalisateur, il retenait la musique mais ne pouvait citer le compositeur. Cette
dernière prit une part plus importante avec le temps et on pouvait enfin mettre
un nom et une image sur les créateurs des bandes musicales. Des musiques vont
marquer le cinéma mondial, les premiers thèmes à avoir imprégnés le tympan des
spectateurs seront pratiquement joués avec un instrument en solo. Au Etats-Unis
en 1949 sort «Le troisième homme» et la
musique d’Anton Karas et sa cithare autrichienne
fera le tour du monde, en France en 1952
ce sera Narciso Yepes et le thème de «Jeux Interdit»
qui plus tard hantera les guitaristes en herbe. Miles
Davis et sa trompette prendront «L’ascenseur pour
l’échafaud».
Georges Delerue
avec «Tirez
sur le pianiste», «Jules et Jim», «Platoon» et ses plus de 140
musiques de films et de documentaires, autant pour la télé et ses compositions
personnels ce qui lui rapportera 3 Césars et quatre nominations, 1 Oscars et
quatre nominations et 3 nominations aux Golden Globes. Gorges
Delerue reste un mammouth de la B.O.F .
Georges Auric est plus connu pour ses propres œuvres que comme compositeur de musique de film, pourtant les B.O. de «La Belle et la Bête» de Jean Cocteau, «La symphonie Pastorale», «Le Salaire de la peur» et «La Grande Vadrouille» sortiront de la tête de cet homme qui fréquenta Igor Stravinsky, Erik Satie et le groupe des six (Honegger, Milhaud, Poulenc, Durey, Tailleferre).
Georges Gavarentz |
Encore
un Georges, encore un poids lourd de la musique de film : Georges Gavarentz qui non tout en ayant composé
pour Charles Aznavour («Paris au mois d’août»), Les Chaussettes Noires
(«Daniela»)
et Johnny Hallyday («Retiens la nuit») et Sylvie Vartan («La plus belle pour aller danser») va surtout
servir les films de Denys de la Patellière :
«Un
Taxi pour
Tobrouk», «Du Rififi à Paname», «Le Tatoué», «Caroline Chérie».
Michel Magne le
créateur du studio au château d’Hérouville ou maints artistes comme les Bee Gees, Pink Floyd, Jacques Higelin, T-Rex,
le Grateful Dead et autre David Bowie viendront enregistrer dans ce concept de
studio résidentiel, sera aussi un prolifique compositeur de musique de film avec
à son actif les B.O de «Les Tontons Flingueurs», «Angélique Marquise des Anges», «Fantômas»,
«Tout le
Monde il est Beau, Tout le Monde il est Gentil», une belle carte de
visite.
Maurice Jarre,
le père de Jean Michel du même nom écrira beaucoup plus d’œuvre personnelles que de
B.O.F, mais celles qu’il composera seront payantes. « Lawrence d’Arabie» et «Docteur Jivago»
remporteront un Oscar, «Gorille dans la Brume» aura un Golden Globe, «La Route des
Indes» aura les deux.
François de Roubaix |
François de Roubaix
écrira surement les plus belles musiques du cinéma français et il aurait été un
monument si ce dernier n’était pas mort dans un accident de plongée à l’âge de
36 ans en 1975. Nous lui devons
pratiquement toute les B.O des films de Robert Enrico : «Les Grandes Gueules», «Le vieux fusil»
qui lui vaudra un César à titre posthume, ceux de José
Giovanni «Dernier
domicile connu», «La Scoumoune» et aussi les musiques du
feuilleton «Les
Chevaliers du ciel» et des animations «Pépin la bulle» et «Chapi Chapo».
De l’autre
coté de l’atlantique, Ennio Morricone raflera
tout ce qui peut exister sur la planète avec ses musiques. Que ce soit un oscar
avec «Mission»,
un British Academy Award et «Cinéma Paradiso», Un César avec «I… comme Icare»,
un golden globe avec «Les incorruptibles», un Grammy Awards pour «Le Bon, la Brute
et le Truand», un Nastro Argento pour «Sacco et Vanzetti», cette homme est
un extra-terrestre et encore je n’ai fait qu’une sélection des récompenses, la
liste est beaucoup plus longue. Et n’oublions pas qu’il a signé les plus connues
des musiques des westerns spaghettis : «Et pour quelques dollars de plus»
et «Pour une
poignée de dollars». Le must !
Et
puis la musique va prendre une place encore plus importante dans les films,
celle ou le public pourra mettre des images dès les premières mesures de la
bande sonore.
John Williams |
Avec Alan Silvestri, «Retour vers le futur», «Abyss», «Forrest Gump», James Horner et «Aliens», «Braveheart», «Titanic», Hans Zimmer avec «Rain Man», «Pearl Harbor», «Le roi
lion». Dimitri Tiomkin sera le préposé au western avec «Rio Bravo», «Le train
sifflera trois fois», «Alamo» et ne pouvant pas tous les citer, le dernier sera John
Williams qui des premières notes de «La Guerre des étoiles» suivies de sa
longue collaboration avec Steven Spielberg écrira
peut être les plus belles pages des musiques de films américains qui
resteront dans les mémoires. Quand on parle de «E.T»,
«Les
aventuriers de l’arche perdue», «Les dents de la mer», «Rencontre du troisième type», tout
les Harry Potter, «Jurassic Park», «La liste de Schindler» ce ne sont que
des gouttes d’eau dans les 107 bandes originales que le musicien a pu composer.
Ah claude qui vient de passer me serrer la pince me rappelle
aussi : Howard Shore (tous les films de Cronenberg et du Seigneurs des
anneaux), John Barry (ne serait-ce que le thème de James Bond ou Danse avec les
loups), Elmer Bernstein (Les 7 mercenaires) et Angelo Badalamenti (La cité des enfants
perdus et les Long dimanches de fiançailles – logique, j'ai démarré sur Amélie
Poulain et Audrey Tautou, et les films strange de David Lynch), etc.
Ryuichi Sakamoto |
La
musique de film est entrée dans la mémoire collective et je n’ai parlé que des
musiques française et américaine sinon le sujet aurait été plus vaste, le Japon
est aussi prolifique dans le domaine avec Ryuichi
Sakamoto que l’on a pu voir aussi comme acteur dans le film «Furyo»
au coté de David Bowie et ou il signera la
musique du film, Toru Takemitsu, Shin’ichiro Ikebe ou l’Angleterre avec Michael Nyman «Monsieur Hire», «La leçon de Piano».
Maintenant les amateurs des salles obscures
reconnaissent un film à sa musique, cela veux dire que le travaille des
compositeurs n’a pas été vain.
Il est permis d'ajouter Lalo Schifrin, qui a pondu les B O des Inspecteur Harry , de Bullit, De l'or pour les braves, Opération dragon, Le Kid de Cincinnati, Luke la main froide, Tuez Charley Varrick (hello Luc), THX 1138 ...et des séries Mission Impossible, Mannix, Starsky et Hutch...
RépondreSupprimerEt Alexandre Desplat, de Regarde les hommes tomber à The Grand Budapest Hotel en passant par The Ghost Writer...ça fout la trouille!...
Le sujet est tellement vaste...! Même dans les français, j'en ai oublié : Jean Wiener et " Touchez pas au grisbi", Vincent Scotto avec pratiquement tout les films de Pagnol et même Michel Polnareff et "La folie des grandeurs" ou "La vengeance du serpent à plumes"
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