Delta
Moon, c'est avant tout le fruit de la rencontre de Tom Gray
et Mark Johnson, qui s'est transformée en amitié. La petite légende raconte qu'à l'origine, tout part de Tom Gray qui souhaitait vendre un dobro ; si l'affaire ne se conclut pas avec Johnson, les deux hommes, après avoir conversé, se seraient promis de se revoir et de jouer ensemble. Les rencontres se firent plus fréquentes. Tout deux
des passionnés et des maîtres en matière de guitare slide ont
décidé de s'allier pour propager la « bonne parole »,
la leur. En 2002, il concrétise leur réunion par un premier disque réalisé sur leur propre label (Delta Moon Records).
de G à D : Mark Johnson, Tom Gray et Franher Joseph |
Aujourd'hui, Tom et Mark totalisent sous la forme de leur groupe sept CD (studio), un Ep et trois enregistrements en public.
Dans l'ensemble , ce « Cabbagetown » semble retrouver un peu plus de piquant que son prédécesseur. Plus de rondeur et de fermeté aussi au niveau de la production (l'album est auto-produit et Marion Patton – le batteur – participe à l'enregistrement). Là où, sur le précédent, on pouvait zapper quelques pièces, ce nouvel et onzième disque se déguste d'un trait.
Le
bon point, c'est aussi le retour d'une substance féminine plus
marquée (avec Susannah Masarie et surtout Kyshona Armstrong) qui
apporte une fraîcheur salvatrice aux voix arides et poussiéreuses
de Tom et Mark. Plus marquée mais pas suffisamment (la moitié
seulement). Le groupe aurait tellement à y gagner. Ou sinon il
faudrait davantage solliciter Franher Joseph – le bassiste –
qui, de sa voix profonde de basse, est capable d'amener un morceau
vers une zone plus dangereuse, plus animale. Comme l'atteste
l'excellente version de « Death Letter » (unique reprise de l'album), à
peine reconnaissable car bien moins proche de l'originale de Son House
que de la version brutalisée des White Stripes. Aberrant de ne pas entendre plus souvent la voix de F. Joseph.
Il faut bien concéder que si Tom Gray chante juste, sa voix enfumée, travaillée à la cigarette (1), peut à la longue manquer d'entrain et de nuances, et par conséquent lasser.
Il faut bien concéder que si Tom Gray chante juste, sa voix enfumée, travaillée à la cigarette (1), peut à la longue manquer d'entrain et de nuances, et par conséquent lasser.
Finalement,
Delta Moon reprend du poil de la bête (mais rien à voir avec ce que l'on pourrait appeler un Blues-rock velu ...). Après un disque en
demi-teinte qui laissait croire à une retraite proche et anticipée,
« Cabbagetown » fait preuve de fraîcheur et
d'entrain. Du blues soutenu par deux guitares complémentaires et indissociables, du Blues laid-back, relativement pépère, qui fait gaffe à ses vieux os. Du Blues nonchalant, comme écrasé par une chaleur moite (des bayous), qui bien que pouvant manquer d'étincelles et de mordant -notamment pour ceux qui sont habitués aux guitar-heroes pyromanes - n'en est pas moins qu'une irrépréhensible stabilité. Rien de superflu ici, pas d'enrobage, de strass, de paillettes.
- Rock and Roll Girl : 3:44 (T. Gray)
- The Day Before Tomorrow : 3:32 (T. Gray)
- Just Lucky I Guess : 3:40 (T. Gray)
- Coolest Fools : 2:51 (T. Gray)
- Refugee : 3:46 (Delta Moon)
- Mad About You : 3:24 (Delta Moon)
- Death Letter : 5:59 (Son House)
- 21st Century Man : 3:35 (Delta Moon)
- Cabbagetown Shuffle : 2:31 (Delta Moon)
- Sing Together : 3:47 (Delta Moon)
P.S. : En
2017, le quatuor passe par l'Espagne et l'Italie, même le
Luxembourg, mais occulte la France ...
(1) Sans plus aucun rapport avec celle qu'il avait à l'époque de The Brains et de sa New-Wave. C'est sûr que depuis 1981, de l'eau a coulé sous les ponts.
En aparté, notons que les membres de ce groupe de New-Wave, aux claviers froids (joués par Tom Gray), qui offrit un succès à Cindy Lauper et Manfred Man Earth Band, se sont tous tournés vers des sonorités nettement plus organiques. Tom Gray donc dans Delta Moon, et les trois autres comparses ont tous fait partie de Georgia Satellite.
🎶
Autre article / Delta Moon (clic-lien →) : "Low Down" (2015)
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