mercredi 9 août 2017

Gaetano LETIZIA and the Underworld Blues Band "Voodoo Doll" (2014), by Bruno



     Rien à voir avec le footballeur italien, le credo de ce Gaetano là c'est le Blues et le Jazz. Et pour assouvir pleinement ses deux passions, il a fondé des groupes distincts, chacun œuvrant dans son propre idiome. Le Gaetano's Italian Jazz Band, le Gaetano's Jazz Trio et le Gaetano Letizia and the Underworld Blues Band.
Parallèlement, après des études réussies, il enseigne au Berklee College of Music.


     Bien que Gaetano arpente la scène depuis de nombreuses années (tout en continuant ses études, il a commencé à se produirte sur scène dès ses quinze ans), où il a joué avec Pat Martino et George Benson, son groupe dédié au Blues, baptisé Underworld Blues Band, n'a pris naissance qu'en 2010.

     C'est bien naturellement que les ans au service du Jazz laissent une trace dans son Blues. Ainsi, il y a parfois quelques touches pouvant évoquer Robben Ford, d'autant plus qu'il se plait à apporter, à bon escient, quelques touches Rock. Sa guitare sonne d'ailleurs comme une hollow-body (au vue de séquences vidéos, c'est effectivement le cas). 
Au niveau des références, on pourrait aussi mentionner Jim Allchin, Scott Henderson, Matt Scottfield, voire Eric Johnson, et même, bien parcimonieusement, le Santana des années 80.
Et ça débute très fort avec un instrumental Blues-Rock sur lequel flottent des nappes Jazzy et Funky, qui laisse entrevoir les belles capacités de Gaetano, et de ses musiciens, dont le bassiste Larry Keller à la fluidité et à la technique irréprochable. On lui offre une plage sur sur « Big Foot » où il joue un solo renversant. 
La contribution de Keller est conséquente, et ce n'est pas sans raison qu'il est placé légèrement en avant. Sa basse bondit, slap, percute, et surtout groove. C'est la charpente indispensable à la bonne tenue de ce disque.
Gaetano & Keller

     La musique s'oriente vers un Blues de bonne famille, courtois, bien éduqué et instruit, s'ouvrant à quelques ingrédients soft de Rock et de Funk ; histoire de relever, de pimenter bien légèrement une recette qui pourrait paraître fade. Et c'est plutôt très réussi, du moins jusqu'à la quatrième pièce, « The Devil is a nice guy ». En fait, à partir de « Sold my Soul », l'absence de mordant du chant se fait sentir, car malheureusement, la voix de Gaetano pêche par une insuffisance de caractère et de coffre. Bien qu'il soit toujours juste, son chant, coincé entre un Jazz nonchalant et un Blues guindé, grève parfois l'ensemble. C'est probant sur « Sold my Soul ». C'est d'autant plus regrettable que la musique est toujours au top. Si l'on fait exception de la pièce acoustique « All I Need ».

     Si Gaetano avait partagé ce poste avec un autre comparse, de préférence au timbre plus robuste, l'album n'aurait été bien évidemment que meilleur. Et cela aurait été suffisant pour que ce « Voodoo Doll » se hisse à la hauteur des bonnes formations de Blues-rock jazzy. D'ailleurs, c'est bien ce qu'il fait au sein de sa formation de Jazz où, tour à tour, le batteur et le saxophoniste poussent la chansonnette.
Toutefois, le chant est souvent secondaire ici, l'attrait principal se faisant sur l'orchestration.
Absolument inconnu en Europe, Gaetano Letizia a tout de même réalisé neuf disques. Un dixième, "Resurrection", est sorti en octobre 2016. Ce dernier ose quelques moments plus Rock, avec quelques couleurs nettement 70's.

Précautions : Allergiques aux orientations jazzy s'abstenir.



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article paru initialement sur la revue BCR.

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