lundi 7 août 2017

César FRANCK – Le chasseur maudit – Daniel BARENBOÏM (1976) – par Claude Toon



- Mention pour un lundi dans le titre… Ça annonce un petit com en prévision des vacances de l'un ou l'autre M'sieur Claude…
- Oui Sonia, vous serez sans doute en train de vous métamorphoser en pain d'épice sur le rafiot de M'sieur Rockin…
- En effet, je vais juste avoir le temps de mettre en page. César Franck ? Déjà deux articles pour sa célèbre symphonie et le quintette. C'est quoi cette histoire de chasseur ?
- Un petit poème symphonique qui démontre qu'il ne faut jamais rater la messe pour une activité profane. Une légende très XIXème siècle, un soupçon de Faust…
- Bigre, on va tous finir maudit ! Hi hi ! Et de nouveau Daniel Barenboïm après la Dante symphonie de Liszt et les romances sans paroles de Mendelssohn…
- En effet mon petit, un disque entièrement consacré à Franck pour des œuvres méconnues ou presque et datant de l'époque où ce chef dirigeait l'orchestre de Paris…

Daniel Barenboïm est resté aux commandes de l'orchestre de Paris de 1975 à 1989, soit 14 ans, un record. Pour cet orchestre fondé dans la précipitation par Charles Munch peu avant la mort de celui-ci, succéder à Karajan et Solti qui ne décoléraient pas, la tâche était ardue ! Pour aggraver le tout, l'orchestre jouait au Palais des congrès de la Porte Maillot, la salle la plus inadaptée pour interpréter de la musique classique. Si l'immensité des lieux était un atout pour les œuvres puissantes, Mozart et Beethoven ne bénéficiaient qu'aux mélomanes des dix premiers rangs.
J'ai de bons souvenirs comme les Gurrelieder de Schoenberg (500 exécutants), le Requiem de Berlioz avec l'Orchestre symphonique de Boston en renfort ou encore la Turangalila symphonie de Messiaen. Des ouvrages à l'effectif pléthorique.
Par contre déception avec des places du fond dans le 4ème concerto et la 7ème symphonie de Beethoven avec Pollini au piano… On n'entendait rien ! Par contre Maître Barenboïm laissa un grand souvenir d'une interprétation de la 8ème de Bruckner, à peine deux ans après Karl Böhm dans une édition moins définitive, c'est tout dire…
Homme hyperactif, Daniel Barenboïm travaillait beaucoup à l'époque avec le symphonique de Chicago et expérimentait à Paris ses interprétations pour Bayreuth. Ce disque Franck date de 1976, donc de sa prise de fonction et montre le désir qu'avait Barenboïm de diversifier le répertoire de l'orchestre de la capitale. La symphonie en ré mineur suivra aussi en  1976 et le Lp sera complété par l'extrait symphonique de Rédemption qui sert d'ouverture à ce CD du jour difficile à dénicher, j'avoue.
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Daniel Barenboïm et l'Orchestre de Paris en 1980
Je ne cacherai pas que l'œuvre est typique de l'admiration que portait Franck pour Wagner et Liszt. Mais je trouve par ailleurs l'écriture plus habile et plus flippante que celle de Liszt.
Le sujet plonge son inspiration dans un poème "Le chasseur sauvage" du poète allemand Gottfried August Bürger. Une histoire sombre et hyper romantique dont le héros tel Faust finira son aventure en enfer.
Par un dimanche automnal, un comte doit se rendre à la messe sur son fier destrier. Au loin des cors de chasse se font entendre. Les cloches sonnent. Dilemme cornélien entre les patenôtres, le credo et l'homélie, ou alors partir taquiner et débusquer le cerf et le sanglier. Pas facile de se décider pour le vigoureux gaillard. Décision : la lance, les flèches et l'hallali… Mauvais choix ! Le Divin, furieux de cette infidélité, de cette préférence pour le plaisir de la déesse Diane, va lancer des hordes de démons à sa poursuite…
Dimanche de m**e !!!!

Le poème symphonique commence par la fanfare de cors : ceux des chasseurs qui ont déjà boudé l'office. La tentation du comte-chasseur est rendue par une mélodie interrogative dans laquelle nous entendons le son de la cloche de l'église. Les deux idées se mêlent. [3:14] Un motif joyeux agrémenté par le triangle et les cymbales affiche la couleur : le désir évident de partir chasser l'emporte sur les règles spirituelles dominicales. Les cordes graves accompagnent le chasseur parti rejoindre ses camarades. Une chevauchée vaillante se partage les pupitres de l'orchestre. Fidèle au style wagnérien, le thème initial de fanfare devient leitmotiv. L'orchestration se veut épique.
Le dramatisme va prendre son essor. L'inconscience du héros n'a pas encore rencontrée sa punition céleste. Bon, très franchement, l'effet est assez répétitif. Daniel Barenboïm accentue heureusement la sauvagerie de cette chasse gagnée par la folie jusqu'au coup de grosse caisse diabolique et fatidique [8:24]. L'angoisse va s'imposer de mesures en mesures. Joli passage joué aux bassons sur trémolos de cordes graves. Une nouvelle idée, rampante, grondante (trombone) annonce l'arrivée des forces démoniaques. Il y a comme un petit air du Berlioz de la symphonie fantastique qui s'insinue. Notre comte qui a attiré les foudres du Très-haut ne peut plus faire marche arrière. [12:51] Une cavalcade sans merci va se jouer. On pense au final de la damnation de Faust, avec les cinglants traits de trompettes… Le combat avec les forces du mal anime le final de l'ouvrage. La cloche sonne la chute du chasseur maudit en enfer au sein d'un déchainement orchestral plutôt bien mené.
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