- Mention pour un lundi dans le titre… Ça annonce un petit com en
prévision des vacances de l'un ou l'autre M'sieur Claude…
- Oui Sonia, vous serez sans doute en train de vous métamorphoser en pain
d'épice sur le rafiot de M'sieur Rockin…
- En effet, je vais juste avoir le temps de mettre en page. César Franck
? Déjà deux articles pour sa célèbre symphonie et le quintette. C'est quoi
cette histoire de chasseur ?
- Un petit poème symphonique qui démontre qu'il ne faut jamais rater la
messe pour une activité profane. Une légende très XIXème
siècle, un soupçon de Faust…
- Bigre, on va tous finir maudit ! Hi hi ! Et de nouveau Daniel Barenboïm
après la Dante symphonie de Liszt et les romances sans paroles de
Mendelssohn…
- En effet mon petit, un disque entièrement consacré à Franck pour des
œuvres méconnues ou presque et datant de l'époque où ce chef dirigeait
l'orchestre de Paris…
Daniel Barenboïm
est resté aux commandes de l'orchestre de Paris de 1975 à
1989, soit 14 ans, un record.
Pour cet orchestre fondé dans la précipitation par
Charles Munch
peu avant la mort de celui-ci, succéder à
Karajan
et
Solti
qui ne décoléraient pas, la tâche était ardue ! Pour aggraver le tout,
l'orchestre jouait au Palais des congrès de la Porte Maillot, la salle la
plus inadaptée pour interpréter de la musique classique. Si l'immensité des
lieux était un atout pour les œuvres puissantes,
Mozart
et
Beethoven
ne bénéficiaient qu'aux mélomanes des dix premiers rangs.
J'ai de bons souvenirs comme les
Gurrelieder
de
Schoenberg
(500 exécutants), le
Requiem
de
Berlioz
avec l'Orchestre symphonique de Boston
en renfort ou encore la
Turangalila
symphonie
de
Messiaen. Des ouvrages à l'effectif pléthorique.
Par contre déception avec des places du fond dans le
4ème
concerto
et la
7ème symphonie
de
Beethoven
avec
Pollini
au piano… On n'entendait rien ! Par contre Maître
Barenboïm
laissa un grand souvenir d'une interprétation de la
8ème
de
Bruckner, à peine deux ans après
Karl
Böhm
dans une édition moins définitive, c'est tout dire…
Homme hyperactif,
Daniel Barenboïm
travaillait beaucoup à l'époque avec le
symphonique de Chicago
et expérimentait à Paris ses interprétations pour
Bayreuth. Ce disque
Franck
date de 1976, donc de sa prise
de fonction et montre le désir qu'avait
Barenboïm
de diversifier le répertoire de l'orchestre de la capitale. La
symphonie en ré mineur
suivra aussi en 1976 et le Lp
sera complété par l'extrait symphonique de
Rédemption
qui sert d'ouverture à ce CD du jour difficile à dénicher, j'avoue.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Daniel Barenboïm et l'Orchestre de Paris en 1980 |
Je ne cacherai pas que l'œuvre est typique de l'admiration que portait
Franck
pour
Wagner
et
Liszt. Mais je trouve par ailleurs l'écriture plus habile et plus flippante que
celle de
Liszt.
Le sujet plonge son inspiration dans un poème "Le chasseur sauvage" du poète allemand Gottfried August Bürger. Une histoire sombre et
hyper romantique dont le héros tel Faust finira son aventure en enfer.
Par un dimanche automnal, un comte doit se rendre à la messe sur son fier
destrier. Au loin des cors de chasse se font entendre. Les cloches sonnent.
Dilemme cornélien entre les patenôtres, le credo et l'homélie, ou alors
partir taquiner et débusquer le cerf et le sanglier. Pas facile de se
décider pour le vigoureux gaillard. Décision : la lance, les flèches et
l'hallali… Mauvais choix ! Le Divin, furieux de cette infidélité, de cette
préférence pour le plaisir de la déesse Diane, va lancer des hordes de
démons à sa poursuite…
Dimanche de m**e !!!!
Le poème symphonique commence par la fanfare de cors : ceux des chasseurs
qui ont déjà boudé l'office. La tentation du comte-chasseur est rendue par
une mélodie interrogative dans laquelle nous entendons le son de la cloche
de l'église. Les deux idées se mêlent. [3:14] Un motif joyeux agrémenté par
le triangle et les cymbales affiche la couleur : le désir évident de partir
chasser l'emporte sur les règles spirituelles dominicales. Les cordes graves
accompagnent le chasseur parti rejoindre ses camarades. Une chevauchée
vaillante se partage les pupitres de l'orchestre. Fidèle au style wagnérien,
le thème initial de fanfare devient leitmotiv. L'orchestration se veut
épique.
Le dramatisme va prendre son essor. L'inconscience du héros n'a pas encore
rencontrée sa punition céleste. Bon, très franchement, l'effet est assez
répétitif.
Daniel Barenboïm
accentue heureusement la sauvagerie de cette chasse gagnée par la folie
jusqu'au coup de grosse caisse diabolique et fatidique [8:24]. L'angoisse va
s'imposer de mesures en mesures. Joli passage joué aux bassons sur trémolos
de cordes graves. Une nouvelle idée, rampante, grondante (trombone) annonce
l'arrivée des forces démoniaques. Il y a comme un petit air du
Berlioz
de la
symphonie fantastique
qui s'insinue. Notre comte qui a attiré les foudres du Très-haut ne peut
plus faire marche arrière. [12:51] Une cavalcade sans merci va se jouer. On
pense au final de
la damnation de Faust, avec les cinglants traits de trompettes… Le combat avec les forces du mal
anime le final de l'ouvrage. La cloche sonne la chute du chasseur maudit en
enfer au sein d'un déchainement orchestral plutôt bien mené.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Rien à dire !! J'aime !
RépondreSupprimer