Waouh,
j'espère que la miss Sonia ne s'est pas transformée en statue de sel comme la
fille de Loth (et non pas lotte). Car si elle passe par-dessus bord de la
barcasse de Rockin', on ne va pas retrouver grand-chose 😳 !
Je
ne connais pas ce monsieur Stroboskovitch qui doit-être l'inventeur du stroboscope. Ah Non, pas du tout, le
concepteur initial était un certain Simon Stampfer (1792-1864) pour le
premier prototype optique. J'ai transcris le nom entendu par Sonia, car à la
radio on ne comprend pas tout : Sonia évoque Léopold Stokowski, le chef
anglais extravagant déjà rencontré dans ce blog pour une belle interprétation
de la Fantaisie sur un Thème de Tallis
de Ralph
Vaughan Williams (Clic).
J'avais portraituré* dans ce papier de juillet 2016 cette
personnalité étonnante, ce chef atypique à la longévité stupéfiante (1882-1977
- disparu à 95 ans passé), et que l'on voit en silhouette serrer la pince à Mickey
dans Fantasia de 1940. Au programme du film d'animation : une
transcription de la Toccata et
fugue en ré mineur écrite de la main du maestro. Si cela ne
permet pas un enchaînement pertinent…
Vous avez bien lu, les disques datent de 1969 (Decca) et 1972 (EMI), le
bonhomme avait 87 et 90 ans et bon pied bon œil. D'ailleurs le CD est complété par un
DVD montrant Stokowski en concert et dirigeant le Prélude
à l'après-midi d'un Faune de Claude Debussy.
Sonia a raison. En écoutant ces transcriptions de
pièces d'orgue de Bach pour un grand orchestre digne de Bruckner
ou Richard
Strauss, on se retrouve statufié, soit d'horreur à
cause du sacrilège et de l'apparente épaisseur romantique du discours musical,
soit d'extase face à la puissance minérale et métaphysique que Léopold Stokowski
offre au génie du contrepoint du cantor.
Pas vraiment d'alternative.
Petit nota : en cas d'intérêt pour la chose, on
bénéficie d'une stéréo louable, ce qui évidemment est assez rare pour les
gravures du maître né juste après l'invention du phonographe Edison (1877) !
(*) Ben oui, un de mes péchés mignons : utiliser des mots et des verbes un peu désuets voire cucul.
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Mickey serrant la pince à Leopold Stokowski dans Fantasia |
Pourtant, des chefs comme Klemperer
ou Jochum
vont maintenir cette tradition
jusque dans les années 60, alors que Harnoncourt bat en brèche le romantisme historique appliqué à la musique baroque, pour y opposer une approche plus colorée et authentique, "sur
instruments d'époque". Ce n'est pas toujours très léger, mais on ne
peut nier une volonté de souligner la spiritualité très présente dans les grands
ouvrages religieux.
Par
ailleurs, Leopold
Stokowski
va s'intéresser aux grandes pièces pour orgue. L'initiative est-elle plus surprenante
que pour la musique orchestrale ? Pas tant que ça. Si Bach
a composé ses pièces pour des petits orgues baroques (comme on peut l'entendre
de nos jours sous les doigts d'André Isoir ou Marie-Claire Alain jouant
sur des orgues modestes à traction mécanique), Bach
est aussi souvent interprété à
pleine puissance sur les gigantesques orgues romantiques Cavaillé-Coll installés dans nos cathédrales et électrifiés. L'art
de Bach présente cette particularité de
s'adapter à beaucoup d'instrumentations différentes.
Martin Lücker |
Leopold Stokowski
a joué parfois Bruckner. Pourquoi cette info ? Le symphoniste traitait son
orchestration comme une superposition des jeux d'un orgue. Phrase un peu
réductrice, mais l'idée est là et ne surprend en rien puisque le compositeur
autrichien était un brillant organiste. Leopold Stokowski a-t-il été influencé
par le principe ? Possible. Avec une orchestration assez riche, le maestro
associe les divers pupitres de l'orchestre aux diverses voix des fugues complexes
de Bach donc aux registres d'un orgue. Le travail d'orchestration est très
fouillé. On se rappelle sans doute du mugissement des contrebasses simulant la
pédale d'orgue dans le début de la Toccata et Fugue en ré mineur. Dans
la Passacaille et
fugue en fa mineur BWV 482, Stokowski superpose dans un
long crescendo les pupitres de la même manière que le morceau original exigeait plusieurs claviers associés aux jeux les plus puissants de l'orgue. Le final
avec son choral de cuivres pourra sembler tonitruant et un peu vain
ou alors… olympien, c'est selon. Dans tous les cas, une curiosité de l'histoire de la musique et le fruit d'une
passion commune de Stokowski pour Bach
et l’orchestre, principalement celui de Philadelphie…
Deux
vidéos pour la Passacaille et fugue en do mineur BWV 582, une gravure avec le International Festival Youth Orchestra de 1969, puis la même œuvre sur l'orgue
baroque de Marienmünste construit en 1738 (restauré souvent) sous les doigts
de l'organiste et pédagogue allemand Martin Lücker.
Pour
poursuivre : la Toccata et Fugue en ré mineur
interprétée de nouveau par l'orchestre Philharmonique tchèque, et pour finir,
comme annoncé : l'aria de la 3ème suite pour orchestre.
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