La
particularité de cette série de bouquins est sa chronologie. Dans les premiers
tomes sortis, LA TRILOGIE BERLINOISE, nous étions en 1936, puis 1938, et 1945.
Et le lecteur de se dire : mais qu'a fait le héros, Bernie
Gunther, entre 38 et 45 ? Puis Philip Kerr a fait paraitre des histoires
situées en 1951, 1954, on revenait ensuite au début des années 40… Original. Ainsi, la carrière du flic allemand,
Gunther, se recomposait, façon puzzle.
la villa Wannsee (Minoux) |
Lida Baarovà |
Et
une nouvelle affaire se présente, du genre privée… Rien de moins que Joseph
Goebbels - ministre de la propagande, et à ce titre grand patron des studios de
cinéma - qui engage Bernie Gunther pour persuader l'actrice Dalia
Dresner de venir tourner à Berlin. Elle n’acceptera que si on lui donne des
nouvelles de son père, disparu en Croatie.
Commence
alors un autre roman, le voyage dans une Yougoslavie en état de guerre civile,
où chacun se massacre joyeusement. Les bosniaques musulmans sont enrôlés dans
la SS pour leur antisémitisme. On y découvre le camp d’extermination de Josenovac, où sont déportés des Serbes, des
Tziganes, des orthodoxes… Un éclairage
sur le conflit européen dans cette région, où règne un chaos abominable, où les
exactions n’ont rien à envier à ce qui se passait en Ukraine. Le livre nous rappelle
aussi combien un certain nombre de généraux étaient farouchement anti-Hitler
(ce qui n’en faisait pas des oies blanches pour autant) et souhaitaient
négocier la paix, voyant l’enlisement du conflit en Europe, et la très certaine
défaite de l’Allemagne. Il est aussi question d’une éventuelle invasion de la
Suisse, mais ne dévoilons pas tout sur ces histoires de vrais faux plans…
Le camp de Josenovac |
Comme
à l’ordinaire, cette série de Philip Kerr est joliment écrite, les dialogues
font souvent mouche, s’inscrivant dans le style des hard boiled (roman noir
américain à la Chandler). Philip Kerr ancre ses romans dans l’Histoire, et se
documente toujours énormément. Un peu
trop parfois, quelques explications trop
didactiques freinent parfois le récit purement policier. Le roman mêle personnages
fictifs ou réels, ou des créations inspirées de, (Dalia Dresner est un mix d'Hedy Lamarr, Greta Garbo et Lida Baarovà - star tchèque et maitresse de Goebbels) ce qui fait tout le sel de cette
série.
Bernie
Gunther est l’allemand le plus anti-nazi du Troisième Reich, de plus en plus
désabusé, cynique, face aux crimes commis au nom de la race supérieure. Un
héros qui se complexifie avec le temps et les éclairages sur sa vie, parsemés
ci et là, en fonction de l’époque où se situe l’intrigue. Pour le prochain,
découvrira-t-on un Gunther retraité, ou le retour du jeune chef de la sécurité
de l’hôtel Adlon au début des années 30 ?
Amateurs
de polar, d’intrigues retorses, d’Histoire et de seconde guerre mondiale, cette
série est faite pour vous. Et pour une fois, pas besoin de commencer par le premier,
puisque le premier, on ne sait toujours pas s’il a été écrit !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire