mardi 14 mars 2017

PAN (1970)


Il est assez répandu comme idée, même chez les amateurs de rock, que celui ci concerne quasi exclusivement le Royaume Uni et les Etats Unis (et un peu l'Australie pour AC/DC), question de langue sans doute et aussi car ces 2 pays ont concentré les plus grands groupes et créateurs (Chuck Berry, Beatles, Who, Doors, Hendrix, la liste serait longue...). C'est oublier un peu vite d'autres scènes  qui bouillonnèrent aussi, notamment dans les seventies, en Amérique du Sud par exemple (relire ma chronique de 42 decibel ) , en Italie avec de très bon groupes progressifs (PFM, Le Orme, Banco, Balletto di Bronzo..), en France avec ....euh mauvais exemple, avec pas grand chose, Ange et 2 ou 3 autres et en Scandinavie.
C'est d'ailleurs là où je voulais en venir et plus particulièrement au Danemark avec une impressionnante liste de groupes allant du blues rock au progressif en passant par le psychédélique ou le proto-hard rock. Quelques noms: Moses (album "changes", un classique), Beefeaters, Blues addicts, Days of Phoenix, Fleur de Lys, Steppeulvene, Young Flowers, Hurdy Gurdy, Culpeper's Orchestra, Alrune Rod, Gasolin', Thors Hammer, Vestenvinden , Cinderella (rien à voir avec le groupe de Tom Keifer), Secret Oyster, Savage Rose , Tomrerclaus, Foreningen til livets beskyttelse, Rode Mor, Blast Furnace, Burnin' Red Ivanhoe, Hair (album"Piece"). Si vous avez du temps à perdre (mauvaise expression, écouter de la musique c'est s'enrichir et pas perdre du temps sauf si on écoute de la daube franchouillarde à la Obispo ou des merdes made in NRJ), on peut écouter tout ça sur You Tube.
Et parmi ceux là celui du groupe PAN, sorti en 1970, considéré à l'époque comme meilleur album de rock danois   et classé 4eme  album danois des 70's dans l’encyclopédie du rock danois. Mais le plus étonnant est que le fondateur, songwriter et leader de ce groupe était un français, Robert Lelievre, qui connu un destin tragique comme nous allons le voir. Un auteur norvégien auteur d'une bible sur le rock progressif  écrira de lui : "un monde ignorant a perdu un de ses auteurs compositeurs les plus talentueux de sa génération", pourtant hormis chez les amateurs pointus  ou les gens qui comme moi sont tombés sur ce disque un peu par hasard on ne peut pas dire que son souvenir soit très vivace...
Ce natif de Bourg d'Oisans né en 1942 était plus sensible aux guitares qu'à la chose militaire, ( si tout le monde était comme ça le monde se porterait mieux..) et déserte durant son service en 1962.
Recherché il doit fuir la France et gratte sous le bras entame un tour d'Europe avant de se fixer à Copenhague en 1965, il s'y associe avec une chanteuse et accordéoniste danoise (Maia  Aarskov) et  un guitariste anglais (Cy Nicklin) pour former le trio folk Cy, Maia & Robert, ils sortiront 2 albums bien accueillis par la critique et le public,  tournent avec Paul Simon et accompagnent le chanteur écossais Alex Campbell avant de se séparer 2 ans plus tard en 1967.  Invité par Paul McCartney himself pour signer sur Apple Records Lelievre prend la direction de London mais le projet n'aboutira pas, il signe alors pour Marmalade Records et enregistre des titres avec notamment Brian Auger et John McLaughlin mais l'album ne sort pas et le label met la clé sous la porte, la poisse!
Retour à Copenhague fin 1969 où il fonde un nouveau groupe avec Cy Nicklin: High Crossfield, mais l'expérience ne dure que quelques mois. Mais avec le bassiste de ce dernier groupe (Arne Wurgler) il forme PAN avec comme autres musiciens les frangins  Thomas et Michael Puggaard-Muller (guitare/ drums, des ex Delta Blues Band), Henning Werner (piano et orgue, organiste venant du jazz, qui a joué avec Dexter Gordon), et Niels Skousen songwriter et chanteur, mais ce dernier  ne reste que quelques semaines dans le groupe et c'est notre français qui va assurer le chant et écrire paroles et musiques. Télé, radios, festivals, critiques élogieuses, ça marche fort pour eux mais les ventes ne suivent pas  et fin 70 c'est déjà la fin après seulement un an d'existence. En 71 Lelievre enregistre un album solo avec des musiciens danois, avec paroles en français,  mais sa maison de disque ne le sort pas, jugé pas assez bankable. La France lui manque et suite à une amnistie décrétée par l'état français il s'y rend en 1972, mais il ne faut jamais croire les politiciens et il l'apprend à ses dépens puisqu'il est arrêté et emprisonné...C'est un homme désabusé par la vie ainsi que par  l'échec de ses groupes qui rentre au Danemark à sa libération, à tel point qu'il met fin à ses jours en Août 1973.

Il nous reste en souvenir cet album de PAN qui depuis à acquit le statut de disque culte, au Danemark et auprès des collectionneurs de raretés, édité à 1000 copies le LP original cote autour de 500€, heureusement la réédition CD est plus abordable et facile à trouver, agrémentée de bonus en plus.
L'album fait la part belle au heavy rock progressif avec un orgue "purpelien" comme le morceau d'ouverture "My time" ou "They make money with the stars" mais aussi au progressif plus atmosphérique avec  "If"  ou le superbe "Song to France" ou Robert évoque la nostalgie que lui procure l'éloignement de son pays, avec de beaux passages de guitares. "Il n'y a pas si longtemps de ça" est un des deux titres chantés en français avec "Tristesse" mais ce ne sont pas les meilleurs, ils jurent même un peu avec le reste de l'album même si musicalement ils sont intéressants, surtout "Tristesse". "Many songs have been lost" bien rock'n'roll met en avant le piano et les 3 derniers titres restent dans cette veine prog / psyché avec notamment le long "Lady of the sand" avec un final ébouriffant riche en guitares. Un bel album à redécouvrir pour les amateurs du genre, idéal de surcroît pour briller en société ("non mais allo quoi! tu connais pas PAN? le groupe franco-danois de Robert Lelievre!").

ROCKIN-JL


7 commentaires:

  1. Belle découverte, à chercher !

    RépondreSupprimer
  2. :-(

    La pochette comme le patronyme du groupe étaient quand bien peu avenant. Non ?!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. c'est vrai, sans doute allusion au Dieu Pan..

      Supprimer
  3. Ha ! Ha ! On ressort les pièces obscures ! Bien joué !
    Quelques belles pièces sur ce disque.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. moi qui croyais te piéger..j'ai plusieurs des groupes danois que je cite au début et ils sont de trés bonne qualité, Cinderella par exemple avec une bonne cover de Red house (https://youtu.be/iZaJe7brGyU ), Moses, Hurdy gurdy ou Beefeaters c'est pas mal aussi

      Supprimer
    2. J'connais point Cinderella (sinon de nom). Mais n'était-ce pas un groupe de Heavy-rock bluesy américain ? :-)
      Quant à Beefeaters ??? D'où ça sort ? (touché ! coulé !)

      Supprimer
    3. il est possible qu'il y ait eu un autre groupe de ce nom mais celui est bien danish :Henning Kragh Pedersen (Guitar, Vocals)/Søren Hilligsøe (Bass, Vocals)/Allan Vokstrup (Drums)

      Supprimer