jeudi 2 mars 2017

DANAKIL AU TRIANON (2016) - par Cécile Slade





- Papa ? Tu peux me laisser écrire dans les colonnes du Déblocnot pour parler du concert de Danakil que j’ai été voir l’autre jour au Trianon à Paris ? J’ai aussi des photos pour agrémenter l’article.
- Dana qui… ? Heu… ! Oui si tu veux, mais je ne sais pas si les lecteurs vont aimer ce reggae made in France matinée  ragga-roots ! Et puis il faut que je demande à Rockin. Tu sais qu’en ce moment il est en pleine campagne présidentielle et il ne faut pas trop venir le chatouiller. Mais tu peux toujours essayer d’écrire une chronique, j’essaierais de la faire passer sur le blog.





Quand le Trianon se met au reggae





Il ne va pas être facile pour moi de passer derrière mon père pour écrire une chronique dans le Déblocnot. Les réactions de ceux qui dirigent d’une main de fer cette institution sur Facebook, que beaucoup de lecteurs se pressent de lire tous les jours, risquent de m’attendre au tournant. Moi, du haut de mes 16 ans, je vais essayer de tenir la pige aux anciens comme Claude, Rockin, Luc, Bruno, Philou, Vincent et tous les autres, au risque de me faire étriller si ce n’est massacrer. Pourtant mon papa m'a toujours dit que n’importe qui peut apporter sa pierre à l’édifice du Déblocnot, alors je vais jeter un petit caillou dans la mare. Je me lance au risque de me planter grave !

Vendredi 9 décembre 2016, après avoir travailler toute la journée chez mon boss (Je suis apprentie en infographie), je pars rejoindre une copine dans le 18e arrondissement au pied de la butte Montmartre dans la salle du Trianon pour aller voir un concert de reggae. A l’affiche Volodia en première partie et surtout Danakil. Pour l’histoire, Danakil est un groupe de la région parisienne créé en 2000 et qui a depuis gravé déjà 6 albums studios et deux live, beau répertoire à leur actif.

Danakil
Danakil est du reggae humaniste et militant. Balik (Guillaume Basile) le chanteur, puise ses textes dans l’actualité avec un regard critique mais avec des textes poétiques. Les thématiques sont nombreuses : les hommes politiques, le climat, la liberté des peuples, la société de consommation. Mais dans leurs chansons, ils ne font pas que critiquer un monde qui part en sucette, Danakil avec ses textes engagés nous propose une idée d’un monde idéal, mais il sait aussi parler de l’amour, du temps qui passe et de l’envie de découvrir le monde. Une valeur sûre dans un domaine qui a tendance à s’essouffler.

- Papa ! Toi qui aime le reggae et qui a vu Bob Marley sur scène, à qui ça te ferait penser comme influence musicale ? 
-Hmmm ! Dans les anciens, je dirais U-Roy, Steel Pulse, Bunny Wailer, Third World, Black Uhuru et le roi Bob évidemment ! Mais ça reste quand même du raggamuffin !        


Me voici donc dans la salle du Trianon avec son très beau plafond et son double balcon (où il y avait du monde !). Quand on rentre dans cette salle, on a l’impression de faire un saut dans le temps, ce qui est normal puisqu’elle a été construite en 1894. 
Comme tout concert qui se respect, il y a une première partie et ce sera Volodia qui si collera.

- Papa ! C’est qui Volodia étymologiquement parlant ?
- Volodia était un personnage de 17 ans, laid et mal dans sa peau, qui tombe amoureux de sa cousine qui n’arrête pas de se moquer de lui. Il trouvera un révolver et se suicidera. C’est une nouvelle de Tchekhov donc rien à voir avec le reggae !

On ne peut plus fumer nulle part à notre époque et les salles de concert n’échappent pas à la règle. Le public qui veut être «parti» pendant un concert, fumera la ganja, la weed, le hash, la beuh avant de rentrer, et mon voisin derrière moi a dû en faire sûrement une consommation excessive vue sa manière de s’exprimer dans des gestes désordonnés. 
 (Voici la preuve que la drogue c'est de la M...E !

Volodia (Photo Cécile)
Volodia monte sur scène, 4 musiciens et un chanteur. Ex.Trio Phases Cachées qui fonctionnait avec un hip-hop reggae. A l’heure d’aujourd’hui c’est un reggae tendance raggamuffin très écoutable, dans le même genre que le groupe Raggasonic. Un album à la clé sortie en septembre 2016 : «Un pied sur terre». Le titre «Une minute de silence» est très bien écrit avec des paroles très profondes. Après un set d’une heure sans bavure, arrive les vedettes de la soirée, ceux pour qui je me suis déplacée après une laborieuse journée de travail (Mon père faisait de même, que voulez-vous... ce sont dans les gènes !).

Danakil (photo Cécile)
D’entrée Danakil met le feu au Trianon. Le groupe va faire la promotion de son dernier album «La Rue Raisonne»  en le jouant dans son intégralité. Des titres comme «32 mars» donnent le ton, une chanson en soutien aux "Nuits Debout". Tous les bénéfices des ventes seront reversés à l’association CADECOL, une caisse pour venir en aide aux manifestants souvent arrêtés de façon arbitraire ou violente. «Paris la nuit», «Comme je», «Back Again», le «Mediatox» et sa grosse satyre de la boite à image « Allons enfants de la télé / Le grand mensonge est arrivé / contre nous de la propagande la menace est grande élevée» le tout sur l’air de la Marseillaise. «Dis leur» et son coté politiquement engagé qui refuse et réfute une certaine idée extrême qui pousse comme une plante vénéneuse en France. Avec ses cuivres qui rappel UB40 et
Danakil et Taïro (photo Cécile)
Thirld World, Danakil va faire un set de deux heures sans fausses notes. Évidement il jouera des morceaux plus anciens comme leur hit «Marley» ou encore des zestes de «I Shot The Shériff» se promènent de temps à autres dans la partition. Des guest stars connus dans le milieu du reggae français seront invités à monter sur scène pour faire le bœuf. Taïro et Yanni Odua feront partie de la fête.


Fin de concert, les irréductibles (dont je fais partie) refuseront qu’ils quittent la scène. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Danakil, ce sont des gars qui font du reggae et non un quelconque revival, ils ont leurs sons et leurs paroles propres à eux-mêmes. Je passe par le merchandising et achète l’album «La Rue Raisonne» et depuis je tanne mon père avec. Il tourne en boucle dans la voiture, heureusement qu’il aime le reggae.

Danakil est vraiment un reggae avec un rythme reggae, pas comme Sinsemilia qui a multiplié le tempo par deux ou trois. On serait plus proche de Massilia Sound System pour la musique uniquement.

Danakil est à découvrir par les vrais fans de Reggae aux paroles intelligentes.

Après avoir écris cette chronique sur du vécu et du concret, j’espère n’avoir pas fait de l’ombre à mon papa comme chroniqueuse invitée 😊.  







7 commentaires:

  1. Bravo Cécile pour ce premier papier ! Et ne te prives surtout pas d'en publier d'autres a l'occasion. D'autant que si tu es aussi éclectique que ton cher père dans tes goûts musicaux, alors ça ne pourra que nous enrichir tous ! :-)

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  3. Les chiens font pas des chats!!! L'autre jour, nous sommes partis faire des courses tous les deux, habillés de la même manière sans se concerter ! tenue jean et tee shirt de Motörhead !

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    1. Et pour ce qui est de l'éclectisme, pas de soucis dans ce domaine, elle a de qui tenir !

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  4. J'en suis certain Pat.

    Et les photos sont belles en plus !

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  5. ah la la , avec de jeunes pousses comme ça bientôt la retraite pour les dinosaures comme Philou, Claude, Luc ou moi...

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  6. "Elle a de qui tenir" ? Le népotisme au Déblocnot? Démission!

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