Après
les Black Crowes et un premier revival 70's, il semble y avoir depuis
une petite poignée d'années un second souffle salvateur. Un vortex
déclenché par les fabuleux Rival Sons et récemment soutenu par les prometteurs Blues Pills.
Deux magnifiques combos qui sont comme une bouffée de chaleur régénérante,
une bouée de sauvetage dans ce monde qui donne l'impression de
sombrer dans la démence.
Cependant,
ces « Revival » ne seraient-ils pas finalement qu'une
démarche commerciale ? Juste une décision prise en haut-lieu, décidant à un moment précis de médiatiser un genre plus qu'un
autre. Juste pour renouveler le paysage musical avant que les masses
ne se lassent d'elles-même et passent à autre chose. Et finissent
par ne plus se fier à ce que l'on leur impose, à ce que l'on
décrète comme bon ou mauvais.
Car,
finalement, si l'on regarde bien, le Heavy-rock à la sauce 70's n'a
jamais cessé d'être ?
C'est
comme pour le Blues que l'on avait « redécouvert » dans
les années 80 grâce à Stevie Ray Vaughan (et l'appui de sa maison
de disque, et de quelques artistes influents), alors que la scène
n'avait jamais cessée d'exister. Elle était même très vivace dans
certaines villes des États-Unis où des clubs ne désemplissaient
pas. Certes, ce n'était à la démesure des festivals rock tels que
ceux de Reading, du Monster of Rock, du California Jam, du Volunteer
Jam, mais elle existait et il y avait un large public demandeur.
Bref,
si on se penche sur le sujet, le Heavy-rock d'obédience 70's n'a
jamais vraiment cessé d'exister. D'une façon ou d'une autre.
D'ailleurs les groupes n'éclosent pas comme par magie du jour au
lendemain ; ce n'est comme s'ils s'asseyaient dans un studio et
se disaient : « Hé ! Les gars, et on s'y on la
jouait 70's, style Led Zep, Uriah Heep, Mountain, Purple, ou
Cactus ».
Par contre, bon nombre de collectifs ont dû parfois faire des compromissions, afin de pouvoir surfer sur la vague qui pouvait les aider à être médiatiser et à vivre de leur musique. C'est l'exemple de Cinderella qui passé son premier opus, c'est révéler être un pur combo de Heavy-Rock Bluesy dont la racines plongeaient au plus profond des 70's. On pouvait donc en conclure que son « Night Songs » avait dû s’accoutrer de divers apparats pour se fondre dans le paysage en vogue, et être bancable. Une fois une notoriété acquise, le groupe put se séparer de ses costumes et révéler sa vraie nature.
Par contre, bon nombre de collectifs ont dû parfois faire des compromissions, afin de pouvoir surfer sur la vague qui pouvait les aider à être médiatiser et à vivre de leur musique. C'est l'exemple de Cinderella qui passé son premier opus, c'est révéler être un pur combo de Heavy-Rock Bluesy dont la racines plongeaient au plus profond des 70's. On pouvait donc en conclure que son « Night Songs » avait dû s’accoutrer de divers apparats pour se fondre dans le paysage en vogue, et être bancable. Une fois une notoriété acquise, le groupe put se séparer de ses costumes et révéler sa vraie nature.
D'autres,
nettement plus opportunistes, changeaient plus ou moins de style afin
de suivre le courant. Une fois que l'on a goûté au confort …
Derrière
tout ça, il y a une certaine politique commerciale. Gérer et
contrôler les tendances afin d'assouvir un public toujours avide de
nouveautés. De garder son attention, et surtout de toujours trouver
un moyen pour qu'il dépense son argent.
Dans
ce jeu, l'artiste, le musicien devient un esclave. Il lui est très
difficile de rester maître de son travail, de sa musique, de son
intégrité.
« … et pour qu'il ait l'opportunité de vivre pleinement et de manière gratifiante, il doit posséder le contrôle sur ce qu'il fait … même si cela s'avère économiquement moins efficace. »
« … et pour qu'il ait l'opportunité de vivre pleinement et de manière gratifiante, il doit posséder le contrôle sur ce qu'il fait … même si cela s'avère économiquement moins efficace. »
Aujourd'hui,
les choses ont un peu évolué. Notamment grâce aux nombreux petits
labels indépendants - dont même quelques uns sont parvenues,
difficilement, à gagner une stature internationale - qui offrent la
possibilité aux musiciens d'enregistrer leur musique sans leur
imposer un cahier des charges. Mais aussi grâce grâce au net qui
permet de découvrir des musiciens qui seraient restés coincés dans
leur fief, dans leur trou, il y a encore pas plus d'une quinzaine
d'années. A contrario, malheureusement, les concerts se font plus
rares. Du moins dans les provinces françaises. C'est
ainsi qu'aujourd'hui, en dépit d'un matraquage agressif des grands
médias, un vrai bourrage de crâne pour imposer leurs
diktats, il y a la possibilité de découvrir une flopée d'artistes
en tous genres. Des artistes restés, autant que possible, libres, et qui peuvent espérer se faire connaître,
offrir leur musique, voire d'en vivre (à condition de rester humble
...) sans devoir se compromettre. Vendre leur âme 😈.
C'est ainsi qu'aujourd'hui, on découvre des quatre coins du monde une pléiade de groupes que l'on peut considérer comme issu de l'école des années 70, sur lesquels, les aspirations commerciales d'un label véreux n'ont pas eu prise. Que l'on a pas enfoncés dans un moule. Des groupes d'où émanent une certaine pureté.
Certains, évidemment, sont la réunion de jeunes âmes enthousiasmées par les derniers représentants du genre, ou même par la découverte d'anciennes gloires. D'autres, sont manifestement dans le circuit depuis un bon moment.
Le groupe Londonien, Born Healer, est de la seconde catégorie.
Leur physique trahit un certain âge. Visiblement, ce ne sont pas des jeunots de la dernière pluie qui auraient appris quelques notions de musique il y a peu. On imagine sans mal ces quatre personnes avoir roulé leur bosse dans diverses formations, foulé l'estrade de diverses petites scènes de clubs bas de plafond. Les rêves et des espoirs de leur jeunesse qui se sont progressivement étiolés au fur et à mesure que les premières rides arrivaient, que les cheveux et barbes s'éclaircissaient. Le temps, impitoyable, est passé. Désormais, ils ne pourront jamais être des rock-stars adulées par des adolescents en mal de modèles, placardant leurs murs d'effigies de leurs idoles.
Toutefois, il est possible que cela n'ait jamais été leur moteur. Qu'ils n'en aint jamais eu cure de devenir des célébrités sur-médiatisées. De la reconnaissance bien probablement, mais pas nécessairement de l'adulation. Car au contraire de tous ceux qui sont là "Only for the money", eux sont toujours là. Preuve d'un réel amour de la musique.
Ian Black |
Preuve aussi que ce quatuor ne vient pas de s'improviser musicien. Ce qui implique une certaine maturité que l'on retrouve dans leur façon d'interpréter leur musique. En effet, plutôt que la déflagration sonique, la vitesse d’exécution, l'extériorisation de frustrations dans un déluge de décibels et de vocifération, la priorité est donnée au feeling.
Rien de percutant, ou de vraiment catchy, absolument rien d'agressif, juste du bon Heavy-blues-rock millésimé 70's. Première moitié. A l'image de la pochette, il plane sur ce disque une atmosphère feutrée, duveteuse même. Une ambiance "so british", d'un pub chaleureux ou d'un salon cossu, à l'abri d'un "climat de poulailler", où on peut déguster une bonne bière et se ressourcer.
Une bonne bière ... oui, on pourrait aussi comparer ce " 'Til the Dawn" a une bonne bière fraîche. Une bière de qualité qui se déguste et s'apprécie. Une bière désaltérante et nourricière pouvant, l'instant d'un moment, faire oublier les tourments passés et à venir. Une boisson qui ne pas fournir l'ivresse mais simplement un bon et sain plaisir.
"Pressure Valve" annonce d'entrée la couleur. La batterie swingue, caresserait presque sa caisse claire plutôt que de taper comme un sourd. La basse est groovy, ronde et veloutée, bien légèrement mixée en avant. Juste ce qu'il faut pour que son rythme indéfectible sont bien audible. La guitare, quant à elle, s'applique à laisser résonner ses accords, à les laisser respirer. Proche de l'école de Paul Kossof. Le dernier mouvement s'ouvre sur l'esprit festif des morceaux les plus enlevés des Rolling Stones d'avec Mick Taylor.
Consistance et bonne tenue que l'on retrouve sur la pièce suivante : "Leaving Trunk". Chanson de Sleepy John Estes, mais dont la présente version est directement inspirée par celle de Taj Mahal, issue de son excellent premier disque. Celle-ci est moins rugueuse et est dépourvue d'harmonica mais ne manque pas pour autant d'attrait et de chaleur.
Helen Turner |
C'est en tout confiance que le combo attaque un slow-blues en troisième position. Pari risqué et beaucoup s'y sont cassés les dents. Généralement, on le garde pour clôturer une face ou un disque. Sinon, en avant-dernier, juste avant un truc nettement plus tonitruant. L'exercice n'est guère simple car il faut éviter le redondant et surtout y mettre du cœur. Et pourtant c'est réussi, notamment grâce au chant d'Helen Turner qui non seulement maîtrise son sujet mais le vit. Il y a un peu en elle de l'engagement d'une Maggie Bell et de l'émotivité d'une Mavis Stapples. Et sur le Souful "Never Gone", on pourrait croire que Cyndi Lauper a été invité pour un duo.
Les Slow-blues et autres ballades Souful sont un sujet qu'elle domine. Au contraire de la grande majorité des chanteuses, elle ne ressent pas le besoin de forcer sa voix, de feindre des hurlements stridents de souffrance. Encore moins de se compromettre avec ces effets de voix intempestifs, frisant le ridicule, qui parviennent même à gâcher les rares bons titres de r'n'b. C'est du bio, 100 % naturel, sans édulcorants rajoutés.
On remarque que le guitariste, Ian Black, lorsqu'il joue un solo, reste immanquablement dans le rythme et la mélodie de la chanson. D'ailleurs, il ne triche pas. Il n'y a qu'une seule piste de guitare. Aucun overdub, même lors des soli et breaks. A l'instar de Kossof, mais aussi de Peter Green et de Leslie Harvey, son jeu, ses rythmiques sont construits autant sur des arpèges que sur des accords.
Born Healer ressuscite l'esprit de ces groupes de Heavy-rock des années 70 qui, bien plus qu'avec le Hard-rock tel que nous le connaissons, avaient plus de points commun avec le Blues. Même si celui-ci est alourdi par des guitares, et des basses, au son plus gras et saturé. L'exacerbant parfois en se laissant emporter par les vibrations euphorisante de la musique.
Marek Funkas |
"Brand New Day" porte même quelques réminiscences sixties, du Swinging London's Sound. Un peu de Mayall, de Chicken Shack, de Small Faces.
On retrouve aussi la référence des "Stones mouture Mick Taylor" sur "Healing Hand".
N'ayant toujours peur de rien, le collectif ose terminer son premier essai sur le célèbre "Since I've Been Loving You" de qui vous savez (1). Cette fois-ci, l'interprétation est respectueuse. Et bien qu'elle ne concède aucune place, elle ne tombe pas dans la singerie. Ian Black est loin d'être ridicule, même sur les soli, avec notamment des bends maîtrisés et expressifs. Et comme toujours, il évite soigneusement d'en faire trop. Et Helen se montre particulièrement crédible. A croire qu'elle a appris à chanter en écoutant les ténors mâles du Heavy-rock des 70's. Robert Plant, mais probablement aussi Paul Rodgers, voire David Coverdale (d'avant l'ère permanente, d'avant John Sykes). On raconte même que Plant en personne serait voir le groupe sur scène (à moins que cela ne concerne que la précédente mouture du groupe, alors sous un autre nom, qui reprenait déjà cette pièce emblématique).
Pas vraiment "Hard-Rock", aucunement même suivant les critères actuels, mais pas vraiment Blues non plus. Avec Born Healer on retrouve l'univers des Stone the Crows, Humble Pie, Mama Lion, Free, Hackensack, Keef Hartley Band, Birtha. Et même de Rory Gallagher dont ils reprennent "A Million Miles Away" dans une version adoucie, feutrée, presque Souful, exacerbant sa facette mélodique. La transformant en une belle et douce ballade. Je pense que Rory aurait aimé cette version.
Avant l'aventure Born Healer, Helen Turner et Ian Black et Andy Jones jouaient dans Bare Bones Boogie Band. Un précédent quatuor, auteur de trois disques, dont le dernier essai, "Tattered & Torn", reçut les honneurs de la presse ; et une de leurs chansons, "Wings", fut sélectionnée pour concourir au British Blues Award de 2013.
Les trois sus-nommés ont remonté un groupe sans pour autant changer de style, si ce n'est que la facette Heavy-rock paraît légèrement plus appuyée. Ils ont déniché pour nouveau bassiste un certain Marek Funkas. Un Polonais qui a déjà, lui aussi, pas mal roulé sa bosse dans divers groupe en Europe de l'Est.
(1) Et si vous ne savez pas c'est que soit vous êtes vraiment très jeune, soit vous avez été pris dans les glaces depuis les années 60. Ou alors vous un êtes un récent réfugié de la Corée-du-Nord, ou des lointaines montagnes du Boukhistan,
🎶
Super. Pas trop rapide, pas une note de trop, pas bourrin, voix remarquable. Découverte intéressante. Un batteur de ce style qui joue en prise traditionnelle, assez rare.
RépondreSupprimerT'as vu les prix?????
RépondreSupprimerGlaglagla… Quelqu'un peut me passer un pic à glace memercici…
RépondreSupprimerBlague à part, j'écoute l'album sur Deezer… Entre Bartók et John Adams, y a pas à dire ça le fait :o)
D'accord avec le premier commentaire de Shuffle et aussi le second (100 € d'occasion ; fichtre - on a toujours la solution MP3, mais vous savez ce que j'en pense)
Hein ? Comment ? C'est du harcèlement ! Il y a un bureau noir.
RépondreSupprimerLe prix est plus que raisonnable. Où avez-vous trouvé ces sommes ??
C'est du 12 € et des poussières plus le port (grouïïïnnk ?) chez Born Healer.
M'enfin.
Ben sur Amazon...
SupprimerEn effet, il y a 1 exemplaire à 12,82 chez un vendeur british, mais je ne trouve nul part un site de vente avec x exemplaires à des prix raisonnables...
le site Born Healer a été conçu par un gars qui fume la moquette, on n'y comprend rien !!!!!
Ha, ha, ha, Oui :-) Totalement d'accord. Il est souple comme une barre-à-mine et n'a aucun attrait.
SupprimerEt malheureusement, j'ai la mauvaise impression que c'est une nouvelle tendance (?) ... Pas le premier du genre sur lequel je tombe depuis cette année.
Le vendeur british est en fait le groupe lui-même qui doit certainement passer par amazon pour les problèmes de flux bancaires.
Comme Claude. Disque soit indisponible, soit impossible à se faire adresser en France. Invraisemblable....à l'heure où tout le monde pleure sur la chute des ventes de CD.
RépondreSupprimerIl semble y avoir un bug chez le truc amazon ... (apparemment, les bugs sont en pleine expansion. voilà deux mois que j'ai des merdes sur des logiciels. Et ça me pourrit vraiment la vie. J'ai même été emmerdé pour finir et mettre en page mon commentaire. J'suis même pas sûr qu'il y ait pas encore des c...ll.s ...).
SupprimerC'est une attaque terroriste !
Bon, sinon il suffit de cliquer sur le nom "Born Healer" ; cela renvoie alors à une fenêtre où on propose, en troisième option, le CD à 12,82. Au lieu de 99,81 ...
Étonnant ... Il y a de quoi se poser des questions. De la pure arnaque, ou une pratique odieuse pour éviter que les groupes gèrent eux-même leurs ventes.
Dans le 2ème clip, y'a du Janis Joplin dans la voix, les intonations... J'adore.
RépondreSupprimerShuffle : tu entends quoi par "prise traditionnelle" ? Enregistrement direct des trois instruments ?
La presse s'était empressée de la comparer à Janis. Toutefois, s'il y a bien, de temps à autre (notamment sur "River"), quelques intonations ce n'est guère prégnant.
SupprimerPrise traditionnelle = prise tambour, ou jazz si tu veux. Taditional grip vs match grip ou french grip.
SupprimerBonjour mes amis, de Londres! Merci pour les bon mots :) Ou est le €100???? Le CD est à 12,82 per amazon.fr, ou £9.99 per bornhealer.com ou amazon.co.uk. A bientot! Iain Black, Born Healer :)
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