La Belle Hélène
J’aime
ces matins où, quand j’ouvre ma boite aux lettres, en dehors des prospectus et
des factures en tous genres, je trouve une enveloppe matelassée avec un CD dedans.
Cela veut dire que je vais pouvoir écouter et découvrir un artiste qui ne fait
pas partie des dinosaures de la chanson française et ça, c’est bien agréable pour
commencer une journée.
Avoir
du talent n'est pas seulement l'apanage de trop rares artistes que l’ont peut entendre et voir
dans les tabloïds à grand tirage, les grandes radios périphériques ou encore
les chaînes de télévision tout publics. Il suffit de chercher, de creuser et
d’écouter pour trouver des talents peu connus et qui pourtant arrivent à exprimer
leur richesse musicale. Hélène Gerray fait partie de ces femmes qui essayent
de sortir de l’ombre. Me voila donc avec mon enveloppe entre les mains et je
suis comme un môme un soir de noël qui va ouvrir son cadeau. Des sensations
que j’avais déjà connues avec Radio Elvis et Sofian Mustang et qui sont toujours des plaisirs
renouvelés.
Je
découvre ainsi un disque à la couverture bleu avec un dessin enfantin d’une jeune
fille en robe rouge, la queue de cheval au vent criant «De l’air !». Mais avant
d’écouter cette galette qui m’a l’air prometteuse, je vais farfouiller dans le
passé de la dame. Décembre 2011, un
premier album «J’ai
du vide au bout des pieds» dont on peut encore entendre deux titres
sur Youtube «Je
suis une femme» et «Comme une petite chanson». Certains fans de son public voit en elle la fille cachée de Georges
Brassens, je rajouterai que ce dernier a dû fauter avec Anne Sylvestre pour lui donner un tel talent.
Une
femme armée d'une guitare qui, selon sa biographie, changera son destin de femme au
foyer de la banlieue parisienne pour celui de chanteuse poète dans une petite
commune du Cher de 544 habitants. Pourtant rien ne prédestinait Hélène Gerray
à se retrouver devant un micro et sous les feux des projecteurs à chanter ses vers et
à jouer sa musique sur les petites scènes de province. Selon ce qu’elle écrit
en préface sur le très beau livret qui comporte les paroles de ses chansons et
qu'elle a eu la gentillesse de m’envoyer avec le disque qui, de plus, est
agrémenté de photos, dessins et de peintures... Elle ne se voyait sans doute pas, vingt ans
plus tard, avec deux CD à son actif et des concerts intimistes à profusion.
Mais
revenons à l’album de cette jeune grand-mère. «De l’air !», le point
d’exclamation donne bien l’état d’esprit dans lequel la chanteuse se trouve :
une envie de donner un grand coup de balai dans une vie monotone, une envie de
grand espace et de changer d’air tout simplement.
«Je veux un homme».
Tout de suite nous sommes dans le bain de l’univers d’Hélène Gerray et,
musicalement, c’est tendre, doux et légèrement mélancolique. La dame n’est pas
difficile, elle veut juste un homme qui n’a pas peur de l’orage. Des paroles
drôles et tendres, une voix fraîche et chaude à la fois, pure et charmeuse. La
suite me promet bien du plaisir.
«Le dîner de
chasse». Brassens a frappé ! On
ne peut pas s’empêcher de sourire avant de rire des paroles de cette chanson
que l’homme aux moustaches aurait pu chanter. «A
bout de la troisième bourrée, et alors que certains le sont, en r’gardant les
autres virevolter, je me décide à lui faire front». Un vrai dîner de
beaufs.
«Je voudrais
qu’ils comprennent» Très joli texte sur le plaisir sexuel et
pourquoi selon les médias, certains seraient «anormaux»
parce qu’ils n’aiment pas ça ?
«Dis-lui».
Que certaines chansons sont belles en voix-guitare et celle-ci particulièrement,
puisque tous les parents pourront s’y retrouver le jour où on leurs annoncent
qu’ils passeront au grade supérieur de grands-parents.
«Noah».
La suite logique de la précédente, avec l’arrivé du petit dernier dans la
famille qui empêche ses parents de dormir (Nous
avons tous connu ça !).
«Marie».
Très courte, mais quoi de plus beau que de faire une chanson pour sa meilleure
amie ? Pas besoin de faire de longs discours.
«Le chanteur
engagé». Comme elle le dit elle-même «Être engagé signifie pour moi dire ce que l’on pense au fond de
soi-même et pas ce que notre public attend qu’on pense». Elle trempe sa
plume dans le vinaigre ou le vitriol (Au
choix !) sous le mode de la dérision et cela nous donne un
résultat politiquement incorrect.
«L’escargot».
Avec sa belle guitare aux accents manouche, un titre qui justement parle de ce
peuple qui ne trouve pas sa place sur cette planète et vie comme le
gastéropode.
«Laissez-moi
mourir». Un très beau titre, l’implacable travail de la vieillesse
mais surtout un plaidoyer pour la mort dans la dignité.
«Alain»
La belle parle-t’elle de son homme ? Une chanson pleine d’humour et à
double sens. Je me suis senti concerné, Alain est mon deuxième prénom !
«Les mamans qui
ne font pas de bisou». Comme elle l’écrit elle-même en
préface : «On en connaît forcément
une» Des mauvaises mères ou la difficulté de la maternité ?
«Les chats
d’Israël» L’actualité est aussi dans son registre, une histoire
de castration en Israël pour cause de surpopulation des chats mais condamné par
la Torah, le tout sur fond de guerre Israélo-palestinienne
«Le tablier de
Martine» Petite bluette sympathique de la copine Martine !
«Le cueilleur de
cailloux». Son contrebassiste avait tendance à ramasser des galets
sur les plages et suite à un lapsus le mot «cueillir»
remplaça «ramassé».
«Les bons amis».
Je ne sais pas comment prendre cette chanson, les paroles sont-elles
autobiographiques ? Beaucoup de désespoir et de beauté en même temps dans
le texte.
«De l’air !»
La chanson coup de balai ! La révolte féministe avec ses nouvelles
résolutions.
Et
pour digérer le tout, une version a cappella de «Noah».
Après
écoute, les similitudes avec Linda Lemay, Jeanne Cherhal, Raphaële
Lannadère pour ne citer que celles-la sont flagrantes. Du talent à
revendre, les majors passent à coté de quelque chose. Hélène Gerray pourrait être sur
la scène des francofolies sans aucun problème ! Une voix, des textes et
une musique, un ensemble que l’on voudrait entendre plus souvent dans ce monde
où les textes en langue anglo-saxonne tiennent le haut du pavé. Et même si elle
demande «De l’air !»,
Hélène
Gerray ce n’est pas du vent !!
Hélène Gerray, ma valeur sûre pour les
déblocd’or de l’année prochaine.
Merci
au facteur d’avoir occupé ma nuit et merci à Hélène Gerray de m’avoir charmé
de sa voix et de son talent.
Son site : Hélène Gerray
Son site : Hélène Gerray
Sa page FaceBook : helene.gerray.FB
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire