

Le prétexte est assez mince, et
après coup on se dit qu’il manque quelques rebondissements à ce scénario
assez linéaire. Gareth Edwards (réalisateur d’un GODZILLA relooké numérique)
nous embrouille un peu au début, démarrant trois ou quatre histoires, sur des
planètes différentes, avec des gens qu’on ne connait pas, on ne sait pas trop
comment relier tout ça. Y’a des rebelles, des résistants, des groupuscules, des
barbouzes, on ne sait pas vraiment à qui se fier (Rogue signifie escroc,
bandit). Mais le récit se met en place, on distingue où l’intrigue veut nous
mener, et nous emmène. Les ficelles psychologiques sont énormes, les conflits
personnels et moraux déjà vus. Mais y’a de l’action, vintage, avec les X-Wings,
croiseurs, combinaisons, casques, les dromadaires en mécano... Forcément. Faut être raccord avec ce qui est
censé être la suite, mais réalisée 40 ans plus tôt.


Il va moins vite que le faucon
millénium, Paterson, avec son bus. J’aime bien comment Jim Jarmusch le filme au
volant, écouter les conversations des passagers, les épier dans le rétro (il
voit des jumeaux partout, sa femme lui avait demandé au début tu aimerais avoir
des jumeaux ? voyez le symbole ?). C’est ainsi le lundi, le mardi, le
mercredi. C’est là que madame B. m’a soufflé à l’oreille : "je ne vais pas
tenir jusqu’à dimanche !". Je la sentais fébrile, maman, comme ça, un soir d'hiver, trois personnes dans la salle... A force de filmer les habitudes et gestes quotidiens
(les vêtements sur la chaise, la boite aux lettres de travers, la p’tite bière
du soir) le film devient redondant. Certes, Jarmusch diversifie ses cadres,
axes, tout cela est très joliment filmé, mais on tourne en rond. Si c’était
pour nous dire ça, 30 minutes auraient suffi.

Je me souviens du GREEN HORNET
confié à Michel Gondry, qui s’était amusé comme un fou, avait injecté son
univers, et avait fait un four au box-office !
Si Gareth Edwards semble
parfois s’éparpiller, Jarmusch reste bien centré sur ses deux héros. Il y a
quelques rôles secondaires, un barman, un couple de clients en pleine déception
amoureuse, c’est tout. Je m’attendais à un film plus généreux, de personnages,
de portraits. C’est assez chiche. Comme son collègue qui lui raconte ses
malheurs, tous les matins. Cela aurait pu être plus attachant.

Le cinéma, c’est magique, mais
c’est aussi monstrueux. L’actrice Carrie Fisher est décédée, mais elle a eu le
temps de tourner dans l’épisode VIII, à venir. Elle est aussi à la toute fin de ROGUE ONE, puisque la dernière scène avec Leia, est précisément la
première de l’épisode IV de Georges Lucas. En réalité une doublure numérique,
une actrice sur laquelle on a collé le visage de Carrie Fischer repris des
films précédents, et animé numériquement pour coller aux nouveaux dialogues.
Impression très étrange, comme avec Tarkin, qui était joué en 1977 par feu Peter
Cushing, et qu’on revoit ici. C’est lui sans être vraiment
lui. Le regard parfois ne semble pas le même. Avec Vador, les droïdes (on revoit C6PO et R2D2, mais y'a un nouveau, moins fanfaron), les aliens, c’est facile, on ressort les masques et maquettes du magasin d'accéssoires, mais
avec les vrais acteurs…
ROGUE ONE ne rate pas sa cible,
il distraie, joue sur le souvenir, la nostalgie, ressasse le passé mais
n’invente pas l’avenir, une intrigue sans lendemain, et pour cause, la suite a
déjà été tourné y’a 40 ans ! Mais le risque est minimum, on calque au
cahier des charges. PATERSON déçoit à force d’être ennuyeux, répétitif, un film
curieusement dénué de sentiment, d’aspérité, de charme. Laura et ses cupcake N&B ne
parviennent pas à nous intéresser vraiment. On est comme leur bouledogue, on
attend dans son siège que la porte s’ouvre et qu’on aille enfin se balader.
Cela aurait été plus rigolo que
Gareth Edwards nous trousse un chauffeur de bus à la SPEED (Jan de Bont, 1994),
et que Jarmusch soit engagé pour faire un STAR WARS intimiste !
ROGUE ONE - couleurs - 2H15 - scope
PATERSON - couleurs - 2h00 - 1:1.85
000
Le film de Michel Gondry, est-ce "Green Lantern" ou "Green Hornet" ?
RépondreSupprimerQuoi qu'il en soit, ce sont tous deux des nanards.
Oui, c'est "Green Hornet" je me suis trompé ! Je corrige.
RépondreSupprimerAvec Seth Rogen. Tourné à la manière d'un film potache, j'avais trouvé ça original et drôle, par rapport aux très sérieux Batman, Spider et consorts...
Potache, oui, caricatural aussi. Cela démarre plutôt assez bien mais, à mon sens, on finit par frôler l'overdose. Steve Martin n'est guère loin.
SupprimerCe qui est gênant ce sont ces remakes qui essayent de tout mélanger dans le seul but de faire un film lucratif, pour plaire à tout le monde. Et surtout aux plus jeunes.
Cela m'évoque "Wild wild West" qui aurait pu être bien mieux avec un tant soit peu de retenu.
le prochain Star Wars par Jarmush? ça laisse pensif...Aussi improbable que de voir Emmerich qui pondrait un film d'auteur...
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