samedi 24 décembre 2016

L. MOZART / HAYDN / ANGERER (?) – Symphonie des jouets – Ton KOOPMAN – par Claude TOON



- Choix de circonstance M'sieur Claude en ce jour de sapin de Noël, de cadeaux et de réveillons ? Mais dites-moi, il a fallu trois compositeurs pour cette petite œuvre ?
- Non Sonia, d'où le point d'interrogation… On ne sait pas vraiment qui a composé cette pittoresque symphonie avec ces crécelles et ses appeaux pour zozios…
- Ah ! Le disque retenu mentionne les Mozart père et fils, on a dû faire des découvertes récentes je pense, à ce sujet…
- Oui, le disque est un peu ancien déjà et Léopold Mozart n'est peut-être pas l'auteur mais aurait édité la partition… Au fait M'sieur Luc vous a offert un cadeau ?
- Ô oui ! Il m'a offert un Kinder Surprise, le petit, pas le grand. Il a dû casser son cochon, hihihi…
- Tenez, je vous offre une intégrale des quatuors de Spohr en 14 CD. L'éditeur me l'a envoyé mais j'ai la flemme de les écouter. Bon Noël Sonia…
- Ah heu oui, c'est heu… très gentil… cooool. Bon ben, joyeux Noël M'sieur Claude !
Smack Smack Smack Smack
Nota : Amazon aurait pu enlever la cellophane avant de photographier le boiter. Encore un cadeau inutilisé

Primaire des compositeurs

Poupée du XVIIIème siècle
Oui je sais, on en a bouffé toute l'année des primaires de politiciens : les ricains qui nous ont pondu un butor aussi éclairé qu'un étron, et puis nos droitiers du PR en attendant les gauchers. Les écolos, bah, ils ont fait ça dans leur coin, en solo, un évènement aussi suivi que l'attribution du prix de thème latin au concours général. (Lauréate 2016 : Mlle Lucie F., née le jour de Noël 1999 - un drôle de hasard, et les félicitations de la rédaction du Déblocnot à cette jeune fille studieuse.)
Et voilà que je remets le couvert par une association d'idées assez fumeuse. Il va falloir voter pour désigner l'auteur à coup sûr de la Symphonie des jouets, une petite œuvrette fantasque qui fait les beaux jours des après-midi(*) festifs des classes maternelles. Bon vous aviez déjà désigné un candidat, tiens au pif : Mozart Wolfgang Amadeus… C'est vrai que c'est un peu son style des divertissements comme Une plaisanterie musicale ! Ben non, il n'y est vraiment pour rien, il n'est donc pas candidat.
Sur l'édition destinée à l'impression, on trouvait le nom de Haydn. Comme le bonhomme aimait les musiques poilantes, on pouvait y croire. Et puis d'abord quel Haydn ? Le Joseph de la création et des symphonies londoniennes ? Bof, son catalogue était suivi aux petits oignons par lui-même et ne mentionne pas la partition… Il y a comme un doute. Alors Michael Haydn, le petit frère ? Moui, mais non, trop sérieux dans son genre. Alors qui ? Bon challenger : Leopold Mozart (le père) qui aimait les mômes au point d'exhiber son génie de marmot dans toutes les cours européennes… Ô il a écrit aussi des symphonies brèves et sympas le Leopold… Alors on nous aurait menti comme radotait Mr Cyclomédoc en son temps et on aurait soudoyé Papa Haydn pour donner sa caution…
Ah Ah, ça se corse, hein Bruno ! On a découvert récemment un outsider, et devinez qui  ? Un ecclésiastique : le Père Edmund Angerer, musicien à ses heures et dont la partition autographe intitulée "Berchtoldsgaden Musick" et signée de sa main a été découverte au Tyrol dans le recoin d'un monastère en 1930 !!!
Je résume : Haydn, son catalogue était trop bien tenu, un oubli ? Difficile à croire… Leopold Mozart, possible, il est bien l'auteur d'une promenade en traîneau avec grelots, motif rappelant un cheval caracolant, etc. Mais, scoop : il y a la partition authentique de notre homme d'Église, Edmund Angerer. Diable, un concurrent sérieux…
- Vous avez dépouillé les 6 bulletins de nos rédacteurs Sonia ? Ça donne quoi ?
- 2 pour Haydn, 2 pour Leopold Mozart, 2 pour le père Angerer… Il faudra un second tour ?
- Non, mon petit, les musicologues sont formels, Leopold Mozart a pompé la partition, sans méchanceté, il n'y avait pas de SACEM au siècle de lumières…
(*)"les beaux jours des après-midi" : syntagme amphibologique (comprendre : expression complètement conne), mais ça fait classe, je la laisse. (Fichu métier !)

Leopold Mozart
Joseph (ou Michael) Haydn
Edmund Angerer


Comme beaucoup d'entre nous commencent à tartiner des toasts, à ouvrir des huitres ou à s'engluer dans une foule compacte et speedée pour acheter les deniers cadeaux, peu de temps pourra être consacré à la lecture d'une analyse fouillée de cette petite symphonie. Très franchement cette friandise musicale s'écoute pour ce qu'elle est : une pièce de circonstance qui ne justifie en rien un roman musicologique…

L'orchestration est en rapport avec une exécution chambriste destinée à divertir : quelques premiers et seconds violons, violoncelles, un continuo de basse, une trompette et une timbale en do et des gadgets : un appeau à rossignol, un autre pour coucou et une roue à rochet qui sonne comme une crécelle, sans oublier un triangle…
Inutile de convoquer la philharmonie de Berlin pour cette dizaine de minutes guillerettes et c'est pourquoi j'ai choisi cet enregistrement de Ton Koopman qui, avec ses instruments d'époque de l'Amsterdam Baroque Orchestra, fait rutiler cette partition dont la lecture témoigne d'une fraîche simplicité, écrite en do majeur et sans chromatisme ou polyphonie compliqués.
Ton Koopman s'est amusé à composer un programme à partir de diverses musiques festives de cette époque. La symphonie des jouets proprement dite commence à [3:50], après une introduction martiale pour soldats de plomb  et une petite chanson, et se termine après son troisième mouvement à la fin de la vidéo. Je pense que tout le monde a déjà entendu cela un jour ou l'autre à la radio, lors d'un arbre de Noël d'entreprise, ou encore dans une galerie marchande du côté des 12 clones de père Noël qui se font photographier avec la marmaille surexcitée.
Bonne écoute et joyeux Noël à tous les lecteurs 😄.



5 commentaires:

  1. Tu m'aurais posé la question, j'aurais répondus sans hésiter: "Haydn...!", mais il est vrai que ça sonne un peut comme le concerto n°1 pour cor de Mozart.

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  2. J'ai de vagues souvenirs de cette petite symphonie que l'on me passait lorsque j'étais un petit "zenfant" (et qui me paraissait assez martiale). [un temps d’innocence où tout semblait plus simple]

    Mais est-ce que la version proposée n'a pas un petit problème ? Lors des roulements, ça fuse et il y a un tournoiement sifflant derrière. C'est entre un copieux mitraillage et un affolement d'oiseaux de toutes sortes virevoltant dans une serre trop étroite.

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    1. Sur la partition, seul l'appeau à coucou est noté, crécelle, rossignol et triangle ne sont que des suites de trilles donc tout cela laisse pas mal de liberté aux musiciens pour jouer plus ou mois fort et frénétiquement.
      La partition est simplissime : http://www.free-scores.com/partitions_telecharger.php?partition=50865#
      Par ailleurs, c'est du youtube... Tu vois ce que je veux dire au niveau du report et de la qualité du son, mais je l'ai trouvé sympa pour ce petit article sans prétention :o)

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    2. Merci. Tout est clair.

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    3. Maintenant que je réécoute, je me demande si Ton Koopman n'a pas pris la liberté d'ajouter un Éoliphone (machine à vent), instrument très en vogue à l'époque et remis au goût du jour par Richard Strauss dans la symphonie alpestre (il y a une photo de l'engin dans le com consacré à cette grande fresque montagnarde en 2015)...
      Wikipédia en parle aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89oliphone

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