vendredi 9 septembre 2016

EDDY MITCHELL "Ma dernière séance" (2011) par Luc B. comme boogie.


Il ne s’agit pas ici de vous tartiner la bio du Sieur Eddy, mais comme il a décidé d’arrêter les tournées (pas les disques ni les concerts ci et là) on va s’attarder sur ce dernier enregistrement live, montage des concerts du 3, 4, 5 septembre 2011 à l’Olympia. Je pense me faire le porte-parole de pas mal de monde en avançant qu’Eddy Mitchell jouit d’un capital sympathie élevé, davantage que son compère Jean Philippe Smet. 

Eddy Mitchell a eu du bol d’avoir à ses débuts un pianiste du nom de Pierre Papadiamantis (comme il le raconte dans ce disque) qui à partir de 1966 va lui proposer ses musiques, lui ciseler des mélodies imparables, sur lesquelles Eddy-sois bon-Schmoll-Claude Moine couchera les paroles. Des souvenirs nostalgiques de son enfance dans les quartiers parisiens, aux grandes étendues de l’Ouest américain, des petits travers de notre bonne société observée avec malice, aux évocations cinématographiques, Eddy Mitchell est parvenu à réunir un esprit chanson française avec les rythmes rock, blues, soul des Etats Unis. Tout est dit dans son classique « Nashville ou Belleville ». 

MA DERNIÈRE SÉANCE, bien nommé donc, commence par un shuffle instrumental « C’est pourtant vrai », enchainé recta avec une intro de Chuck Berry, l’adaptation « C’est un rocker », une scie encore bien tranchante, avec le piano virevoltant de Jean Yves D’Angelo et les chorus des deux guitaristes Basile Leroux et Hervé Brault. Puis un premier interlude, il y en aura beaucoup, avec anecdotes, souvenirs. L’homme est éloquent a plein de trucs à raconter, et une histoire, celle d’Adam et Eve : – Adam ? – Quoi… - Adam ? – Oui, quoi… - Adam, est-ce que tu m’aimes ? – Ai-je le choix ? 

Suit la profession de foi « Nashville ou Belleville » avec la steel guitar d’Hervé Brault, et les classiques défilent, « Sur la route de Memphis », « Il ne rentre pas ce soir », une nouveauté de «Voulzon et Souchy » « L’esprit grande prairie », un meddley de vieilleries « Tu parles trop », « Daniela », « Bebop a lula », et puis (la plus belle ?) « La dernière séance » agrémentée d'un long chorus de Basile Leroux. Superbe version. 

Michel Gaucher, directeur musical
Les Gitanes et le whisky ont fait leurs œuvres, la voix d’Eddy Mitchell est grave et profonde, il aime bien en rajouter dans les trémolos rocailleux. Une voix moins souple avec les années, le chant est plus haché, pour maitriser un souffle plus court ? D’autres nouveautés, puis « Au bar du Lutétia », qui illustre une autre facette du personnage, le crooner. On s’y croirait, au Lutétia, pour cet hommage à Serge Gainsbourg, le piano swing, changement de tempo et un sax qui pointe son bec. Transition toute trouvée, car une douzaine de cuivres déboulent sans prévenir pour un « Vieille canaille » tonitruant. 

Des ballades « M’man » (mouais, jamais accroché à celle-là), du blues rock « Laisse le bon temps rouler », du swing encore avec « J’aime avril à Paris » inspiré de « April in Paris » classique du jazz, chanté par Sarah Vaughan ou Sinatra. Les arrangements sont de Michel Gaucher, saxophoniste. Puis « Rio Grande » (j’aime beaucoup) et ses trompettes mariachi, un « 18 ans demain » qu'on pourrait croire reposant sur un riff de Paul Personne, l’orgue Hammond, guitares et cuivres s’expriment, mais pas trop emballé. Nouvelle cargaison de tubes, « Le cimetière des éléphants » et chorus de sax alto, « Lèche botte blues » (excellent) « Couleur menthe à l’eau » (j'aime bien le texte) avec une nouvelle intro au piano. Jean Yves D’Angelo (une pointure, travaille avec Jonasz, Aznavour, compositeur de musiques de film, de télé...) à l’honneur dans un court instrumental de sa composition, qui sert de tremplin pour « Pas de boogie woogie » (une tuerie cette chanson !), avec wagons de chorus, piano, sax… Le concert se termine avec « Come back » (« non je ne vous ferai pas le coup du come-back, des adieux, des regrets » avant un au revoir presque émouvant) nouveauté bluezy et swinguante.

Il y a ensuite six chansons reprises en bonus, versions alternatives, avec des invités, Souchon et Voulzy sur « L’esprit grande prairie », Jean Jacques Milteau et son harmo pour « La route de Memphis », Laurent Gerra (avec la voix de Johnny) sur « Vieille canaille », le fils Dutronc à la guitare et au chant sur « Le blues du blanc », Olivia Ruiz, et… aie… (mais il a dit que c’était son pote) Pascal Obispo sur « Pas de Boogie ». J’voudrais dire du mal, hein, mais… j'voudrais pas dire du mal. Ca me rappelle Bénabar sur son live (on en reparlera sans doute, y'a de bonnes choses) « Le blues du dentiste » en duo avec Henri Salvador. Disons que rapport au groove et au swing, y’en qui ont encore deux trois p’tits trucs à apprendre.
Bonus dispensables au sens où, à part l’intervention d’une deuxième voix, les versions sont strictement les mêmes. Pourquoi ne pas les avoir intégrer à l’album d’origine, tout simplement ? 

C’est du live, donc par définition c’est vivant, bien vivant, les musiciens touchent leurs billes que c’est peu de le dire, Eddy Mitchell est en pleine forme, il maitrise son sujet comme on dit, la prise de son est nickel, et le livret façon BD est très sympa. Un double cd que j’ai chopé gratos dans un vide grenier, et j’chui ben content ! Il y a plein de chansons d’Eddy Mitchell que j’aime bien, elles y sont presque toutes. Il voulait arrêter avant le concert de trop, avant d'être ridicule. Y'en a un qui devrait y penser aussi... non, pardon, on a dit : pas du mal des belges. Une dernière séance (avant les trois soirs à Bercy avec Johnny et Dutronc père, y z'ont dû bien s'éclater) qui fait vraiment plaisir à écouter.


Impossible de vous trouver un extrait digne de ce nom, incroyable ! C'est les 2 heures de concert ou rien. Donc "pas de boogie", 6 mois plus tôt, même musiciens (mais ça coupe sec). Et pour le plaisir, "Rocker" en duo avec Coluche.





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11 commentaires:

  1. Un des rares à avoir fait (bien) coller le français avec le rock. Autre exemple: A crédit et en stéréo.

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  2. Le personnage est sympa, charismatique, très bon acteur très bon chanteur mais pour ma part il est plus un crooner qu'un rocker. Je préfère Schmoll l'époque des Chaussettes noires et le "Le 2.000.000e disque des Chaussettes noires" avec la pochette qui ce dépliait. Depuis le rock l'a un peut quitté. Le seul qui ait gardé un peut l'esprit reste Dick Rivers et son restant de banane gominé !

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  3. On s'étonnera encore une fois du choix de certains titres joués comme les soporifiques "cimetière des éléphants", Rio Grande", ou encore " Menthe à l'eau" même si je suis d'accord pour la qualité du texte pour celle-ci; et que dire de l'insignifiant "laisse le bon temps rouler". Il existe pourtant d'autres morceaux du répertoire suffisamment riche de Mr Eddy qui passeraient allègrement la rampe.

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  4. D'acc avec Pat ! Sinon luc, quitte a mentionner les excellents musiciens qui accompagne le Shmoll, pourquoi a chaque fois que quelqu'un écrit sur le Eddy ici (accusé Rockin levez-vous...), il omet (au mais si !) achaque fois de mentionner le nom du batteur ? Aaaaaarrrh ! Y compte quand même pas pour du beurre le batteur non di Diou ?!
    De mémoire, je crois qu'il s'agit en plus de l'éminent Loïc Pontieux ? C'est bien ça Luc ?

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  5. Et d'accord aussi avec Guy ! Hi ! Hi ! Hi !

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  6. Alors...
    @ Vincent, one point, le batteur est Pontieux, et il est très bon, dans des registres différents. Un gros kit, des cymbales en veux-tu en voilà !
    @ Guy : oui, les set-list sont les mêmes d'une année à l'autre, d'un disque à l'autre. C'est du show millimétré, calibré, ce qu'il fait sur "boogie" il l'a fait 150 fois !
    @ Pat : Le rock l'a un peu quitté avec ses jeunes années... Mais il en reste pas mal au répertoire. Son registre est assez large, rock, country, soul, crooner, swing, et variété... Dick Rivers est pour moi davantage "root", plus country, Eddy Mitchell donne dans un blues rock parfois plus contemporain.

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  7. Moi, je le trouve pas si bon que ça, Pontieux. des batteurs comme lui, il y en a des centaines.

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  8. Pontieux, c'est un batteur de variétés, assez lourdingue, capable de tout faire correctement, mais rien vraiment bien. Et puis un type qui déclare qu'il ne bosse jamais son instrument chez lui, et qu'il arrive en studio sans connaître les morceaux, est-il un vrai musicien? Quoique, pour jouer derrière Bruel ou Pagny, pas besoin d'être un monstre de technique.

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  9. Accompagner, a l'occasion, les Bru Bru, Pagny et consorts ne fait pas pour autant de Pontieux un batteur de variét' selon moi. Personnellement, je l'avais d'abord découvert chez Michel Jonasz et plus tard chez Nougaro. Pas vraiment ce que moi j'appel de la variété, tu en conviendras ami Suffle. Le musicien est sans doute actuellement l'un des batteurs les plus demandé du circuit. Ce qui signifie que, toujours selon moi, si il prétend ne plus bosser son instrument désormais, je sais par expérience que l'on n'atteint pas un tel degré d'expériences sans préalablement avoir beaucoup travaillé son instrument. Après, y a -t-il un "style" Loïc Pontieux ? Là je donne ma langue au chat.

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  10. De ce que j'ai entendu sur ce disque, Pontieux est assez éclectique, son jeu n'est pas lourd, plutôt aéré, swinguant, les fills quand il faut. La frappe est légère. Le fait d'arriver à la dernière minute... Mouais.. Mis à part quand je joue jazz, où à faut bosser les structures, les mises en place d'un thème, c'est vrai qu'on peut facilement s'intégrer à une formation "pop rock" sans trop bosser avant. Si c'est pour sortir un " 2/4" sur du rock, ou un shuffle, je te le fais au kilomètre. Par contre, ne pas travailler chez soi... Tout dépend du rythme de ses prestations. (Quand on demande à Springsteen s'il travaille sa voix, sa guitare, il répond : pourquoi ? je chante et joue tous les soirs, c'est mon entrainement). Art Blakey disait qu'il faisait 15 minutes de roulements par jour. Je suis son exemple. J'essaie. (et le roulement à une main, comme Ian Paice, ça y est , j'ai pigé le truc !!!). Bon... moi, c'est par semaine...

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  11. grand fan du Schmoll depuis des décennies (voir ma chronique de "heros" en 2013 dont parle justement Vincent(quelle mémoire Vince!)), je dois dire que ce live m'a déçu, voix fatiguée et zic trop proprette, trop lisse, répertoire pas forcément le meilleur...mais a écouter pour les fans pour l'émotion que représente la der des der

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