- Mais M'sieur Claude,
c'est une pochette de Vinyle que je vois là, les ouvertures que nous écoutons
n'ont pas été rééditées en numérique ?
- Si Sonia, Manfred en
complément des symphonies 3 et 4 dans l'édition commémorative de 1993,
Genoveva, je ne sais pas trop…
- Deux morceaux brefs pour
l'été, avec une fois de plus Lenny, comme on le surnommait, au pupitre dans les
années 60 à New York…
- Mais dites-moi mon
petit, vous en connaissez un rayon. Leonard Bernstein a gravé
en effet des symphonies de Schumann flamboyantes en ces années-là…
- Je ne savais pas que
Robert Schumann avait écrit des opéras, on ne les donne jamais à voir les
programmes de concerts que je feuillette de temps à autres…
- Genoveva a vu le jour,
mais oui on ne peut pas dire qu'il ait su gagner une large audience. Quant à
Manfred, il s'agit d'une musique de scène dont on ne joue que l'ouverture…
XXXXX XXXX |
Schumann ayant été l'invité du déblocnot pour certaines de
ses quatre symphonies et des pièces de musique de chambre, nous ne revenons pas
aujourd'hui sur la biographie du compositeur allemand mort fou dans des
circonstances tragiques…
Le
poème tragique Manfred
de Lord Byron a inspiré nombres de
compositeurs romantiques par son caractère épique, de Schumann
à Tchaïkovski dans une longue symphonie à
programmes commentée dans ces pages (Clic). Peu habile avec la musique d'opéra,
Schumann
a néanmoins composé une musique de scène d'une quarantaine de minutes
inspirée par le personnage. Il s'agit d'un poème dramatique en trois parties
pour récitant, soli, chœur et orchestre. Soyons objectifs, de la partition
touffue même si charmante, seule l'ouverture est encore jouée fréquemment de
nos jours. Les enregistrements complets son rares (Hermann
Scherchen, Fabrizio Ventura,
en 50 ans… ou on me cache des choses☺, très possible).
"Fréquemment"
est vraiment le mot car d'une durée d'une douzaine de minutes en moyenne, le
morceau est un complément idéal pour les CD aux durées un peu chiches. Manfred
est une œuvre tardive de Schumann,
écrite en 1846 mais créée seulement
en 1852, soit quatre ans avant sa
disparition.
Représentation de Manfred à Turin |
On
s'en doute, pour ceux qui connaissent le tempérament extraverti du Leonard Bernstein de l'époque Newyorkaise,
le chef américain ne lésine sur aucun moyen pour grossir le trait, mais
pourtant sans emphase ni pathos, un phrasé dru sans concession à un romantisme
liquoreux. Les cordes de la Philharmonie de
New-York alternent fougue et sensualité exacerbée. Le maestro se
lance dans une course folle pour accentuer le style ébouriffé de l'ouverture.
L'ouverture
de l'opéra Genoveva
me semble moins souvent enregistrée. Elle complétait de brillante manière
l'intégrale Schumann gravée par Rafael Kubelik dans les années 60 pour ses
débuts chez Dgg avec la Philharmonie de
Berlin. Moins brutale et pathétique que celle de Manfred, Schumann
alterne diverses idées plutôt variées puisées dans la partition de son opéra. On
retrouve le style romantique du compositeur, un soupçon endiablée. À
style de composition comparable, interprétation de Leonard Bernstein similaire.
Le discours est virulent, le staccato marque les rugueuses ruptures de ton qui
émaillent cette page au lyrisme affirmé. Une interprétation pour le moins farouche,
là aussi…
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