Scène 1 : dans le couloir
de la rédaction…
- M'sieur Rockiiiiiiin… Vous
avez une idée où se trouve M'sieur Claude ? Il me doit un brouillon d'article,
j'ai un peu de temps libre là…
- Il est monté sur la
terrasse bouquiner pour rédiger sa chronique justement, chaise longue et
parasol… Heuuu si vous avez du temps libre ceci dit… Enfiiiin non rien mon
petit…
Scène 2 : sur la terrasse
du building du Deblocnot…
- Sympa avec ce beau
soleil M'sieur Claude. Vous lisez quoi ?
- Un thriller aventureux
et historique sur les templiers… Assez sympa d'ailleurs. Bon, on court toujours
après le trésor des moines soldats, mais l'intrigue est originale…
- C'est vrai que c'est un
sujet usé jusqu'à la corde le mystère des templiers, une lecture pour l'été ?
- Oui, pas de quoi
candidater pour le Nobel, mais pour une fois : de l'action, mais pas de sadisme
et de sexe inutiles souvent hors de propos dans ce genre de bouquins…
Paul Christopher |
Le
roman est découpé lui-même en péripéties orchestrées par deux héros principaux
: Peter Hollyday et Peggy
Blackstock. Peter,
alias Doc Hollyday est colonel et
professeur d'histoire à l'académie West Point qui forme les futurs officiers
yankees, des fils à papa ultra républicains que l'auteur n'aime pas, à l'évidence. Peter n'a rien d'un militariste pur jus. Il a pris ce job après avoir combattu
et perdu un œil sur les plus absurdes (à ses yeux, si je puis dire) champs de bataille modernes : Afghanistan, Irak… Les templiers ? Un sujet abordé lors d'un cours donné aux jeunes recrues, un chapitre destiné
à cerner le personnage. Oui, l'ordre des templiers qui pour Peter n'était qu'une horde
de gredins adeptes de la razzia dans les villages vers la Terre Sainte. Pilleurs avec la bénédiction du pape. Quelques rappels historiques : la dernière
croisade marquera la fin de cette soi-disant libération du Saint-Sépulcre et
coûtera la vie au futur Saint-Louis, mort à Tunis sur le chemin du retour… Nous
sommes en 1270.
Qu'ont
découvert les célèbres Chevaliers à Jérusalem depuis 1129 ? L'arche d'Alliance, des écrits interdits, des joyaux et de l'or
? le manuscrit du premier article du Deblocnot' ? Ils semblent avoir amassé tant de richesses et de terres qu'en 1307, le roi Philippe le Bel (dont les caisses sont vides) s'acoquine avec le
pape Clément V (qui veut remplir les
siennes, boîte postale à Avignon) pour s'emparer du magot. L'ordre est dissout,
les chevaliers pourchassés et massacrés. En 1314, malgré les tortures et les bûchers, aucun templier n'a révélé
l'emplacement de leur hypothétique trésor. (Bon, vous avez lu ou vu les Rois maudits,
de Maurice Druon, j'enfonce peut-être des
portes ouvertes…)*
Mais
si les templiers français ont payé un très lourd tribut, certains, dans toute
l'Europe, sont passés au travers des
mailles du filet et… sont-ils encore parmi nous ? Mystère qui va alimenter
la trame de la saga.
(*) Découvert en 2002, un document de l'époque a
prouvé que le pape Clément V avait absous les survivants du procès, dont le grand
maître Jacques de Molay. Un seul extrémiste pour allumer le bûcher de l'île aux juifs dans cette affaire terrible : Philippe IV le Bel.
Le Berghof |
Ah
ça commence mal ! La maison héritée est incendiée, mais l'épée est sauvée du larcin
fomenté par l'incendiaire. Pour qui ? Pour quoi ? Le roman bascule façon Fort
Boyard. Sur la lame de l'arme en acier de Damas (c'est le top de la technologie) : un premier
indice gravé, la quête commence.
Le
récit repose sur le principe du jeu de piste et du saut de puce. Nos héros vont
beaucoup voyager pour réunir les indices qui, de pays en pays et de fil en
aiguille, doivent les conduire au secret le mieux gardé des templiers. Quelques
étapes : l'Allemagne, Jérusalem, Paris, La Rochelle et dans un final surprenant…
les Açores ! Qui a dit que les templiers n'étaient bas de hardis navigateurs ?
Templiers sur le bûcher XXX XXX |
Et
le trésor ? Et bien Eurêka ! Mais pas comme Indiana Jones ; pas d'or, de
joyaux ou d'objets mythiques comme les sandales du Christ. Non, plus
merveilleux et plausible à la fois. Où, comment et quoi. Non je ne parlerai pas
!
Côté
style, bonne surprise : une prose concise et sans chichi et une traduction
honorable, un récit riche en rebondissements. À chaque étape, le duo rencontre
un savant, un archéologue ou un érudit qui nous permet de découvrir des faits
historiques passionnants ou des techniques scientifiques pointues. Bon, c'est vrai que le coup de main intellectuel spécialisé
coûte souvent la vie au-dit spécialiste, mais le passage de vie à trépas reste
classique façon Cluedo. Pas de tortures horribles bien dégueues comme chez Tom Knox ou Patrick
Graham et son infâme Évangile de Satan… Et puis c'est
moins tarabiscoté que Dan Brown
qui lança le genre ou Steve Berry
qui délaye beaucoup.
Comme
Peter et Peggy
sont cousins, pas de chapitre 69 dédié à l'inévitable coït frénétique malgré une journée
bien remplie à échapper aux tueurs et à Rockinator, à filer 600 bornes
d'autoroute puis ramper dans des grottes et souterrains moisis, et ne rien bouffer hormis
une barre chocolatée et un Pepsy… Etc. Non, au pire ils font dodo dans l'unique chambre d'un motel
avec lits jumeaux et écrasent au bout de cinq minutes, épuisés. (Plus normal
quand même.)
Ok, tout cela flirte un tantinet avec le club des cinq version ados et
adultes, rien de très philosophique dans cette littérature d'évasion. Le livre est court, sans temps mort, avec
des pointes d'humour.
Je
viens de commencer le tome 2… Bons sang ! Chapitre 2, Peggy a déjà été enlevée !!! Je vous laisse…
J'avais failli l'acheter, mais il y a tellement eu de romans bidons avec "templier" dans le titre que je l'avais finalement reposé sur l'étalage.
RépondreSupprimerLe succès de Dan Brown n'a malheureusement fait qu'empirer les romans du genre bâclés.
Dans le style roman détente, et "templier", "Le Masque de Loki" de Roger Zelazny et Thomas Thomas était sympathique.
Celui-ci est assez divertissant par son style.
RépondreSupprimerCela dit, j'ai lu le second tome, comme indiqué en fin d’article, le suspens retombe comme un soufflé...
Je vais tenter le 3ème cet été. Si c'est de nouveau trop mince, Peggy et Peter continueront sans moi :o)