L’idée de départ était de faire
5 ou 6 concerts aux US, dans des salles moyennes, pour la promo du coffret THE
TIES THAT BIND, ressortie du double album THE RIVER agrémenté d’inédits et d’un
dvd live. Sauf que Springsteen a fait remarquer à son management : « quitte à rameuter
le groupe et répéter pendant un mois, juste pour 5
concerts, autant en assurer 200, le boulot sera le même… ». Bonne idée, patron !
Arrivé en Europe, on remarque que la place des
titres de THE RIVER dans le spectacle se réduisait. Tromperie sur la marchandise ! Ca râlait sur
les réseaux sociaux. Le 11 juillet à Paris, il en avait joué une grande partie
(15 sur 20), mais ce soir Springsteen annonce : « Pour vous ce
souare, nous allons jouer THE RIVER en entier pour Parisse »…
Avant ça, dès 19h45, entame
avec un inédit, le très beau mais glacial « Ice Man », où on s'est dit,
merde, il a la mine des mauvais jours. Suivi de « Lucky Town » et quelques grilles de chorus de Télécaster. Et puis donc, l’intégralité de
THE RIVER, et dans l'ordre (un exercice habituel chez lui, repris depuis par pas mal de groupes). En formation quasi d’origine, un E Street Band dégraissé des
cuivres, percus et chœurs, pour un répertoire que Springsteen – à l’époque en
1979 – qualifiait de garage band. Toutes les chansons y passent, « The ties
that bind » suivi de la revigorante « Sherry Darling », mention
spéciale au magnifique « Independance day », suivi d’un « Hungry
Heart » de folie (c’est nous qui avons tout chanté !) où Springsteen
se fait ramener sur scène, couché, soulevé par le public. Un « Crush on
you » particulièrement pêchu, comme le « You can look » qui
suit.
Springsteen repère une pancarte
dans le public : « marrie-nous sur scène » ! Okay les
tourtereaux, invités à monter. Springsteen cède son micro, monsieur
s’agenouille, demande la main de sa promise, qui accepte (ouf…). Puis reprenant
son micro, comme un goupillon, Springsteen déclare solennellement « in the
name of rock’n’roll, I declare you husband and wife ». Et d’enchainer, of
course, avec « I wanna marry you ». Puis « The River »,
toujours aussi bouleversante, final en falsetto, a capela… un ange passe.
Grande version d’une des plus
belles chansons du disque, le long « Point blank » dominé par le
piano de Roy Bittan, et sur laquelle Steve Van Zandt colle de beaux arpèges sur sa
Grestch, comme sur « Stolen car », des titres plus dépouillés
souvent absents des set-list. On aurait aimé un son plus
maitrisé pour apprécier ses interventions, au p'tit Stevie, impérial faire-valoir tout en
sourire, œillades, grondements. Le classique « Cadillac ranch » avec
chorus des trois guitaristes, et de Soozie Tyrell au violon. Arrive le moment
de « Ramrod », une furie rock débridée. C’est à ce moment que les
plombs avaient sauté deux jours plus tôt (15 minutes d’interruption, et fin du
concert sans écran ni lumières). Au traditionnel « what time is it
Steve ? » ce soir-là, la réponse était « it’s fuses
time » ! Et boum, ça envoie le bois, la sono a tenu le coup. Autre long titre, la déchirante ballade « Drive
all night ». La première partie s’arrête donc sur
« Wreck on the highway », qui clôt l’album. Il est 21h50, donc deux
heures déjà consacrées à THE RIVER. Mais c’est pas fini…
Springsteen lance aussi sec le puissant
« Badlands » suivi de « The promised land » (tirées
de l’album DARKNESS). On attendait quelques reprises, des raretés, des
requêtes, mais pas ce soir. Sans doute le petit bémol de la soirée, les titres choisis
ne surprennent pas par leur originalité, on aime lorsque le groupe relève les
défis lancés par le public, que Springsteen va faire son marché parmi les
spectateurs. On a tout de même eu « Growing up » de son premier album
GREETINGS, avant de balancer « Because the night » avec Nils Lofgren
dans son long chorus de derviche tourneur,
un « Born in the USA » finalement pas joué tant que ça en public (c’est la deuxième fois que je l’entends, en trente ans de concert), sur lequel Max Weinberg aux fûts doit perdre 3 kilos de sueur, l’indéboulonnable
« Born to run » toujours impressionnant, mais tellement entendu... puis « The Rising ».
Jusqu’à présent, le son était
fort (très fort), mais relativement équilibré. Les claviers saturaient un peu
dans les aigus, le sax nous vrillait parfois les tympans, mais la rythmique
(batterie basse guitare) étaient bien réglée, les chorus audibles. Mais il me
semble que la sono ait été relevée (pour
« Born to run » ?) obligeant Springsteen à hurler davantage,
ce que visiblement il n’appréciait pas, et nous non plus. A quoi ça sert de décharger
des bennes de décibels si c’est pour pourrir le son ? Le staff de la sono est au milieu de la salle, entend la même chose que nous, alors bordel, pourquoi personne ne réagit ???
Photo Patrice Guino - rockerparisblog
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Longue version de « Dancing
in the dark » avec les traditionnels spectateurs sur la scène, un mec ici
pour danser avec Soozie Tyrell, une fille avec Jack Clemons, et une gamine avec
Springsteen. Un autre est monté aussi, qui s’est vu confier une guitare (y
savait pas en jouer ce con), tout le monde finissant la chanson au micro. Avant
de redescendre, un gars demande un selfie (quelle plaie !) lui et
Springsteen avec en arrière fond un Bercy surchauffé. Retour en 1975 avec « Tenth
avenue freeze out », final à la James Brown non les gars j’en peux plus, j’arrête…
mais si tu peux encore… mais non je vous dis… la veille il avait même fait le coup de la cape, tendue par un spectateur. Van Zandt au petit soin, lui
déverse l’équivalent d’une bassine de flotte sur la gueule, pour un tonitruant « Shout »
à rallonge (reprise des Isley Brothers),
un classique récent des rappels, avec 12 fausses fins, sans cesse relancées.
Le E Street Band sort,
Springsteen reste avec guitare et harmo pour une version dépouillée et à
pleurer de « Thunder road ». 23h10, fin des hostilités.
Y’a des gars qui vont voir ZZ
Top et ça dure 1h15. Pas de bol. Pour d’autres, c’est trois fois plus long… On sent tout de
même le poids des ans (fini le numéro d’équilibriste sur le piano), mais la
voix est intacte, dix fois on se dit qu’il ne pourra pas poursuivre à ce
rythme, et si. La tendance était davantage aux chansons graves, j’ai vu des
concerts plus festifs musicalement, mais les échanges entre la salle et le chanteur sont
toujours aussi généreux, sans cesse en vadrouille dans les allées, le Bruce, au
contact, yeux dans les yeux, donnant l’impression qu’il chante individuellement
pour chacun, et non pour une foule anonyme. Ce qui fait toute la force de ses concerts – outre le répertoire qu’on aime ou pas – et le
plaisir palpable des musiciens à être là, à tout lâcher comme si c’était leur
dernier show.
Pas facile de choper des vidéos de qualité dès le lendemain... On écoute "Lucky town", le deuxième titre joué ce soir-là (ça tremblotte un peu par moment) et "Drive all night" dont le noir et blanc sied bien à l'ambiance !
000
En voilà un qui sait ce que respecter ses fans veut dire.
RépondreSupprimerEt comment ! J'y étais avec une amie, pourtant habituée des concerts, et qui m'a dit en sortant : "stupéfiant !".
SupprimerJ'avais moi même vécu l'expérience lorsque le Boss était venu ce produire au Stade de France. Le 29 Juin 2013 si mes souvenirs sont bons.
RépondreSupprimerBien avant le début du spectacle, Springsteen était venu offrir une poignée de morceaux, seul avec sa guitare, pour faire patienter les premiers arrivants. Il était environ 18h30. Le concert avait ensuite durée au moins 4 heures et Born in the USA avait été joué en intégralité pour fêter ses 30 ans. Première fois pour moi et ma sœur aînée et j'avoue que nous avions passé un moment vraiment extraordinaire, malgré un son des plus approximatif. Ton compte rendu étant assez semblable a ce que nous avions vécu nous aussi. Sauf que nous étions installé en loge V.I.P avec hôtesses, champagne et Lenotre en guise de traiteur. A la sortie, son album Wrecking Balls nous avait même été remis dans un bel étui. Et oui M'sieur Luc ! J'ai mes entrées Mouwa ! :-)
Tu me présenteras ta soeur un de ces jours ?
RépondreSupprimerAvec plaisir Luc !!! Elle travaille juste a côté du Stade. Voilà pourquoi ! Hi ! Hi ! Hi !
RépondreSupprimerM. Luc va au cinéma voir des films d'intello avec sa femme, mais au concert avec "une amie"....J'ai le double vinyle de The River, d'époque, quasi neuf: ça intéresse quelqu'un?
RépondreSupprimerParfaitement. Et bientôt j'aurai au bras la soeur de Vincent.
RépondreSupprimerLe vinyle, garde-le, tu l'offriras à tes petits enfants dans quelques années, pour leur expliquer... leur expliquer... Non, t'expliques rien, ils se rendront compte par eux mêmes...