L’autre jour, dans votre Déblocnot’ préféré, je vous
avais convié à la redécouverte d’une poignée d’œuvres maudites de la sphère
Hard et Metal. Et oui mes Frères ! Même des institutions telles que Motörhead, Megadeth
ou encore Metallica auront commis le crime de dévier de
leur trajectoire initiale, le temps d’un album. Le temps d’un album
maudit.
Qu’ils soient controversés, incompris, parfois ratés
ou tout simplement diamétralement opposés a l’univers musicale dans lequel ces formations
avaient alors jusque-là naviguées, je vous invite une nouvelle fois à nous
replonger ensemble dans quelques-uns de ces albums que d’autres grands noms du
Hard et du Metal auront eux aussi un jour osé réaliser.
Commençons par l’un des plus prestigieux d’entre eux, JUDAS PRIEST.
Moderne un jour…
Certes, le groupe de Rob Halford et de Glen Tipton est un peu à l’image
d’une autre éminence du Rock : Queen. Car comme elle, cette autre
institution anglaise n’aura que très rarement joué la carte de la redite. Il
n’y a cas comparé entre eux des albums tel que Point of Entry, Painkiller
ou, plus récemment, le très conceptuel Nostradamus, pour simplement
se rendre compte du fossé qui sépare des albums tels ceux-là. Pourtant, si
cette composante aura vraisemblablement contribué a la longévité d’une
formation telle que celle-ci, l’album Turbo en aura ébranlé plus d’un à sa sortie.
Justement ! C’était il y a tout juste 30 ans.
Ce qui de suite nous avait sauté aux oreilles, c’est le son aseptisé,
nettoyé et lustré à l’extrême qui introduisait le morceau d’ouverture. Damned
!!! JUDAS
PRIEST, le groupe de Heavy Metal par excellence, avait-il cédé aux sirènes
commerciales à ce point-là ? Injectant à sa musique une dose de synthés si
prononcée que s’en était à se demander si, 2 ans plus tôt, il s’agissait bien
du même groupe ayant publié un disque aussi puissant que le furieux Defenders
of the Faith ? Où étaient ainsi passées les guitares racées et énervées de
la paire Downing et Tipton ? Qu’étaient-elles devenues ? Ce premier et très amer premier constat
était en plus rapidement relayé par un son de batterie tellement lisse que s’en
était à croire qu’une quelconque machine s’était presque emparée du siège de Dave Holland.
En vérité, de synthés et autres claviers il n’y avait point sur ce disque.
Simplement, disque formaté pour séduire en grande partie le marché américain, les
membres de JUDAS
PRIEST n’eurent momentanément pas d’autres choix que celui de s’adapter un tant
soit peu aux nouvelles productions de l’époque. Et ce, jusque dans son aspect
physique à grand renfort de tenues bariolées et de coiffures permanentés. Le
Hard FM ayant fortement accru sa côte de popularité en ce milieu des années 80,
ceci expliqua donc cela.
Ainsi Turbo est-il porté tout du
long par des guitares aux sons très synthétiques. Qu’à cela ne tienne, car en
quelques 40 minutes, ces nouvelles compositions s’avèreraient parfaitement
ciselées et maitrisées, tandis que la complémentarité des guitares de KK Downing et de Glenn Tipton demeure ce qu’elle
avait jusque-là toujours été, c’est à dire exemplaire.
Ses mélodies étant ce qu’elles sont, et tout formaté qu’il soit, Turbo est un album tout à
fait réussi, dans le registre qui est le sien: Le Hard Heavy FM.
Soulignons aussi qu’en faisant le choix, certainement délibéré, de
canaliser son chant comme jamais auparavant, Rob Halford y délivrait aussi une
formidable prestation vocale.
Qu’on le veuille ou non, Turbo restera donc un disque important dans la
discographie fournie du groupe, même si 3 décennies plus tard, sa modernité
d’hier n’est forcément plus tout à fait là même.
On pourrait tout à fait affirmer que JUDAS PRIEST aura été un
précurseur (comme souvent dans sa carrière d’ailleurs) tant les sons
synthétiques et les programmations seront devenus une composante importante
dans la création musicale de ces 20 dernières années (au moins).
Mais là où tout semble s’être considérablement
accéléré (démocratisé ?), c’est bien à l’orée des années 2000. Tenez ! Prenons
les 3 exemples qui vont suivre.
Paradise Lost dites-vous ?
S'il est un groupe qui aura fortement déplu à son fan-base à l’époque,
c’est de toute évidence les anglais de PARADISE LOST.
Les membres de PARADISE LOST créé dans les années 90, s’étaient d’abord fait connaitre dans un registre
très sombre où le chant Death d’un certain Nick Holmes était porté par un Metal ouvertement
Gothique. Des albums tels que Icon ou Draconian Times font encore aujourd’hui
office d’œuvres fondatrices “majeures” dans la discographie aujourd’hui fournie
d’un tel groupe.
C’est pourtant bien en 1999 que PARADISE LOST va créer stupeur et
déception chez ses fans les plus fervents. Comment ce groupe a-t-il pu faire le
choix aussi risqué de prendre à contre-pied ses fans les plus reconnaissants et
les plus dévoués ? Mystère. Toujours est-il que voilà bien un disque
complètement “à part” dans tout ce qu’aura produit le groupe à ce jour.
Host est-il à considérer comme un album de
Metal ? A son écoute, j’affirme que non (et je suis loin d’être le seul). La
raison principale étant qu’il n’y a là aucune trace de guitares au son
saturé. Composante essentielle s'il en est au sein d’un style aussi
caractéristique que celui-ci. Ajoutons à cela des couches et des couches de
programmations et de synthés épaisses comme de la glace et vous aurez un
premier aperçu de la teneur d’un disque comme celui-ci.
Le chant de Nick Holmes, s'il demeure sombre, ne rappellera en rien la manière dont il
appréhendait le chant quelques années auparavant. N’en jetez plus, les fans
crient aussitôt a la trahison et nombreux seront ceux qui parleront, a raison,
d’un pur suicide commercial. Et il leur en faudra du temps aux PARADISE LOST avant de retrouver tout
leur crédit d’antan.
Certes Host est un album qui tient parfaitement la route dans sa catégorie, à savoir
une Pop Dark empruntant largement à Depeche Mode. Celui de
l’album Ultra (1996) principalement.
Et puis comme si cela ne suffisait pas, le groupe choisissait également de
rompre avec son esthétique. Aaaargh !!!! Z’ont coupés leurs cheveux longs. Pour
le Métalleux de base, c’est le coup (la coupe) de trop. Souvenez-vous du tollé
qu’avait suscité Metallica, au sortir de Load, pour de semblables
raisons. Rien moins qu’un “pousse au crime”.
La même année, c’est au tour des vétérans de SCORPIONS de tenter le pari du
renouveau artistique. Il faut dire que les années 90 n’auront pas été de tout
repos pour bon nombre de nos anciennes gloires des 70’. SCORPIONS n’échappant pas à de
multiples difficultés pour maintenir son bateau à flot. Epreuves qui auraient
pu avoir raison de n’importe quelle autre formation. Mais cette fichue bestiole
a décidemment la peau très dure…
Aïe too aïe !
Ne tournons pas autour du pot, Eye to Eye ne peut être
qualifié, estampillé, labellisé sous l'appellation que celle de "Scorpions".
Est-ce à dire que, parce que l'on n'y retrouve pas (ou si peu) ses marques,
Eye to Eye soit automatiquement à ranger dans la catégorie des
albums dit "de Mer**" ? Difficile de répondre catégoriquement et avec
certitude à une telle question.
Certes, la première chose qui choque, c'est évidemment l'option du son
effectué sur la batterie. Sèche comme elle l’est on croirait entendre plus
souvent une boite à rythme plutôt qu’une vraie batterie. C'est pourtant bien James Kottak qui cogne ici. Et si
les rythmes qu'il insuffle son plus variés que jamais, Dieu ! Que tout cela
sonne plat et froid.
Difficile également de reconnaitre le jeu de Mathias Jabs. Pourtant,
reconnaissons que le guitariste ose proposer de nouvelles choses et que la plus
part de ses interventions sont particulièrement inspirées.
De son côté, on peut aussi se demander ce que Rudolph Schenker est venu faire dans
cette drôle d'aventure, tant cet album oscille en permanence entre
réminiscences Hard Rock et une sorte de Pop hybride vaguement électro par
endroits.
Klaus Meine quant à lui s'essayait à de nouveaux registres vocaux au point d’en
devenir parfois même assez méconnaissable.
Eye to Eye est donc loin d'être un disque inintéressant, puisqu'il demeure d'abord un
disque d'expérimentations. A son sujet, il me fut même rapporté qu’initialement
ce disque aurait dû être le premier album solo de son chanteur. Voilà
qui expliquerait mieux de tels choix artistiques sur cet album plein à craquer.
Avec 14 titres pour plus d’une 1 heure de musique, on frôle même par endroits
l’indigestion. Par conséquent, il arrive (quand je l'écoute) qu'il me plaise
assez (à cause justement de sa singularité) et puis parfois c'est tout
l'inverse, il m'agace au plus haut point.
Etrange album que celui-là dont on ne sait en définitif pas trop quoi en
penser.
On pourra s’étonner que j’associe le nom de JOE
SATRIANI a celui de tous ces noms liés au Hard et au Metal. C’est oublier
un peu vite que sa notoriété et son statut de Guitar Hero, c’est belle et bien
au sein de cette famille là que le guitariste l’avait initialement acquis.
Tenez, il y a a peine quelques jours encore, JOE était justement invité à
venir se produire pour la première fois au célèbre festival du HellFest.
Je doute d’ailleurs qu’un seul extrait de Engine of Creation ait fait
partie de la set list ce soir-là.
Electro choc
A sa sortie en 2000, nombre de fans s’étaient d’ailleurs empressés
d’apparenter le disque a de la Techno. Non mais quelle bouffonnerie !
Que Engines of Creation ait déconcerté et même déplu a beaucoup de monde, je
veux bien l’admettre. Surtout envers tous ces mélomanes qui ne jurent et/ou ne
prêchent que pour une seule paroisse. La guitare Rock, pour eux, ne pouvant se
conjuguer qu’à travers des instruments rythmiques tels que la basse et plus
encore la batterie. Sauf que voilà, pour ouvrir ce nouveau millénaire, JOE
SATRIANI, aidé d’un certain Eric Caudieux, osa le mariage
contre-nature de la guitare Rock à celle de sonorités liées habituellement a
celui de l’univers de la musique électronique. Partant de là on abordera ce
disque d’une façon totalement nouvelle puisque effectivement Engines of Creation est rempli de
programmations rythmiques, allant même jusqu’à jouer sur le registre que celui
de la Jungle. C’est dire si ici la pulsation est parfois élevée.
Ce qui rend surtout cet album passionnant, c’est que grâce aux assemblages
et montages sans limite que permet la programmation, le guitariste s’autorise
beaucoup de choses. Et tout d’abord à aller là où bon lui semble. Quelques
morceaux supersoniques par endroits, plus aériens, atmosphériques et limpides à
d’autres... Engines of Creation emprunte finalement à plusieurs courants et permet
ainsi un vrai voyage sensoriel loin des sentiers rabattus que la guitare
instrumentale engendre si souvent à force de prouesses simplement techniques.
Evidemment une telle œuvre n’aura pas réussi a vraiment trouver son public,
pour les raisons invoquées plus haut. Les clivages et autres a priori se
chargeant généralement de diviser et de sectoriser les univers musicaux entres
eux.
Il n’en reste pas moins que ce disque est pour moi l’un des albums les plus
audacieux et réussis que le presque sexagénaire guitariste ait réalisé durant
sa prolifique carrière.
Vous êtes un poil dur avec Eye II Eye… si je puis me permettre, bien entendu.
RépondreSupprimerC'est sûr que si en guise d'illustration de l'album, vous mettez "To be number One", on est en droit de penser que ce titre n'est pas du Scorpions, que c'est trop pop, trop electro, trop bizarre, bref… il aurait pu en aller de même avec "Du bist so schmutzig", avec sa partie presque "rappée"… cela étant, il y a sur cet album un bon paquet de morceaux Scorpionesques, bien plus que sur "Pure Instinct", leur opus précédent qui est (à mon sens du moins) leur album le plus raté avec sa majorité de ballades guimauve qui colle aux dents. Prenez "Mysterious", "Mind like a tree" ou "Aleyah"… ça, c'est du Scorpions. Même "Priscilla", dont le texte est génial, c'est quand même l'histoire d'un mec qui course le cafard squatteur de sa maison… Alors certes, cet album est un peu différent. Certes, je ne pense pas qu'il ait fait de "tube". Cela dit, ça n'empêche pas que c'est un disque très intéressant avec de chouettes perles ;-)
hello...moi aussi j'aime bien cet album qui peut paraitre surprenant à la 1ère écoute, mais qui vaut quand même le détour ...
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJe n'irai pas, comme vous l'avez ici écrit, aller jusqu’à qualifier quelques uns des morceaux de Eye to Eye de "perles". Mais comme il me semblait pourtant en avoir fait ici même mention, je suis loin de ne pas trouver de charmes a certains de ces morceaux. "Mysterious", Mind Like a Tree" "Yellow Butterfly", "Aleyah" et même "To Be Number One" sont tous des titres a forte personnalité. J'aime également un titre comme "What's U Give you Get Back". C'est vous dire !
RépondreSupprimerReconnaissez tout de même que tout ce qui compose ce disque est très souvent bien éloigné de l'idée que l'on peut se faire de la part d'un tel groupe !
Reste que les 5 titres qui avaient été interprétés sur la tournée de cet album s'étaient très bien intégrés au milieu des quelques autres Classiques du groupe. Les Scorpions avaient même conviés 2 jolies choristes sur cette même tournée.
Pour ce qui est de cet autre album controversé des Allemands, il est vrai que Pure Instinct aura eu bien du mal a séduire même les fans les plus hardant du groupe. Un disque effectivement très orienté Pop. Et pourtant, il y en a là aussi des belles choses.
Quand je parlais d'une période trouble chez les Scorpions, vous aviez ainsi compris pourquoi. Je passe sur l'épisode avec le Philharmonique de Berlin...
Merci lilou black de votre passage au ici. Ça fait plaisir d'échanger, même sur quelques différents d'appréciations !
Je ne connaissais pas ce Scorpions. Cependant, une fois la surprise passée, il s'avère que ce "To be n° 1" est bien sympathique et vivifiant. Intéressant d'entendre du Scorpions qui ne fait pas du Scorpions sans se ridiculiser. Un titre bien "funne", tout comme le clip (avec Sarah Palin ?)
RépondreSupprimerJe rejoins le Corse, je ne connaissais pas ce délire de Scorpions... Hallucinant !
SupprimerPour le Satriani c'est certes pas son meilleurs album, i a sorti d'autres albums inégales voir limite inégale.
Pour Priest, je crois que dans la panoplie du groupe " je sors un album pour me faire un max de blé outre atlantique" le pari s'est révélé nul.
On a tous ses pauvres...
Par contre, bien qu'appréciant beaucoup Satriani, je trouve son "Engine of Creation" pas très réussi. Froid et raide. Paradoxalement, à l'inverse de ce à quoi on pouvait s'attendre, Gary Moore a nettement mieux réussi son incartade dans l'electro ("Dark Days in Paradise" et "A Different Beat"). Tout comme Jeff Beck.
RépondreSupprimerAutant jeff Beck aura partiellement réussi son incartade Electro Rock avec l'album Who'else!, autant je trouve que Gary Moore n'a pas pris tellement de risques sur un album tel que Différent Beat. Dark Days in Paradise est sans doute mieux mais je ne l'ai toujours pas acquis.
RépondreSupprimerHRT je ne partage pas du tout ton point de vue sur les motivations de Judas Priest au moment de sortir Turbo. La carrière et le statut du groupe étaient déjà largement acquis, avec tout ce que cela sous-entend en terme de rentrées d'argent.
Et puis le succès fut tout de même au RVD avec ce disque. Aux USA tout du moins.
OK...OK...
SupprimerMais cela reste pas un bon souvenir ce Lp
"Dark Days in Paradise" est un excellent disque de Gary Moore (à mon sens, évidemment, mais j'suis pas seul à le penser). Une énorme et agréable surprise. Malheureusement, il est passé inaperçu. Aucune promotion ! Rien ! ("Different Beat" en a eu mais pas celui-ci).
SupprimerLe disque de Gary Moore le moins "Gary Moore" ; un disque totalement à part dans sa discographie et ... p't-être un peu maudit.
(on en avait succinctement parlé ici)
L'intitulé du disque est surtout particulièrement nul. En tout cas ton ressenti confirmera que Turbo fait bien partie de ces albums "maudits".
RépondreSupprimerMerci HRT
Tu n'étais pas Fally, Fall_666 sur d'anciens forums??
SupprimerOups ! Pardon pour ma réponse ultra tardive Mister Anonymous, mais non, point de pseudos tels que ceux que vous venez évoquer. Sorry !
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