Michel Polnareff : une Histoire de C*L par Pat Slade
Michel Polnareff, à 71 ans, est reparti sur les
routes depuis le début du mois de mai avec un album à la clé, le premier depuis
«Kâmâ Sutrâ»
en 1990. Pourtant, en 1972, après le gros succès de son 45
tours «On ira
tous au paradis», les puristes vont se déchaîner après lui suite à la
promotion de son futur concert à l’Olympia. Paris allait être entaché
d’attentats, mais "à la pudeur" et n’allaient donc faire aucune victimes…
ou presque !
Mais pendant tous ce temps, l'allure du chanteur va changer. Le
jeune homme aux cheveux longs, au look androgyne, avec ses faux airs de Françoise Sagan va entamer une mutation. La chrysalide
va devenir un papillon d’une race inconnue. Les lunettes, l’élément phare de
l’image Polnarevienne (?) vont apparaître et le regard de l’artiste va
disparaître. D’abord fumées pour ensuite devenir noires, elles vont être le signe
de reconnaissance et la marque de fabrique de Michel Polnareff. Mais pas
seulement, puisque le look aussi va changer. Des vêtements à la coiffure : des
vêtements beatnik vers de larges vêtements blancs puis exit la coupe Playmobil pour un blond
décoloré et bouclé. Le Polnareff nouveau est arrivé.
Et
c’est sous ce nouveau visage que l’on va le découvrir sur les pochettes de ses
derniers 45 tours. Mais le scandale gronde, tapi dans un coin.
Il revient sur
scène en 1971 mais en temps que
musicien derrière son pote Johnny Halliday qu’il va accompagner pendant toutes
ses dates au Palais des Sports. Et puis un matin d’octobre 1972, sur les murs de Paris, de grandes affiches rouge avec une photo
de Tony Franck, l'un des photographes de Salut les
Copains et qui fera aussi la photo de l’album «Melody Nelson» de Serge Gainsbourg, va
soulever un tollé général auprès de l’opinion publique. On peut y voir Michel
Polnareff de dos avec un chapeau acheté au magasin «La Belle Jardinière» sur la tête, une
tunique blanche de chez Kenzo qui rappel les nymphettes de David Hamilton, tunique faisant voir son postérieur !! Une idée
qui venait du photographe. Polnareff voulait reproduire une posture d’une
des danseuses du Crazy Horse qui arborait un pantalon ajouré aux fesses. Tony Franck arrivera à le convaincre de tout relever (Une affiche très drôle ! Avoir un
poster rieur, n’est-ce pas avoir la raie gaie ?). Polnareff
caché dans une voiture pas loin du drugstore Publicis regardera les colleurs
d’affiches découvrir le postérieur de l’artiste avec des moues circonspectes,
alors que ce dernier était mort de rire en découvrant leur étonnement.
Scandale auprès
de la ménagère de plus de cinquante ans. La censure se déchaîne et le tribunal
correctionnel le condamna pour «Attentat à la pudeur» à une peine de 10
francs par affiches, seulement il y avait 6.000 affiches placardées sur le
territoire et en particulier sur Paris ! Sa maison de disque paiera l’amende de
60.000 francs, un coup de pub un peu cher mais qui rapportera, l’affiche reste
cultissime et… très recherchée. Cette dernière ne sera pas retirée mais
recouverte d’un chaste carré de papier blanc. Polnareff s’installe à l’Olympia
pour deux semaines.
La Polnarévolution
La première
révolution du concert de Michel Polnareff à l’Olympia sera une histoire
de son. La salle de Bruno Coquatrix sera dotée
du système 5.1 le système audio à cinq voix omnidirectionnel, l’ancêtre du home
cinéma. Dans ses derniers concerts, il était accompagné par des musiciennes
suédoises qui étaient sans doute plus jolies que musiciennes, il décide donc d’en
changer et, comme à cette époque les musiciens et les groupes de talents ne sont
pas des denrées rares, Il jette son dévolue sur Dynasty
Crisis : le groupe de Jacques Mercier et Jacky Chalard. Pour la série de concert «Polnarévolution»
le groupe portera des costumes argentés à paillettes et les musiciens joueront avec des
instruments en plexiglas. Il va triompher devant un public enthousiaste.
L’album
live va sortir la même année, il contient tous les grands titres de Polnareff qui
à notre époque sont devenus des classiques, «Le Bal des
Laze», «Âme Câline», «On ira tous au paradis»,
«Je suis un
Homme» …, 11 titres incontournables avec deux
improvisations, «La
Trompette» et un final avec un «Boogie-woogie» endiablé. L’affiche à scandale accompagnait la première édition de l’album. Dynasty
Crisis restera avec Polnareff pendant plus de deux ans. Le succès se poursuivra au Japon où la notoriété de l’homme aux lunettes est énorme. Il
reviendra en mars 1973 à l’Olympia
avec sa nouvelle tournée «Polnarêve» et une affiche qui aurait du faire
aussi un pataquès puisque Polnareff va poser entièrement nu avec
uniquement le chapeau que l’on pouvait voir sur la précédente cachant ses
attributs. Et pourtant la bombe médiatique ne marchera pas une seconde fois.
Autant
Polnareff
s’occupe de près de l’aspect artistique de sa carrière, pour ce qui est du
matériel et des chiffres, il est complètement déconnecté de la réalité. Il va se faire escroquer par un certain Bernard Seneau.
Scandale Financier ! Poursuivi par le fisc, à la fin de 1973, il embarque sur le paquebot France pour New York pour un exil
qui n’a jamais vraiment cessé depuis. Entre disparition et réapparition, il
devient un fantôme qui lance des bouteilles à la mer comme «Lettre à France».
44 ans
après une histoire de fesses, 14 albums, quelques compilations et plusieurs
musiques de films, le capitaine est de nouveau à la barre de son navire et ses
moussaillons sont montés à bord, en espérant pour lui que son navire ne finisse
pas comme le Titanic.
Si
vous voulez tout savoir sur Michel Polnareff, il a
enfanté une autobiographie intitulé «Spèrme». Donner un tel titre, il
faut avoir des Cojones et Polnareff a toujours faire savoir qu'il en avait. Pas juste son
c**l...
Merci Pat pour cette chronique osée et bien dosée. Michel Polnareff est un grand artiste.
RépondreSupprimerEn 1972, j'étais en banlieue parisienne. Je me souviens assez bien de cette affiche. Je me souviens aussi avoir acheté le 45 t, chez A/Z effectivement, face 1 Holidays, face 2 La Mouche.
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