mercredi 18 mai 2016

Keith EMERSON R.I.P. (22/11/1944 - 16/03/2016)

     


     Certes, l'explosion du Blues et du Rock a mis la guitare en avant, avec ses solistes, soit brillants, soit habiles acrobates ou encore bons comédiens, qui l'ont ériger sur un piédestal indétrônable. Toutefois, il y eut quelques puissants mages qui eurent à cœur de rendre ses lettres de noblesses aux claviers. À la place du piano, ce fut l'orgue, qui avait les atouts pour parvenir à se faire entendre par dessus le vacarme des cordes électrifiées et des tambours. 
     Dans le Rock, notamment avec le psychédélisme, l'orgue commence à s'imposer. Le Heavy-rock prendra le relais, toutefois, rares sont ceux qui parviennent à jouer des coudes avec le chanteur et le guitariste (à qui ont attribue généralement le rôle de leader et d'intermédiaire directe entre le groupe et le public). Le Rock Progressif par contre, bien souvent, lui déroulera le tapis rouge.

     À la fin des années soixante et aux débuts des années soixante-dix, des noms vont s'inscrire en caractère gras dans la bible de la musique populaire de ces décennies. Encore aujourd'hui, ces noms résonnent comme de vieilles connaissances aux oreilles des mélomanes et autres amateurs de divines sensations électriques. Jon Lord bien sûr, mais aussi Rick Wakeman, Mark Stein, Ken Hensley, Tony Banks, Richard Wright, Ian MacDonald, mais s'il y en a bien un qui a marqué son époque, non seulement par son jeu de scène mais aussi par ses débordements et ses débauches de démonstrations techniques, c'est bien Keith Emerson.
Keith Emerson qui fut un temps surnommé le Hendrix des claviers, tant par son exploration des sons que par un jeu de scène très physique. 


     Keith Emerson était né le 2 novembre 1944 à Todmorden, au Nord de Manchester. Très tôt, il part dans le Sud, à Worthing (1). C'est là qu'il débute son apprentissage du piano en commençant par le classique. Il s'intéresse au travail de Dimitri Chostakovitch, de Bela Bartók et d'Aaron Copland. Plus tard, il s'ouvre au Jazz d'Oscar Peterson, de Dave Brubeck et de Jack McDuff.
Vers le milieu des années 60, il s'installe à Londres pour débuter une carrière de musicien. Mais plutôt que le classique ou le Jazz, il se tourne vers le rhythm'n'blues, alors très en vogue au Royaume-Uni. Ainsi, on le retrouve au sein des V.I.P.'s qui seront connu pour abriter les futurs membres de Spooky Tooth. En 1967, il a l'opportunité d'accompagner la chanteuse P.P. Arnold pour sa tournée Anglaise. Pour se faire, il réunie Lee Jackson (bassiste), David O'List (guitariste) et Brian « Blinky » Davison (batteur). À eux quatre, il forme The Nice. Un groupe qui va marquer la scène anglaise par son psychédélisme énergique mené tambour battant par des claviers omniprésents. Annonçant par bien des côtés le Rock Progressif, avec quelques titres pratiquement aussi barrés que Syd Barrett lui-même. 
Keith Emerson fait rapidement sensation, maltraitant son orgue Hammond L100, le malmenant dans tous les sens (notamment pour jouer avec le larsen), sautant par dessus, s'y couchant dessous, jouant parfois torse nu, y extirpant des sons nouveaux et distordus, et incorporant à l'envie des thèmes classiques et jazz. Des prestations qu'avait probablement dû voir Jon Lord.
C'est aussi le « coup des poignards » qui restera dans les mémoires. Keith utilise de larges poignards pour garder des touches enfoncées afin qu'elles produisent une note en continu, comme un bourdon, la triturant alors et jouant par dessus des phrases rythmiques.
Quand O'List quitte le groupe, il n'est pas remplacé ; Keith et son orgue se passent de guitariste, prenant alors avidement la place laissée vacante. Il en profite pour laisser libre cours à son imagination, piochant dans tout son apprentissage classique et jazz pour s'ouvrir à d'autres horizons. Seulement, Davison et Jackson ont bien du mal à suivre techniquement. Toutefois, Emerson, bien que freiné dans son élan par ses deux comparses, reste fidèle à The Nice. Finalement, il profite de la faillite de leur maison de Disque, Immediat, pour créer un nouveau groupe.

prestation physique

     Lors d'une tournée commune aux USA avec King Crimson en 1969, il tisse des liens avec le chanteur et bassiste Greg Lake. Tous deux ont le projet de fonder ensemble un supergroupe avec des musiciens aguerris qui pourraient suivre sans mal leurs aspirations. Ils cherchent un temps à recruter Mitch Mitchell. avant de se retourner vers le jeune Carl Palmer, batteur d'Atomic Rooster, (qui a déjà officié pour Chris Farlowe et Arthur Brown pour son Crazy World).

     Sans avoir encore enregistré de disque, le trio, sobrement baptisé Emerson, Lake & Palmer, est invité, le 29 août 1970, au festival de l'île de Wight où il fait une prestation remarquée avec « Rondo », un titre de The Nice, inspiré du « Blue Rondo à la Turk » de Dave Brubeck (que l'on retrouve incorporé dans le « Space Truckin' » du Made in Japan de Deep-Purple), et de l'adaptation des « Tableaux d'une exposition » de Modeste Moussorgsky.

     Emerson, en plus de son Hammond, a maintenant un imposant synthétiseur Moog ; énorme monstre de câbles divers qu'il débranche et branche tout en jouant pour trouver de nouveaux sons. Pour le meilleur et pour le pire. Une masse imposante qu'il reçoit en kit par la poste et qu'il monte lui-même (Big Moog). Assoiffé par sa recherche inextinguible de nouveaux sons, doublé de son souci d'essayer de se rapprocher autant que possible des sonorités des orchestres de musiques classiques (de restituer, en autres, les cuivres), il incorpore à son artillerie lourde deux mini-Moog et deux prototypes de synthétiseurs : Le Lyra et l'Appolo (qui donnera naissance au Polymoog). Plus tard, il s'offre l'imposant synthé polyphonique avec pédalier, le Yamaha GX-1 [1]. À la fin des années 70, il essaye les synthés Korg et devient endosseur de la marque dans les années 80 pour les modèles PS-3100 et PS-3300Il y aura aussi le bien nommé l'impressionnant Monster Moog qui semble tout droit sorti de l'imagination de Terry GilliamAu XXIème siècle, sur scène, tout en gardant un précieux Hammond C-3 et un Moog (qu'il a contribué à populariser), les Korg (dont un Oasys et un Triton Extreme ) sont désormais indissociables de son artillerie. Rapidement, dès les années ELP, son matériel à lui-seul nécessite une remorque. Cette débauche de matériel (Carl Palmer n'étant pas en reste) sera la cause de l'écroulement d'une scène lors de la tournée de Brain Salad Surgery (avec pour conséquence l'annulation des dates suivantes). Un soir de novembre 73 qui restera dans les annales (un bon coup de pub également, bien qu'ils n'en avaient guère besoin ces années là).

Probablement le seul à n'avoir jamais joué du Hammond ainsi

     Dès le premier disque, éponyme, en 1970, Emerson abat ses cartes : encore plus que The Nice, il s'inspire ouvertement d’œuvres classiques pour construire sa musique. Ainsi, on retrouve des emprunts au « Sinfonietta » de Leos Janacek, à la « Suite française n°1 » de J.S. Bach, au « Allegro Barbaro » de Bela Bartók. Une supercherie pour certains, une preuve de culture bienvenue pour d'autres. Aussi du pur génie sortie de son esprit créatif pour beaucoup (dont une majorité, - plus aux USA ? -, alors, ne connait que le classique par la télévision et le cinéma, voire, au mieux, les incontournables de Mozart, Bach, Vivaldi et Beethoven). Suivant les morceaux, le mariage peut être heureux, mais parfois, surtout lorsqu'il passe brutalement dans une même pièce d'un genre à un autre, le résultat peut se montrer assez foutraque. Le propos étant alors difficile d'accès. D'autant plus lorsqu'en studio, il ne parvient pas à se restreindre, enregistrant plusieurs lignes de claviers qu'il amoncelle.

     Tout au long de sa carrière, Emerson pioche sans retenue dans la musique classique, allant même jusqu'à reprendre, en les adaptant, des œuvres (relativement inconnues) comme « Hoedown » (sur « Trilogy ») et "Fanfare for the Common Man" d'Aaron Copland . L'introduction de « The Only Way » est empruntée aux orgues de J.S. Bach. Sur le célèbre disque « Brain Salad Surgery » (la pochette dessinée par H.R. Giger - le graphisme d'Alien -), il reprend « Jerusalem » d'Hubert Parry (qui avait mis en musique le poème "And did thoose feet in ancient time " de William Blake) [2], et s'inspire du « Concerto pour piano n° 1 » d'Alberto Ginastera pour « Toccata », et du même compositeur reprend aussi « Danse Créole ». Sans oublier "Les Planètes" de Gustav Holst incorporée, ou plutôt adaptée pour "Mars" (pour Emerson, Lake and Powell). Il y a d'autres exemples où l'on peut citer Chopin, Tchaïkovsky, Sergei Prokofiev, Friedrich Gulda.

     L'acquisition de son monumental Moog a d'ailleurs été dicté par un besoin de reproduire les cuivres (notamment la trompette). Mais c'est aussi l’opportunité de créer de nouveaux sons. Ce qui ne s'avère pas toujours très heureux, abusant parfois de sonorités synthétiques (et/ou futuristes). Toutefois, ces nouvelles sonorités - décriées et/ou honnies par certains - ouvrirent la porte à de nombreux autres claviéristes, tant dans le rock progressif que dans la musique électronique. (évidemment, lors de cette décennie, il n'est pas le seul à explorer de nouveaux horizons et ouvrir de nouvelles portes).
Sur « Works vol. 1 » (1977), en plein mouvement punk, pour la face qui lui est réservée (soit la première) Emerson ne propose ni plus ni moins qu'un mini-concerto classique (avec quelques légers ingrédients jazz), dont certains mouvements sont inspirés par l’œuvre d'Aaron Copland, avec l'orchestre philharmonique de Londres (qu'il amène en tournée pour quelques dates). Le mouvement punk étant alors à son apogée, la presse s'emballe et, suivant les critiques, qualifie cela de suicidaire, ou de provocateur, de présomptueux, de prétentieux. Les foudres des médias tombent sans pitiés sur le trio.
Sur « Love Beach » (1978) c'est « Canario » issu de « Fantaisie pour un gentilhomme" de Joaquim Rodrigo. Un extrait du « Roméo & Juliette » de Sergei Prokofiev sur « Black Moon » (1992).
Lorsqu'on lui pose la question sur son besoin viscéral d'agrémenter sa musique de références classiques, il répond parfois que c'est une façon d'initier le public, de l'ouvrir vers autre chose. Les mots, peut-être mal choisis, ou mal interprétés, heurtent la presse, qui considèrent ses propos comme hautains et arrogants.



     Assez paradoxalement, il y a un terme récurent qui semble tenir à cœur les écrivains d'ELP. Celui de l'impact de la modernité sur la société des hommes et la nature. Par exemple, dès 1971, avec l'album "Tarkus" (que beaucoup considère comme leur chef-d’œuvre), la première face est un concept basé sur un récit de science-fiction épique. Un combat entre deux monstres fabuleux, deux  entités hybrides (Tarkus et Manticore). Une métaphore narrant l'agressivité d'un monde moderne et de l'industrie. Un sujet de prédilection du groupe qui revient de façon plus ou moins marquée tout au long de sa carrière. La reprise de « Jerusalem » (avec donc le poème de William Blake) n'est pas fortuite puisqu'il parle de « sombres moulins sataniques » (soit les usines de la révolution industrielle) qui prennent la place des terres vertes et plaisantes d’antan.
Parallèlement, signalons aussi l'intéressant sujet de « Karn Evil 9 » (longue progression de près d'une demi-heure) qui évoque un futur où une société décadente serait gérée par une entité biomécanique, qui contrôlerait la population à l'aide de spectacles constants, surtout par d'incessants divertissements anesthésiants et abrutissants, le tout appuyé par une propagande de tous les instants (un futur proche ?).  C'est l'occasion de se parodier eux-même pour dénoncer l'univers du Rock qui commence à se perdre dans les clichés et qui est récupéré par une industrie(La pochette du 33 tours, qui, fermée ne laissait apparaître que le bas d'un visage humain, la face supérieure visible étant celle d'un crâne humain, s'ouvrait pour dévoiler un visage d'une femme dénuée d'émotions ou endormie - à moins qu'elle ne soit embaumée - ).



     Une auto-parodie quelque peu déconcertante dans le sens où Emerson, et ses deux acolytes, ont été l'archétype du groupe de Rock progressif qui se perdait dans de trop longues démonstrations techniques, d'échappées en solitaire, et de mise en scène kitsch  (Emerson perché à quelques mètres de la scène, sanglé à son piano à queue, faisant des pirouettes tout en jouant).

     Stoppé dans son élan par la vague punk, et donc la presse qui ne les suit plus (à quelques rares exceptions), ELP marque une pause. 
C'est alors l'occasion pour Emerson de se lancer dans la musique de film avec pour premier essai « Inferno » de Dario Argento (deuxième film d'horreur de l'italien qui allait le propulser comme une référence d'un genre). Suivit des "Les Faucons de la Nuit" avec Stallone (pour acteur et co-scénariste) et Rutger Hauer. Deux ans plus tard, il travaille pour un autre italien nourri de sombres pensées : Lucio Fulci, pour « Murder Rock ». 
Emerson se fait une spécialité de films d'horreur et d'action de série B, travaillant même pour le Japon (en 2004 pour un énième Godzilla). En 1984, il réalise son premier disque solo, "Honky". Un disque plus classique, moins synthétique, faisant la part belle au piano et au format court (seulement deux pièces de plus de 6 minutes). L'année suivante il forme un trio éphémère avec Greg Lake et Cozy Powell (4 ) et sort un unique disque en 1986 (édition d'un live de la même année en 2003). A partir du début des années 90, on le voit participer à divers projets, rejoindre d'autres musiciens, sans d'autre but que de jouer de la musique ensemble ; sans contrat, sans obligatoirement la réalisation d'un disque à la clef. La plus belle affiche de ces rencontres fut celle regroupant John Entwistle, Joe Walsh et Simon Philips (pas de disque mais un DVD d'un concert japonais édité sur le tard).

     Au début du XXIème siècle, il reforme The Nice pour une série de concerts, soldée par un disque live édité en 2003, "Vicacitas". Dans la foulée il renoue avec sa carrière solo. 
Il s'allie les services du gaucher virtuose Marc Bonilla (5), et part même en tournée avec Glenn Hughes. En 2012, il réalise son dernier disque studio, "Three Fast Project", dont le contenu n'est constitué que d'anciens titres d'ELP retravaillés pour être soutenus par un orchestre symphonique dirigé par Terje Mikkelsen. On y retrouve Marc Bonilla à la guitare pour d'époustouflants chorus. 

     Malheureusement, suite à une dégénérescence des nerfs de sa main droite, Keith Emerson commence à perdre sa dextérité, jusqu'à perdre le contrôle de deux doigts. La hantise de tous les musiciens. Il plonge alors progressivement dans la dépression et se suicide le 10 mars 2016, à son domicile, à Santa Monica (Californie).
     Keith Emerson fut un temps adulé, avant d'être la cible de toutes les tares de la terre. On l'a traité d'arrogant, d'opportuniste, de pompeux, de démonstratif, d'égocentrique, d’exubérant, on l'a accusé de vulgariser la musique classique pour s'en servir comme d'un moyen de flatter son égo et d'impressionner le public, d'être plus concentré à faire des numéros de cirque plus que de la musique. En dépit de l'influence qu'il eut sur la plupart des claviéristes du monde du Rock (rock progressif et Heavy-rock en tête) Il finit par tomber progressivement dans un relatif oubli, notamment parce qu'il n'avait plus la couverture médiatique d'auparavant. Il pourrait effectivement y avoir un peu de tout ça, mais il se pourrait bien aussi qu'il n'a pas toujours été compris d'un public rock peut-être plus enclin à plus de simplicité. Peut-être aussi qu'entre la fougue de la jeunesse et d'un trop plein de culture musicale, il n'a pas su suffisamment se canaliser. Quoi qu'il en soit, on ne peut nier le musicien et le compositeur qu'il était. Un Grand s'en est allé vers d'autres cieux.



 (1) Sa famille aurait été évacué suite aux bombardements  allemands. Cependant, rien n'est sûr, surtout en regard de sa date de naissance, de la petite démographie et l'éloignement cette ville.
(2) Le même que celui de John Paul Jones pour l'album « In Through the Outdoor ». Peu fabriqué, les rares exemplaires restant valent une fortune – plus de 317 000 $ en 2014 -.
(3) à l'origine une pièce devenu un hymne de l'église Anglicane, l'adaptation jugée irrévérencieuse par la BBC est interdite de diffusion radiophonique.
(4) Grand batteur, né Colin Flooks, dont la carrière professionnelle décolle sérieusement en 1970 lorsqu'il est recruté par Jeff Beck. Sa réputation alors faîte, il ne connaîtra jamais le chômage. Il joue pour Donovan, Murray Head, Rainbow, Michael Schenker Group, Whitesnake, Black Sabbath, Gary Moore, Brian May, Bernie Marsden, Graham Bonnet, Malmsteen et Peter Green. Sa seconde passion était la moto, mais c'est dans un accident de voiture qu'il décède le 5 avril 1998.
(5) Talentueux guitariste gaucher virtuose (et complet), entre Joe Satriani, Ronnie Montrose et Scott Henderson, également chanteur.


The Nice


o
Emerson, Lake & Palmer

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Solo


Emerson, Lake and Powell
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10 commentaires:

  1. Il y a eu des trucs bien dans le progressif, mais ELP....définitivement non. Rock boursouflé. Boursouflé, ça me rappelle quelqu'un. Mais qui?

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  2. Boursouflé, votre visage ? Oui ? N'insultez pas les gens qui ont fait un formidable travail musical...

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  3. vous allez vous faire emerson lake & palmerer

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    1. Vous ne trouvez pas d'autre réponse par ce que vous êtes complexé.
      C'est à dire vous avez raté votre vie musicale. A bon entendeur, salut!

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  4. rock progressif

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  5. faites gaffes à Emerson Lake & Palmer ! L'orgue Hammond est pret à vous accrocher aux nuages

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