Un
des couples les plus attachants de la musique revient aujourd'hui
avec un nouvel album. Un disque sensiblement plus posé et Soul que
les deux précédents, bien que la patte, le trademark, soit toujours la même.
Cette sonorité patinée, mâte et boisée, qui semble faîte à base de glaise et de bois divers de la Louisiane, du Mississippi et de la Georgie. Qui, en
dépit d'un orchestre regroupant tout de même onze musiciens,
parvient à être, relativement, sobre et dépouillée. Ou plus exactement
nette et aérée, parvenant à créer un espace suffisant pour que
chaque instrument puisse respirer (leurs soupirs étant autant
audibles que leurs épanchements les plus forts). Même les nuances
complémentaires des deux batteurs sont discernables. Haaa... le groove omnipotent du tandem J.J. Johnson et Tyler Greenwell. Un délice.
La magie de Derek Trucks n'est pas seulement dans le prolongement de son âme à travers sa fidèle Gibson SG, mais aussi dans sa compréhension et l'appréhension de sa musique, dans son intégralité, soit jusqu'à la production ; aidé ici par Bobby Tis qui enregistre et mixe (fidèle allié depuis le « Songlines Live » du Derek Trucks Band, à l'origine le guitar-tech de Derek et qui a travaillé pour Rosanna Cash, Herbie Hancock, Shannon McNally, Eric Clapton, Jerry Lee Lewis, James McMurtry, et le saxophoniste David Sanborn).
La magie de Derek Trucks n'est pas seulement dans le prolongement de son âme à travers sa fidèle Gibson SG, mais aussi dans sa compréhension et l'appréhension de sa musique, dans son intégralité, soit jusqu'à la production ; aidé ici par Bobby Tis qui enregistre et mixe (fidèle allié depuis le « Songlines Live » du Derek Trucks Band, à l'origine le guitar-tech de Derek et qui a travaillé pour Rosanna Cash, Herbie Hancock, Shannon McNally, Eric Clapton, Jerry Lee Lewis, James McMurtry, et le saxophoniste David Sanborn).
Jusqu'à présent, jamais les morceaux du couple Tedeschi – Trucks n'ont affiché les relents nauséeux d'un travail bâclé, forcé ou contraint. Même les pièces les moins bonnes reflètent la symbiose d'un travail d'équipe où diverses sensibilités se mêlent et se respectent. Et « Let Me Get By » continue sur ce terrain communautaire rare, et qui peut parfois générer quelques airs de jam-bands. C'est 100 % sincérité garantie.
Alors forcément le format radio n'est pas de mise avec une seule chanson en dessous des quatre minutes et la moitié qui tourne autour des six. Dans cette optique les échappées solitaires de Derek Trucks, de Kofi Burbridge (aux claviers et, à la flûte ) et de Kebbi Williams (saxophone) sont foncièrement live, prises sur le vif.
Les
premières écoutes de ce CD peuvent légitimement décevoir. En
effet, si comme énoncé plus haut ce « Let Me Get By »
favorise la facette Soul, c'est au détriment de celle attribuée au
Rock au sens large. En deux mots : c'est plus mélodique mais moins
mordant. Qui fait que l'on va lui reprocher un manque de moments
énergiques et fougueux. Cependant, ces instants, bien qu'atténués, sont toujours présents, notamment dans la seconde partie des morceaux, ou le break voire le final qui prend alors des envolées de pures prestations live.
Donc ici, point de Blues-rock chaud bouillant tels que "Come See About Me", "Learn How to Love", "Whiskey Legs", "The Storm", "Made Up Mind" des deux précédentes galettes.
Par bien des aspects, il semblerait que leur tournée "Mad Dogs & Englishmen", en hommage à Joe cocker, (avec Leon Russell, Dave Mason, Rita Coolidge, Chris Robinson & Doyle Bramhall II), ait laissée des traces indélébiles. Certes, cette référence était déjà bien présente dès le premier opus et le groupe reprend parfois des succès du "plombier de Sheffield" lors de leurs concerts, mais là, elle est, dans l'ensemble, plus évidente et plus forte.
Il y a eu également la tournée commune avec Sharon Jones qui, pour sa part, pourrait être responsable d'un ancrage plus profond dans la Soul.
Donc ici, point de Blues-rock chaud bouillant tels que "Come See About Me", "Learn How to Love", "Whiskey Legs", "The Storm", "Made Up Mind" des deux précédentes galettes.
Par bien des aspects, il semblerait que leur tournée "Mad Dogs & Englishmen", en hommage à Joe cocker, (avec Leon Russell, Dave Mason, Rita Coolidge, Chris Robinson & Doyle Bramhall II), ait laissée des traces indélébiles. Certes, cette référence était déjà bien présente dès le premier opus et le groupe reprend parfois des succès du "plombier de Sheffield" lors de leurs concerts, mais là, elle est, dans l'ensemble, plus évidente et plus forte.
Il y a eu également la tournée commune avec Sharon Jones qui, pour sa part, pourrait être responsable d'un ancrage plus profond dans la Soul.
Une excellente nouvelle : Mike Mattison est enfin un peu plus exploité ; enfin, exploité... enfin, on le met un peu plus en avant. Ainsi, on a le plaisir de retrouver sa voix doucement éraillée de gros nounours (assez conforme à son physique et sa bonne bouille d'ailleurs) en lead sur le magnifique "Crying Over You", très légèrement funky sur quelques mouvements, dont l'apport exceptionnel de violons procure un agréable petit côté 70's, et en duo avec Susan sur "Right on Time" (qu'il a co-signé avec Derek), un Blues paresseux et bastringue qui aurait pu être extrait de son excellent disque "I'm a Stranger (and I Love the Night)" (chaudement recommandé) de son groupe Scrapomatic (avec Tyler Greenwell).
Toutefois une présence insuffisante à mon sens, tant la voix particulière de Mattison apporte de la consistance (c'est un peu l'histoire des choristes aux capacités évidentes mais qui se retrouvent confinés dans un second rôle - "20 Feet From Stardom" -). D'autant plus qu'il participe à plus des trois-quarts des titres. Est-ce un hasard si ces deux chansons se classent parmi les meilleurs de l'album ?
Surtout "Crying Over You" avec ce lick de slide récurent, la basse et la guitare rythmique presque funky, les violons en arrière-plan dans un format délicieusement vintage (quasiment une B.O. de polar des 70's), ces "Hoo-hou-uuh-hou" Pop de Susan, la voix chaude de Teddy-bear Mattison.
Mais attention, cela ne signifie aucunement que Susan Tedeschi n'est pas à sa place. Loin de là. Madame garde son timbre reconnaissable et émotionnel, entre Soul sudiste et Blues campagnard de haute volée, gardant toujours sa justesse même lorsqu'elle feule. Lorsque l'on écoute "Hear Me" on la sensation que seuls les grands chanteurs (et chanteuses) seraient capables d'apporter autant d'émotion sur ce Gospel poppy, sans le dénaturer.
La section des cuivres a subit des changements avec les départs de Saunders Sermons et de Maurice Brown remplacés par Ephraim Owens à la trompette et Elizabeth Lea au trombone. Serait-ce les nouvelles recrues qui insufflent aux cuivres ce vent bienvenu issu de NOLA (New-Orleans) ?
Quant à Derek Trucks... que dire si ce n'est qu'il a trouvé son son depuis des années et qu'il s'y tient. Il ne lâche d'ailleurs qu'en de très rares occasions ses Gibson SG Reissue (61, 62 et standard) et reste aux amplis Fender. Son jeu, toujours instinctif, ne fait que s'aiguiser donnant encore plus d'âme à ses interventions. Et lorsqu'il est secondé par Tedeschi (très bon solo de wah-wah sur un "Don't Know what it Means" à l'aspect convivial) ou Doyle Bramhall II, il s'en retrouve encore grandi, mis en valeur. Il fait parti de ses guitaristes - trop rares ? - à pouvoir sortir tout le jus d'une seule note, comme si c'était l'ultime.
Toutefois une présence insuffisante à mon sens, tant la voix particulière de Mattison apporte de la consistance (c'est un peu l'histoire des choristes aux capacités évidentes mais qui se retrouvent confinés dans un second rôle - "20 Feet From Stardom" -). D'autant plus qu'il participe à plus des trois-quarts des titres. Est-ce un hasard si ces deux chansons se classent parmi les meilleurs de l'album ?
Surtout "Crying Over You" avec ce lick de slide récurent, la basse et la guitare rythmique presque funky, les violons en arrière-plan dans un format délicieusement vintage (quasiment une B.O. de polar des 70's), ces "Hoo-hou-uuh-hou" Pop de Susan, la voix chaude de Teddy-bear Mattison.
Mais attention, cela ne signifie aucunement que Susan Tedeschi n'est pas à sa place. Loin de là. Madame garde son timbre reconnaissable et émotionnel, entre Soul sudiste et Blues campagnard de haute volée, gardant toujours sa justesse même lorsqu'elle feule. Lorsque l'on écoute "Hear Me" on la sensation que seuls les grands chanteurs (et chanteuses) seraient capables d'apporter autant d'émotion sur ce Gospel poppy, sans le dénaturer.
La section des cuivres a subit des changements avec les départs de Saunders Sermons et de Maurice Brown remplacés par Ephraim Owens à la trompette et Elizabeth Lea au trombone. Serait-ce les nouvelles recrues qui insufflent aux cuivres ce vent bienvenu issu de NOLA (New-Orleans) ?
Quant à Derek Trucks... que dire si ce n'est qu'il a trouvé son son depuis des années et qu'il s'y tient. Il ne lâche d'ailleurs qu'en de très rares occasions ses Gibson SG Reissue (61, 62 et standard) et reste aux amplis Fender. Son jeu, toujours instinctif, ne fait que s'aiguiser donnant encore plus d'âme à ses interventions. Et lorsqu'il est secondé par Tedeschi (très bon solo de wah-wah sur un "Don't Know what it Means" à l'aspect convivial) ou Doyle Bramhall II, il s'en retrouve encore grandi, mis en valeur. Il fait parti de ses guitaristes - trop rares ? - à pouvoir sortir tout le jus d'une seule note, comme si c'était l'ultime.
Evidemment, le disque est toujours enregistré au Swamp Raga, leur studio personnel, à la maison, en Floride dans la campagne près de Jacksonville. Ce qui leur offre une totale liberté (enfin, on le souhaite, et c'est ce qu'il semble effectivement transparaître ) et tranquillité. Sans l'aide, ou la contrainte, c'est selon, d'un producteur extérieur. Seuls Doyle Bramhall vient apporter sa contribution sur quelques pièces, et donc aussi Bobby Tys en renfort pour l'enregistrement (Derek ne pouvant être au four et au moulin) et le mixage.
Finalement, ce disque irradie d'une certaine harmonie, d'une plénitude, de franche camaraderie, de chaleur humaine. Peut-être moins évident que ces petits camarades précédents et plus particulièrement de "Made Up Mind", mais plus équilibré, affichant une personnalité plus marquée dans l'ensemble ; du moins, les chansons s'enchaînent si bien que l'on a la sensation - subliminale - que cela ne fait qu'un tout. Au point où on se retrouve un peu penaud quand le CD s'arrête, confronté à un silence inattendu. Les 56 minutes et des poussières sont passées d'une traite et, passé quelques secondes après "In Every Heart", on attend instinctivement la suite. Un peu comme à la suite d'un bon concert lorsque, satisfait du moment passé et nos esgourdes ravies, l'on attend impatiemment un rappel.
Si on peut reprocher à « Let Me Get By » de ne pas avoir en son sein de titres forts et immédiatement séduisants (tels que "Midnight in Harlem", "Simple Things", "Part of Me" des précédents opus), ou de trucs nettement plus remuant (comme le rugueux "Made Up Mind"du CD du même nom), sa cohésion et l'absence de titres faibles ou même seulement moyens pourrait tout de même l'ériger comme le meilleur à ce jour. "I Want More" avec son Rythmn'n'Blues appuyé et ses chœurs gospelisant aurait pu être ce titre brut mais il se lâche sur la fin, s'autorisant une escapade raga-psyché-bluesy qui nous donne l'occasion de retrouver la flûte traversière de Kofi Burbridge.
Ce sont des instants de plaisirs simples, comme une journée tempérée d'un printemps fleuri à la campagne, ou comme des étoiles de bonheur dans les yeux d'un enfant ravi. Un disque bourré de vibrations positives, réchauffant doucement comme un crépuscule sachant l'humidité de la nuit, apaisant comme un doux foyer après une dure journée de labeur (et de stress).
Pour parodier Jean-Pierre Coffe, décédé hier, le mardi 29 mars 2016 à l'âge de 78 ans, c'est de la bonne cuisine faite avec de bons ingrédients du terroir, à l'ancienne, à la maison, et ça en a toutes les saveurs. Ça sent "le plaisir de cuisiner". Pas de ces trucs industriels infâmes pollués d’exhausteurs de goûts C'est pas d'la merde !
1. | "Anyhow" | M.Mattison, D.Trucks,S. Tedeschi | 6:34 |
2. | "Laugh About It" | Mattison, Trucks, Tedeschi, K.Burbridge, Tim Lefebvre | 5:06 |
3. | "Don't Know What It Means" | Mattison, Tedeschi, Trucks, Burbridge, J.J. Johnson, T. Lefebvre | 5:58 |
4. | "Right on Time" | M. Mattison, D. Trucks | 4:33 |
5. | "Let Me Get By" | Burbridge, Tyler Greenwell, Lefebvre, Mattison, Tedeschi, Trucks | 4:25 |
6. | "Just as Strange" | Doyle Bramhall II, Tedeschi, Trucks | 3:41 |
7. | "Crying Over You/Swamp Raga for Holzapfel, Lefebvre, Flute and Harmonium" | M. Mattison, Tedeschi, Trucks | 8:03 |
8. | "Hear Me" | D. Trucks, Bramhall | 4:32 |
9. | "I Want More" | D. Trucks, Tedeschi, Bramhall | 7:15 |
10. | "In Every Heart" | D. Trucks, Tedeschi, M. Mattison | 6:21 |
Durée totale : 56:28
|
Le
coin matos de Derek :
Gibson
SG Signature(évidemment), Gibson ES-335, SG 1961, SG Relic Dicky
Betts, ampli Supro Thunderbolt, tête d'ampli Selmer, Fender Super
Reverb, Fender Vibrolux et Fender Deluxe 1963.
Je m'écoute assez souvent le "Roadsongs" du Derek Trucks Band (il y fait deux reprises de Derek and Dominoes...) que j'aime beaucoup. Même si j'ai un peu de mal avec les chorus de slide en continu, je pense qu'avec Madame Susan à la Starto, cela doit être plus diversifié. Et par dessus tout, la voix de Mike Mattison... Quel bonheur ! Avec ce groupe-ci, il est sans en arrière parce que Tedeschi est aussi chanteuse ?
RépondreSupprimerBon, hors sujet, je sais, mais sa barbiche au père Deerk... Avec un bonnet et des Ray Ban, on va finir par le confondre avec Billy Gibbons...
Jamais jusqu'alors les soli de Trucks n'avaient été aussi concis. Et il joue peut-être un peu moins en slide. Il est effectivement fort probable qu'il se restreigne pour laisser un peu plus de champ libre à son épouse. Fait que je salue.
SupprimerPour ma part, au sujet du Derek Trucks Band, j'affectionne particulièrement le "Songlines" et le live qui suit, "Songlines Live".
je n'en ai aucun. j'ai celui-là dans le panier depuis 3 semaines et je n'arrive pas à me décider. Les deux batteurs jouent sur Sakae Trilogy. j'étais près de m'en acheter une l'an dernier quand je suis tombé par hasard sur une Yam Club custom déstockée.
RépondreSupprimerCrénom ! J'ai un instant cru que "Sakae Trilogy" était un groupe ... J'allais déjà essayer de trouver quelque à écouter ...
SupprimerEt la Yam Club custom, c'est en bleue, noire ou orange ? Mais, en fait, tu en as combien de batteries ? Tu possèdes un hangar ?
Les grattes prennent de place. surtout lorsqu'elles sont en pièces détachées ...
La Club custom en swirl orange et une Oak custom. Pas mal, le coup de la méprise....
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