PIERRE OUIN, feu le papa de BLOODI - par Pat Slade

Pierre Ouin nous a quittés en novembre 2015, il n'est jamais trop tard...

 

Bloodi, un héros complètement piqué

Pierre Ouin le créateur du héros le plus déjanté de la bande dessinée est parti en laissant son héros Bloodi en état de manque. 
J’avais prévu de longue date d’écrire une chronique sur Bloodi car c'est un personnage qui a marqué la BD. Et voilà, il a fallu que son auteur Pierre Ouin nous quitte le 10 novembre dernier au jeune âge de 55 ans. Ce dernier, je l’ai connu dans des fanzines comme Viper ou dans Métal Hurlant. Mais c’est surtout son personnage de Bloodi qui marquera les esprits des lecteurs. 
Qui est Bloodi ? Un punk junkie qui après le braquage d’une pharmacie pour trouver sa dose quotidienne de produits stupéfiants se fera arrêter par la police. Mais il est tellement défoncé qu’il est envoyé dans un asile où il se retrouve entre les mains d’un savant fou qui va lui greffer un cerveau de rat !! Dingue non ?!

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Après maintes péripéties, il arrivera à retrouver son cerveau. Ayant gardé le cerveau du rat dans sa caboche, il tombera amoureux de Riquette l’ex copine du rat à qui appartenait ledit cerveau («Bloodi et les rongeurs»). Ça va, vous suivez ? Mi homme mi rat, pratiquement toutes les aventures de Bloodi sont des courses à la dope et des engueulades avec Riquette quand Bloodi ne fait que des conneries. Les trois quarts du temps, il termine la tête et le corps en miette, baignant dans une marre de sang après avoir fait quelques mauvaises rencontres. C'est gore, c'est crade, mais je l'avoue : c'est drôle.

Bloodi reste un personnage récurent comme on n'en avait jamais vu avant. En matière de BD, la drogue n’avait jamais été abordée dans des termes aussi crus. Dans les années 70, il y avait eu les Freak Brothers de Gilbert Shelton qui couraient après des «plans» d’herbe (Non, pas du gazon !). 

Mais n’allez pas croire que Pierre Ouin fait l’apologie de l’héroïne et de toutes autres drogues illégales, absolument pas ! 
Son héros est un looser qui ne fait que des conneries et qui les payent comptant. Même si les parutions de Pierre Ouin commence à prendre de l’âge, les dessins sont toujours autant d’actualité, ils sont bourrés de détails comme dans «Où est Charlie» mais en plus trash. Bloodi reste un personnage quand même attachant et sans Riquette, il ferait encore plus de conneries. 
Malheureusement, Bloodi est mort en manque de crayons et d’encre de chine, son dealer est partie rejoindre le paradis des dessinateurs.