lundi 4 janvier 2016

R.I.P. LEMMY KILMISTER (1945-2015)



On le croyait immortel, immunisé par tout ce qu'il s'est envoyé, pourtant Lemmy nous a quitté pour de bon ce 28 Décembre à 70 ans, achevé par un put*** de crabe diagnostiqué seulement 2 jours plus tôt ! Il rejoint son pote le batteur Phil "Animal" Taylor décédé il y a 6 semaines (clic).

Lemmy incarnait le rocker ultime, à la tête de la machine de guerre Motörhead depuis pile 40 ans, son chapeau, sa moustache et ses rouflaquettes, sa gueule, ses excès ainsi que sa musique sans compromission et une trentaine d'albums en ont fait une légende et cette fois, le terme n'est pas galvaudé.
Pour une fois les médias nationaux ne s'y sont pas trompés et ont abondamment relayé l'info, attiré sans doute aussi par l'odeur du souffre "sex, drugs & rock"n"roll" du bonhomme.

Et c'est vrai que de ce coté là le Lemmy il aura fait assez fort, sur les gonzesses par exemple, à qui il doit d'avoir voué sa vie à la musique. "J'aime les femmes, c'est pour elles que je suis dans la musique. J'ai découvert qu'on pouvait les faire se déshabiller si on jouait de la guitare(...)Tous ces trous du cul d'intellos qui se la racontent, comme quoi ils ont un message à faire passer, n'importe quoi ! Ils veulent se taper des nanas(...) cette vie que je mène rend les gens heureux, en plus ça me permet de coucher avec des femmes magnifiques, de toutes couleurs religions ou origines, c'est le pied total. Qu'est ce qu'on peut vouloir de plus ?". Il estimait  ses conquêtes à environ 1200 femmes soit quasiment autant que Rockin, Luc et Bruno à eux trois...

Coté drugs ce n'est pas mal non plus, ainsi dans les années 60 "on était sous acide la plupart du temps et on allait dans les parcs pour parler aux arbres", Lemmy aura essayé à peu prés tout ce qui pouvait se fumer on s'injecter - à la notable exception de l'héro qu'il a toujours combattu - et n'oublions pas sa  boutanche quotidienne de Jack Daniels ou de Vodka. Selon la légende son médecin lui aurait dit un jour "de grâce ne donnez pas votre sang! Il est tellement toxique que vous  tueriez quelqu'un !"
Finalement au vu de tout ça on se dit que c'est assez incroyable d'avoir pu vivre 70 ans, surtout quand on pense aux "club des 27" (Jimi Hendrix, Jim Morrison, Janis Joplin, Amy Winehouse...). Et le bougre  était bien conscient qu'il avait fait ce qu'il avait voulu de sa vie et qu'il n'aurait pas à se plaindre de sa mort .

Venons on au troisième volet du triptyque: le Rock'n'roll


Fan des proto-rockers (Jerry Lee, Elvis, Chuck Berry) puis des Beatles qu'il voit au Cavern Club de Liverpool, Lemmy commence la guitare à 16 ans, fait divers petits boulots tout en jouant avec des groupes locaux, puis à Londres en 1967 il sera un temps roadie pour Jimi Hendrix. Il avouera ne pas trop se rappeler cette période, à cause de l'acide partagé avec le Voodoo Child et sa bande, mais il est marqué par les groupies tournant autour du guitar hero...C'est en 1971 que les choses sérieuses vont commencer, il intègre le groupe psyché/planant Hawkind pour lequel il se met à la basse, dont le son devient un élément capital de la musique (voir les albums "Doremi Fasol Latido" ou "Space ritual") . On découvre aussi sa puissante voix d'outre tombe, cordes vocales frottées au papier émeri et rincées au Whisky.
 
En 75 il se fait pincer au Canada en possession de produits illicites (Tiens donc ?)  et se fait lourder d'Hawkind et va fonder Bastard avec Larry Wallis et Lucas Fox. Mais son manager le convainc d'adopter un autre nom, ce sera Motörhead avec (Fast) Eddie Clark et Phil Taylor qui remplacent Wallis et Fox. L'histoire est en marche, un monstre de métal en fusion est né, à l'image du logo à tête de mort qui va devenir son emblème.

 


source photos :official Motorhead facebook

Arrivé en même temps que la vague punk (Sex Pistols, Clash ou les Ramones dont Lemmy était fan), après les dinosaures des seventies (Led Zep, Black Sabbath, Deep Purple...), précurseur de la NWOBHM, Motorhead va rassembler autour de lui  les hardos, les punks,  les bikers séduits par le gros son du groupe autant que par son attitude résolument Rock'n'Roll. Pour définir le  son Motorhead, on pourrait évoquer la cavalcade d'un troupeau de bison en furie ou une locomotive emballée, son énorme rythmique pachydermique menée par la Rickenbacker vrombissante et saturée de Lemmy qui ne laisse  pas une seconde de répit à l'auditeur et cette voix gutturale qui rugit des slogans simples et efficaces ("Stay clean" "No class" "Aces of spades"...) sur des riffs basiques. Du rock'n'roll poussé à l’extrême, joué plus vite et plus fort.

La première formule légendaire du trio Lemmy/Phil Taylor/Fast Eddie Clarke (76/82) produisit des albums références qui alimentèrent les concerts du groupe jusqu'à la fin (Motorhead/ Overkill/ Bomber/ Ace of spades)  et un live tellurique ("No sleep til'Hammersmith" - 1981) A noter aussi un EP en 1982 avec les copines de Girlschool ("St Valentine's day massacre"). Depuis 1993, c'est Phil Campbell (guitare) et Mikkey Dee (batterie) qui entouraient Lemmy et leur discographie s'est étoffée au rythme d'environ un album tous les 2 ans, le dernier "Bad Magic " sort en août 2015, gardant au long de toutes ces années la même  rage imperméable aux modes.

Au delà du rocker bourru, Lemmy était un personnage plus complexe qu'il n'y parait, collectionneur d'objets militaires notamment nazis (il a souvent précisé qu'il ne partageait pas du tout l'idéologie liée à ces objets), collectionneur de groupies mais  amoureux des femmes  et adepte de la liberté sexuelle, consommateurs de produits illicites, mais ennemi de l’héroïne, et d’après ceux qui l'ont côtoyé un gars cool et simple.
Parmi ses fans les plus connus on trouve Lars Ulrich (Metallica), Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters) ou Dee Dee Ramone (ramones) et une ribambelle de groupes directement inspirés.

Jeff (un de nos plus fidèles lecteurs) a relevé ici et là quelques unes de ses dernières aventures et citations qui tendraient à démontrer que Lemmy conservait sa lucidité et son sens de la formule, alors même que sa santé se dégradait dangereusement.
A un journaliste qui lui demandait si ses ennuis de santé l'avait contraint à changer ses habitudes, il déclare : "En effet, il a fallu que j'arrête le whisky. Je l'ai remplacé par la vodka". "Le meilleur moyen d'éviter la gueule de bois, c'est de ne pas désoûler".
Cet été, à Glastonbury, Lemmy a chanté "Ace of Spades" deux fois de suite au lieu d'entonner les paroles d'"Overkill". Il a évoqué un blocage mental.
Le 1er septembre : "I can't do it" annonce Lemmy à Austin après 3 morceaux. Il n'en peut plus et sort de scène. Plusieurs concerts de cette tournée US sont annulés. Une infection des poumons en serait la cause. 
Le 18 juin 2015, Lemmy accorde une interview à Philippe Manoeuvre à Nantes pour Rock and Folk. Voici un extrait : "Vous n'avez toujours pas sorti d'album solo ?. J'en ai un en préparation depuis dix ans. Il me reste un morceau à terminer. J'en conviens, c'est ridicule. C'est un bon disque qui sortira après ma mort sans doute".
Manoeuvre conclut son article en disant que Lemmy croyait très fort en Motörhead pour 2016 même si un défibrillateur dormait désormais à côté de sa basse, dans le camion qui transportait son matériel. Précaution indispensable mais insuffisante...

C'est l'un des derniers survivants d'une espèce en voie de disparition (éteinte ?) qui est parti, celle des rockers intègres pour qui musique et tournées étaient un art de vivre et non une façade. Peut être encore plus  que sa musique c'est ce qu'il incarnait, cette vie ultime de rocker et sa longévité (relative) qui nous aura fascinés.

Respect et R.I.P. Lemmy


Et pour finir, l'hommage ému d'un fan, notre ami Vincent :

Quel invraisemblable coup de poing (Iron Fist) dans le bide j'ai pris en apprenant ce matin l'impensable. Toi Lemmy, Lemmy Kilmister, le plus intègre Rocker que la terre ait jamais porté, ainsi es-tu passé à l'Ace ce 28 Décembre 2015. Dites-moi les mecs que c'est pas vrai !!!! Pas toi Lemmy !
Et moi qui rêvait d'un ultime "Orgasmatron" lors cette nouvelle tournée en cours. C'est quoi cette mauvaise blague ? remember "Life's a Bitch" nous chantais-tu il y a 10 ou 11 ans sur l’incendiaire et imparable Inferno. Tu m'étonnes mec que la vie est une Fu**ing Bitch ! Quelle année de Merde que cette année là.
Ô je sais bien qu'il ne faut pas "vivre dans le passé" me soufflait encore à l'oreille il y a peu, un certain Dr Rock. Qu'il ne faut pas non plus avoir de remords. Oui, mais là quand même Lemmy...
Allez, je sais que beaucoup diront que c'est "Pas Classe" d'être parti comme ça sans dire au revoir a ton "Road Crew" et a tous tes fans. Moi je me dis au contraire que tu es parti sans faire le moindre "Sacrifice". Certes "Tué par la mort" (oui mais rien qu'une fois), mais tu peux franchement "Danser dans ta Tombe" au son de ta "Rock' n' Roll Music" avec la fierté d'avoir été emporté 4 jours seulement après ton soixante- dixième anniversaire, complètement "Over the Top". En témoigne ce dernier album presque posthume, Bad Magic, sorti il y a tout juste quelques mois.

Eh Lemmy ! Dis-moi poto, là haut, fais nous plaisir, continues de t'amuser comme tu l'as toujours fait durant toutes ces incroyables années. Vas vite te resservir un Whisky (oui oui double !) au "Whorehouse Blues" du coin avec ton vieil ami Jimi par exemple. Et n'oublies pas de saluer ce diable de Philty. Lui aussi parti il y a quelques semaines.
Nom d'un chien enragé Lemmy ! quand même, l'annonce de ta disparition ce matin, je l'ai reçu comme si un "Bombardier" m'avait percuté en pleine tronche. J’essaie bien de "Rester Clean" jusqu'au bout face a un tel uppercut, mais le coup est tout de même vachement rude a encaisser.
Lemmy, tu savais mieux que quiconque que dans la vie c'est "Marche ou Crève". Ok ! Soit assuré que tant que nous vivrons, nous te célébrerons aussi souvent que nous le pourrons, même si pour l'heure je suis personnellement un peu "Broken". Tu sais quoi Lemmy ? Pour me changer les idées et oublier un instant ce mauvais tour (cette Bad Magie) que tu viens de nous faire, j'irai bien prendre un peu de bon temps "en me rendant (direct) au Brésil". Mais ça pour le coup, se sera pour "un autre jour... parfait".
R.I.P Master, Mister Kilmister. :-((

On s'écoute une monstrueuse version d'Overkill, puis No class avec Wendy O Williams (chanteuse furieuse des Plasmatics, décédée en 1998), un Stay clean d'époque où on entend bien le jeu de basse de Lemmy et enfin Worehouse blues, une facette bluesy inattendue :
"J'aime les femmes

5 commentaires:

  1. Du boulot déja en ce début d'année, j'avais à peine fini de réécouter le discographie de Smokin' joe, j'ai dû me faire celle d'Hawkind et de Motorhead et ce matin j'attaque celle de Michel Delpech.....je vais pas y arriver!!!!!

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  2. Merci Rockin, touchant et au moins on repasse le relais sur ce décès.
    Galabru ! je ne pensais pas que cet homme avait autant de talent dans la désinvolture, confer les grosses têtes !

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  3. C'est une icône du Rock qui est partie. Même nos différents médias en ont parlé. Qui l'aurait cru ? Lui qui a tellement été décrié par ces mêmes médias à la fin des années 70.
    C'est que mister Kilminster était devenu quelqu'un. Même la ménagère, le tâcheron lambda, le politicien, savaient de qui il s'agissait lorsque l'on évoquait le nom de Lemmy. Peut-être parce qu'il s'était trouvé : il n'était rien d'autre que lui-même. Il ne trichait pas, fidèle à lui-même, il était resté un être humain jusqu'à ses derniers jours.
    Un sacré gaillard.

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