Terry Brisack, guitariste chanteur et songwriter est un
musicien qui a plusieurs cordes à son arc, ou plutôt à sa guitare,
puisqu'on le retrouve au sein de diverses formations. Celle-ci, axée
sur ses propres compos, ou les Honkytonkers qui rendent hommages aux
grands noms de la country et du blues. Mais ses activités ne
s’arrêtent pas là puisqu'on le retrouve musicien de studio
(notamment sur le dernier et fabulissime album de Johan Asherton
dont je vous parlerai bientôt) et également conteur. En effet il
anime des conférences et des concerts pédagogiques dans les centres
culturels ou les écoles sur l'histoire du blues, du rock'n'roll, de
la country, surf, rock psyché, british blues...
Belle initiative de transmission en ces temps où les daubes
matraquées par NRJ et autres médias poubelles abrutissent les
enfants dés le plus jeune age, tiens ils ont pas parlé de ça à la
COP21, et pourtant comme pollution...
Pour ce nouvel album Terry s'est entouré de Pascal Favriou (piano et
orgue), Timothée Couteau (violoncelle), Alain Philipon
(basse), Baptiste Castets (drums), Guillaume Gardey de Soos
(trompette) , Johan Asherton (choeurs sur 5 titres) et à la
production Patrick Chevalot (et son chapeau).
On commence avec "Medusa"un
titre presque instrumental qui lorgne clairement vers la surf music
dont Terry est fin connaisseur, avec un clin d'oeil à Méduse,
gorgone de la mythologie grecque. Nous n'avons pas été transformés
en pierre alors continuons avec "Van
der Weyden", référence au peintre flamand du XV
eme siècle, une ballade western crépusculaire au souffle puissant
et envoûtant, où la voix profonde et sans fards de Terry se marie
bien avec l'ambiance.
Avec "One of the
lonely" on est plus dans une pop baroque,
psychédélique, élégante autant que classieuse, riche en mélodies
et arrangements, où se croisent orgue, guitare, trompette et
chœurs. Ajoutons à cela de belles paroles poétiques et
nostalgiques, si vous maîtrisez un peu la langue des One Direction
(ben oui, qui connaît encore Shakespeare, faut s'adapter à son
temps..) elles valent qu'on s'y arrêtent (elles sont sur le livret
du beau digipack). Un pop/rock à guitare sympa avec "Wonderland",
puis un voyage au pays des fantômes avec "Lavinia
d'Aufinedi"à l'ambiance mystérieuse digne de la
Hammer (who's that face in the mirror/ where are you coming from/
sad eyed lady in the mirro/ I wanna see you more and more").
Autre titre très cinématographique avec "The
ghost town", ville fantôme de western ("only
the snakes live on the rock/ where have people gone?"), une
ballade absolument superbe, qui en fermant les yeux me fait imaginer
Clint Eastwood et Lee Van Cleef chevauchant dans Death Valley,
quelques vautours tournoient au dessus d'eux sous le cagnard…Avec
Asherton à la guitare et au chant.
le band (cliquer sur l'image pour la voir en grand) |
en studio avec P Chevalot (à droite) |
Hommage ensuite au cinéma muet et une de ses plus grandes figures
"Lon Chaney"
(1883-1935), connu pour ses rôles dans des films d'épouvante ("le
fantôme de l'opéra"), un titre où orgue et violoncelle créent
une atmosphère fantomatique. "Beautiful
trouble" est dédié à Edie Sedgwick (1943-1971),
égérie de Andy Warhol, mannequin et actrice qui s'est brûlée les
ailes, morte d'overdose à 28 ans, "a feline in the night",
tempo bien rock (genre Elliott Murphy) avec un super solo de guitare et un
d'orgue. Je vous parlais plus haut de rock psyché, voici "Alone
again or" une jolie reprise de Love (tiré de leur
fameux "Forever changes" de 1967 ( chronique)) pour
conclure.
Pour parler trivialement voila un album qui me laisse sur le cul,
d'une beauté imparable, aux multiples climats et aux paroles
érudites. Ces "contes de jour de pluie"ont tout pour
devenir des classiques du patrimoine du rock français, même si le
terme rock est restrictif ici, vu les touches d' americana, folk,
country, blues, surf présentes. Une perle, un de mes 3 ou 4 gros coups de cœur de l'année!
ROCKIN-JL
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