jeudi 3 décembre 2015

LES MOODY BLUES - Par Pat Slade






Le Blues d’humeur changeante des Moody Blues





Quand on dit Moody Blues, tout de suite on pense à «Night in White Satin», un slow qui comme «A Whiter Shade of Pale» de Procol Harum a été le summum des airs favorisant le roulage de pelles et le pelotage dans les surboums des années 60 que Claude Toon fréquentait dans sa folle jeunesse. Mais The Moody Blues, ce n’était pas seulement ça.


El  Riot & the Rebels
Nous sommes en 1964, les Animals, les Beach Boys, Manfred Mann, les Beatles, Bob Dylan et les Stones occupent les charts. Et les petits nouveaux comme Les Who, Zappa, The Byrds, Lynyrd Skynyrd, Pink Floyd, The Troggs, le Velvet Underground et les Moody Blues vont tout faire pour avoir eux aussi  leur place au soleil. 
Dans la ville de Birmingham au Royaume-Uni, le groupe El Riot & the Rebels avec Ray Thomas, John Lodge et Mike Pinder est dissous, Mike ayant rejoint l’armée. Quand Mike Pinder est libéré de ses obligations militaires, il reforme un groupe avec Ray Thomas et les gars partiront en Allemagne, comme beaucoup de groupe à l’époque, tel les Beatles qui traîneront leurs Anello & Davide sur les trottoirs de Hambourg. Une fois revenu dans la mère patrie, le groupe s’étoffe de trois nouveaux musiciens en la personne du guitariste Dennis Laine, du batteur Graeme Edge et du bassiste Clint Warwick. Les Moody Blues sont nés. Le nom du groupe aurait du être  The MB’s en attente du sponsoring d’une brasserie qui en fin de compte ne se concrétisera pas.  Le nom Moody Blues viendra d’un titre de Duke Ellington «Mood Indigo» et du tempérament mélancolique du groupe.




Night in White Satin, le Maudit Blues




Avec un manager comme Tony Secunda (Il mènera Marc Bolan au sommet), les choses commencent à bouger. Il les fait signer chez Decca déjà fort des Rolling Stones dans leurs catalogue. Un premier 45 tours sort : «Steal Your Heart» qui sera un échec, mais trois mois plus tard ils font une reprise de Bessie Banks «Go Now» qui va les propulser n°1 en Grande-Bretagne en moins d’un mois. Cette rapide notoriété aidée par l’un des premiers films vidéo promotionnels les aidera à sortir leurs premiers albums aux États-Unis : «The Magnificent Moodies» baptisé «Go Now !». Ne sachant pas quelle direction musicale prendre, entre la pop, le blues et la soul, ils continuent à faire des reprises. «Bye Bye Bird» de Sonny Boy Williamson, un blues syncopé qui fera un petit tour dans les hits français.

Clint Warwick abandonne la basse et le groupe, Rod Clarke prend la place. Ce dernier avait joué dans un obscur groupe appelé «Carter-Lewis & the Sudiste» où le guitariste n’en était pas moins que le jeune Jimmy Page. Après le titre «Boulevard de la Madeleine» qui sera un nouvel échec, le groupe se sépare pendant un mois, le temps de faire un peu le ménage. Un mois plus tard, avec John Lodge, qui remplacera Clarke, Justin Hayward prendra la suite de Dennis Laine parti en solo, et qui en 1971 fondera Wings avec un certain Paul McCartney. Ils décident de ne jouer que leurs propres compositions, le groupe peut voir l’avenir plus sereinement, hé bien non ! En 1967, les trois 45 tours suivants sont encore des échecs et les finances du groupe vacillent dangereusement. Arrive l’instrument qui va sauver le groupe, le mellotron, un dérivé de l’orgue Hammond. Ils seront aussi les «cobayes» des premiers mixages stéréo ce qui va les «obliger» à faire un rock plus symphonique et l’album «Days of Future Passed» enregistré avec le London Festival Orchestra sera le premier album du genre. Mais ce qui fera le succès de l’album est le titre «Night in White Satin» avec le solo de flûte de Ray Thomas, le titre ce classera n°2 en France placé entre Sheila et Otis Redding.

Pour les albums suivants, le Sitar et le Chamberlin (Ancêtre du synthé) entreront dans les futures compositions. La plupart de leurs albums qu’ils sortiront jusqu’en 1972 seront des concepts qui se classeront dans les chart’s. «Question of Balance» leur sixième album et un passage au festival de l’île de Wight en 1970. Le titre «Melancholy Man» sera un hit, mais uniquement en France. Les poches pleines et célèbres, ils décident de mettre le groupe entre parenthèses sans pour autant se séparer. Chacun part sur une carrière solo avec plus ou moins de succès. Retour sur le devant de la scène avec un double live enregistré au Royal Albert Hall de Londres en 1969 «Caught Live + 5», mais celui-ci sera un échec commercial. Début 1978 sort «Octave», mais des dissensions au sein du groupe se font sentir, Mike Pinder quitte les claviers avant la fin des séances, ce qui obligera Hayward et Lodge à assumer les parties de clavier pendant la tournée de promotion. Arrive le Suisse Patrick Moraz, le suisse à tout faire. Le seul qui soit capable de jouer avec Yes, les Moody Blues, ou en duo avec Bill Bruford, ou encore participer à divers albums d’artistes connus et même de faire une grosse carrière solo. Mike Pinder, suite à une convention bancale avec le reste du groupe, veut empêcher l’album «Long Distance Voyager» de sortir, procès perdu pour l’ex clavier, l’album sera n°1 au États-Unis et un gros succès international.




The Moody Blues, La Nostalgie Camarade !  






Les temps ont changé et leur musique un tantinet pompeuse n’est plus au goût du jour, les punks et la new wave ont envahi le monde musical. Les groupes de l’ancienne génération passent pour des has-been. Les Moody Blues vont prendre une démarche plus électrique, mais les textes ne suivent pas. En 1986 «Your Wildest Dreams» passera sur les radios américaines et sera considéré pour certain comme le chant du cygne du groupe. 

Patrick Moraz intente un procès pour non paiement des droits d’auteur en tant que membre du groupe depuis 15 ans, alors qu’il n’était engagé seulement que comme musicien de séance rétorque le groupe. Le suisse remportera le procès, mais ne touchera qu’un pourboire au lieu des millions de livres réclamés. Ils vont pondre encore quatre albums, le dernier en date sera de 2003 sans compter les lives et les multiples compilations. Les Moody Blues se produisent toujours sur scène en Angleterre et aux Etats-Unis, mais l’état de grâce des années 60 est bel et bien passé. 

Qui pourrait citer un autre titre que «Night in White Satin» ?? Peu de monde, je pense, alors prenez la première compilation qui vous tombe entre les mains et goûtez aux arpèges de Mike Pinder et à la flûte de Ray Thomas et n’oublions pas que les Moody Blues furent quand même les pionniers du rock symphonique et que les concepts du rock progressif leur doivent beaucoup.  




(Pochette originale offerte gracieusement par Claude Toon couvert de poussière après recherche dans sa collec')

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