AL DI MEOLA |
PACO DE LUCIA |
La réunion de ces trois musiciens ne pouvait donner que quelque chose hors du commun. Entre Al Di Meola et son style Jazz Fusion qui fera des albums d’excellente facture comme «Elegant Gypsy» et «Casino», John Mc Laughlin et son jazz rock, connu pour avoir joué avec le Mahavishnu Orchestra et sa collaboration avec Miles Davis, et Paco De Lucia qui à lui seul réunit les genres jazz fusion-rock, classique, et qui est en plus un virtuose du flamenco, va se jouer un duel à trois comme dans «le bon, la brute et le truand». Un truel !
JOHN MC LAUGHLIN |
Nous
sommes à San Francisco, une ville connue pour la prison d’Alcatraz, ses rues en
pente, sa contre culture, sa tolérance et l’émancipation des minorités, enfin le
Warfield Théâtre, une salle mythique qui
a vu passer plusieurs fois Bob Dylan et le Grateful Dead qui y étaientt des sociétaires. Les trois
plus grandes «Gâchettes» de la
guitare acoustique vont mettre leur virtuosité en commun pour enflammer le
vieux théâtre.
Paco de Lucia
est le moins à l’aise, il a beau être un virtuose du flamenco, le guitariste n’est
pas un habitué des joutes d’improvisations à la différence de ses deux compères
maîtres de la six cordes électrique et qui n'ont pas peur de changer de registre
avec des acoustiques. Et l’espagnol gardera un air crispé au début du concert
avant de se lâcher dans de tourbillonnants arpèges.
On
attaque avec «Mediterranean
Sundance/Rio Ancho». Les deux premiers à ouvrir les hostilités
seront Al Di Meola compositeur du morceau que
l’on trouve sur «Elegant
Gypsy» en 1977 et
son complice de longue date Paco de Lucia qui
participa aussi à l’enregistrement et à la composition du titre. Ce sera aussi
le plus long titre joué ce soir-là, 11 minutes 30 de notes qui se croisent et
s’entrecroisent à grand coup d’échanges et de solos.
«Short Tales Of
The Black Forest» Paco de Lucia
va faire refroidir ses doigts et laisser la place à John
Mc Laughlin pour ce titre d’Al Di Meola et de Chick Corea sur un album du premier nommé : «Land of the Midnight
Sun» sorti en 1976. Les deux
guitaristes vont même s’amuser à improviser sur le thème de la panthère rose et
à enchainer sur un rythme de blues pour ensuite raccrocher les wagons sur le titre
initial. Mc Laughlin et Al Di Meola s’entendent comme deux larrons en foire quand il s’agit
d’improvisations.
«Frevo Rasgado»
Al Di Meola laisse la place à Paco de Lucia pour un titre qui n’est pas de lui mais
du brésilien Egberto Gismonti un des
compositeurs les plus prolifiques de son pays. Et sur ce titre, tout le
talent de Paco de Lucia va ressortir en laissant
un public pantois, à croire même qu’à l’écoute, Mc
Laughlin était à la ramasse de temps à autre.
Enfin
les trois ensembles, et pas pour n’importe quel titre, mais pour la «Fantasia Suite»
ou les guitaristes se renvoient la balle dans un combat d’improvisations acharnées avec les rires des trois compères qui s’amusent comme des petits fous et avec un
final où les notes pleuvent en rafales sur un public conquis.
Ils
finiront le concert à trois avec «Guardian Angel» de John
Mc Laughlin avec encore et toujours une débauche de notes et une
dextérité des doigts qui pourrait faire rêver un mauvais rappeur ou un rigolo de la variété pour teenagers, l'un ou l'autre frustré de ne pas savoir jouer
d’un instrument (Et encore moins de ses
cordes vocales).
«Friday Night In
San Francisco» sera vendu à plusieurs millions d’exemplaires et
remettra la guitare acoustique sur le devant de la scène bien avant les
concerts «MTV Unplugged». Chaque
musicien a sa place sur le disque. Tout est notifié sur la pochette, Al Di Meola (Right
Channel), Paco de Lucia (Left Channel), John
Mc Laughlin (Middle Channel),
pour un confort d’écoute maximal.
Alors
si vous aimez la virtuosité, la guitare acoustique et des musiciens qui s’amusent
sur scène, ce disque est pour vous.
Un classique. Je me souviens qu'à l'époque c'était souvent le disque de chevet des gratteux qui t'en parlaient comme d'une claque monumentale, voire d'une révélation.
RépondreSupprimerJe pense que cette galette a eut une grosse influence sur une flopée de futurs shredders.
Sans être un grand spécialiste du flamenco ou du jazz-rock, je retiens qu'à l'écoute, Paco di Lucia écrabouille de sa classe les deux autres en termes de beauté et de qualité du son, que la virtuosité d'Al di Meola est assez ostentatoire -mais ça tourne vite e rond à mes oreilles- et que John MacLaughlin, un type que j'aime bien, est assez largué -et discret- dans ce contexte !
RépondreSupprimerUn très beau concert, quoi qu'il en soit !