mercredi 5 août 2015

Smokin' Joe KUBEK & Bnois KING "Fat man's Shine Parlor" (2015), by Bruno




     "Fat Man's Shine Parlor" était le nom d'un ancien établissement de Dallas, rescapé d'un quartier où l'activité pour les musiciens de Jazz et de Blues fut riche des années 20 aux années 50. Un lieu où l'on pouvait y boire un coup, mais aussi se faire cirer les chaussures, jouer de l'argent et chasser... les femmes (enfin chasser... c'était plutôt elles qui chassaient le client). Un lieu qui fascina un jeune Joe Kubek au point de le garder imprimer dans sa mémoire et d'utiliser le nom, des années plus tard, pour baptiser son 18ème disque.



     Retour chez le label Bling Pig, après une séparation de neuf ans pendant laquelle le binôme passera chez l'historique Alligator, Bird Records et le vivace Delta Groove. Mais rien de bien nouveau sous le soleil : Toujours cette recette de Blues-Rock Texan (la part Smokin' Joe) agrémenté de quelques impulsions héritées du Blues-Jazzy de New-Orleans (la part Bnois King). La voix velouté de Bnois King et sa guitare Jazzy apaisant les humeurs plus torrides de Smokin' Joe Kubek. La qualité est toujours au rendez-vous, néanmoins, la machine ne s'emballe plus. Il manque encore et toujours les étincelles qui faisaient l'attrait des disques de la période "Bulleyes" ; du bien nommé "Steppin' out Texas style" en 1991 à "Bite Me !" de 2000). 

Il est d'ailleurs communément admis que l'âge d'or, pratiquement une décennie, de ces deux sympathiques loustics correspond à leur période "Bulleyes Blues Records". Huit disques chez eux, et pas un seul à manquer. 

     Dès son départ de Bullseyes, le duo a mis de l'eau dans son vin. Enfin, c'est surtout Smokin' Joe qui a définitivement délaissé les plans et les phrasés hautement inflammables. Lui qui donnait une coloration peu ou prou Rock, faisant grimper le thermomètre en n'hésitant pas à utiliser des armes non-létales, mais redoutables (un véritable arsenal sous forme de torrides pédales d'effets). Depuis son départ de Bulleyes, il a préféré se recentrer sur des sonorités plus pures, plus traditionnelles, utilisant désormais ses effets avec parcimonie et un dosage nettement plus sage. Smokin' Joe Kubek ne fait guère plus d'étincelles, préférant désormais, généralement, une attaque plus douce. Il y avait bien eu un léger sursaut avec "Have Blues, Will Travel", mais on revient ici vers une certaine facilité. 

     Evidemment, toujours de bons moments en perspectives, malheureusement, il surnage une sensation de pilotage automatique. "Headed for Ruin" et le bon, mais conventionnel slow-blues "Done got caught Blues". 
L'écoute peut même parfois s'avérer difficile sur quelques pièces comme "Brown Bomba Mojo" ou "Cornbread" au riff pataud récurrent. Titres de remplissage ? Non, même pas, puisque "Cornbread" est fièrement présenté pour un premier clip. Bon, c'est amusant, mais le duo nous a tellement prouvé qu'il est capable de faire tellement mieux.

"Got my heart broken", "Crash and burn", "River of Whiskey", "How Much", "Lone Star lap dance", voire "Diamond Eyes", sauvent le disque du naufrage.  
Néanmoins, on ne peut pas reprocher à Joe et Bnois de ne pas faire l'effort de composer, plutôt que de faire appel à des reprises pour boucher les trous. Une pratique que l'on retrouve un peu trop souvent.

     Heureux celui qui découvre ce duo par ses réalisations récentes, pour finir plus tard par la crème, l'acmé que représente celle s'étendant sur les 90's.
Toutefois ma réserve est une chose, mais nombreux sont ceux qui ont plébiscité ce "Fat Man's Shine Parlor", le considérant même comme un digne renouveau. 
  1. Got my Heart Broken  -  3:30
  2. Cornbread  -  3:11
  3. Diamond Eyes  -  3:48
  4. Crash and Burn  -  3:34
  5. River of Whiskey  -  3:43
  6. Don't Want to be Alone  -  3:29
  7. Brown Bomba Mojo  -  4:50
  8. How Much  -  4:25
  9. One Girl by my Side  -  3:39
  10. Lone Star Lap Dance  -  3:44
  11. Done Got Caught Blues  -  5:14
  12. Headed for Ruin  -  4:40








Article paru initialement dans la revue BCR

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